(Le Parisien a écrit :Ultimatum à Crépy-en-Valois : les Sodimatex prêts à allumer la mèche
Les yeux rougis après une nuit de passée à occuper leur usine de moquettes pour automobiles, à Crépy-en-Valois (Oise), les Sodimatex restaient très déterminés vendredi matin. Depuis jeudi soir, ils menacent de faire sauter une citerne de gaz pour réclamer un meilleur plan social après la fermeture programmée de leur entreprise.
En tout début de journée vendredi, ils ont même installé une petite bonbonne de gaz agrémentée d'un dispositif incendiaire, sur le toit de l'usine, à l'aplomb de la grosse citerne de gaz, elle-même entourée de palettes prêtes à être enflammées.
Leur détermination reste donc totale, en attendant la table ronde qui doit se tenir dans la matinée, sous l'égide du préfet. Selon Bruno Fortier, adjoint au maire de Crépy, présent sur place, la table ronde à laquelle il devrait assister réunirait les avocats des deux parties (de l'employeur et du comité d'entreprise), six délégués du personnel et un conciliateur. Bernard Trèves, PDG du groupe Trèves, qui a racheté l'usine dans les années 1990, pourrait également être présent de même que la directrice des ressources humaines.
Certains salariés ont dormi à même les gros rouleaux de moquette, d'autres ont veillé tard sur quelques chaises à discuter de leur sort. La fermeture de l'usine, qui emploie 92 salariés, a été annoncée le 10 avril 2009. Depuis, les négociations sur le plan social entre la direction et les salariés ont échoué.
«On n'est pas des voyous»
Jeudi soir, les Sodimatex ont expliqué avoir installé des palettes autour de la citerne de gaz extérieure qui sert à alimenter leurs charriots élévateurs et se sont dits prêts à y mettre le feu pour la faire sauter. En désespoir de cause, cette citerne est devenue leur dernier moyen de pression pour tenter de négocier avec leur patron un plan social digne de ce nom.
«On n'est pas des voyous, on est des êtres humains. Fatigués, dépités, déprimés mais toujours motivés», lance François Heindryckx, 42 ans, dont 21 chez Sodimatex. Avec ses collègues, il repasse le film de cette journée de jeudi qui devait être «une petite grève symbolique» et s'est terminée en camp retranché.
Mardi, «on nous a envoyé un conciliateur qui a proposé une prime de 15 000 euros», explique son collègue Fabrice Bel, 32 ans dont 10 ans de maison. Pour les ouvriers de Crépy, pas question de partir avec moins que leurs collègues d'une autre usine Sodimatex, liquidée en 2006, qui avaient obtenu 21 000 euros en plus des indemnités légales.
«Ils ont envoyé les gendarmes mobiles»
«Ce qui a déclenché tout le bordel, c'est quand ils ont envoyé les gendarmes mobiles», lance Fabrice Bel. A la mi-journée, les salariés ont occupé le rond-point devant l'établissement, mais quand les gendarmes mobiles sont arrivés pour les dégager, ils se sont enfermés dans l'usine, barricadant l'entrée. Puis, ils ont menacé de faire sauter la citerne. Le patron des gendarmes de l'Oise, le colonel Ronan Le Floc'h s'est rendu sur place. La situation qui était particulièrement tendue s'est légèrement apaisée dans la soirée.
«Je pensais jamais en arriver à ce point-là», lâche Jean-François Nicol, qui comptait sur la relance du secteur équipementier pour élever bon an mal an ses trois enfants, dont le plus âgé a 11 ans.
Les Sodimatex ont commencé à avoir des soutiens et notamment celui, jeudi soir vers à 21 heures de Xavier Mathieu, leader charismatique des Continental, venu soutenir leur action. Un peu plus tôt dans la soirée, la mairie de Crépy-en-Valois avait ravitaillé les ouvriers en victuailles pour tenir toute la nuit. Vendredi matin, tous attendent et espèrent que la situation pourra évoluer positivement grâce à la table ronde.