les Sodimatex prêts à allumer la mèche

Message par Groza » 02 Avr 2010, 09:34

(Le Parisien a écrit :Ultimatum à Crépy-en-Valois : les Sodimatex prêts à allumer la mèche


Les yeux rougis après une nuit de passée à occuper leur usine de moquettes pour automobiles, à Crépy-en-Valois (Oise), les Sodimatex restaient très déterminés vendredi matin. Depuis jeudi soir, ils menacent de faire sauter une citerne de gaz pour réclamer un meilleur plan social après la fermeture programmée de leur entreprise.

 

En tout début de journée vendredi, ils ont même installé une petite bonbonne de gaz agrémentée d'un dispositif incendiaire, sur le toit de l'usine, à l'aplomb de la grosse citerne de gaz, elle-même entourée de palettes prêtes à être enflammées.

Leur détermination reste donc totale, en attendant la table ronde qui doit se tenir dans la matinée, sous l'égide du préfet. Selon Bruno Fortier, adjoint au maire de Crépy, présent sur place, la table ronde à laquelle il devrait assister réunirait les avocats des deux parties (de l'employeur et du comité d'entreprise), six délégués du personnel et un conciliateur. Bernard Trèves, PDG du groupe Trèves, qui a racheté l'usine dans les années 1990, pourrait également être présent de même que la directrice des ressources humaines.

Certains salariés ont dormi à même les gros rouleaux de moquette, d'autres ont veillé tard sur quelques chaises à discuter de leur sort. La fermeture de l'usine, qui emploie 92 salariés, a été annoncée le 10 avril 2009. Depuis, les négociations sur le plan social entre la direction et les salariés ont échoué.

«On n'est pas des voyous»

Jeudi soir, les Sodimatex ont expliqué avoir installé des palettes autour de la citerne de gaz extérieure qui sert à alimenter leurs charriots élévateurs et se sont dits prêts à y mettre le feu pour la faire sauter. En désespoir de cause, cette citerne est devenue leur dernier moyen de pression pour tenter de négocier avec leur patron un plan social digne de ce nom.

«On n'est pas des voyous, on est des êtres humains. Fatigués, dépités, déprimés mais toujours motivés», lance François Heindryckx, 42 ans, dont 21 chez Sodimatex. Avec ses collègues, il repasse le film de cette journée de jeudi qui devait être «une petite grève symbolique» et s'est terminée en camp retranché.

Mardi, «on nous a envoyé un conciliateur qui a proposé une prime de 15 000 euros», explique son collègue Fabrice Bel, 32 ans dont 10 ans de maison. Pour les ouvriers de Crépy, pas question de partir avec moins que leurs collègues d'une autre usine Sodimatex, liquidée en 2006, qui avaient obtenu 21 000 euros en plus des indemnités légales.

«Ils ont envoyé les gendarmes mobiles»

«Ce qui a déclenché tout le bordel, c'est quand ils ont envoyé les gendarmes mobiles», lance Fabrice Bel. A la mi-journée, les salariés ont occupé le rond-point devant l'établissement, mais quand les gendarmes mobiles sont arrivés pour les dégager, ils se sont enfermés dans l'usine, barricadant l'entrée. Puis, ils ont menacé de faire sauter la citerne. Le patron des gendarmes de l'Oise, le colonel Ronan Le Floc'h s'est rendu sur place. La situation qui était particulièrement tendue s'est légèrement apaisée dans la soirée.

«Je pensais jamais en arriver à ce point-là», lâche Jean-François Nicol, qui comptait sur la relance du secteur équipementier pour élever bon an mal an ses trois enfants, dont le plus âgé a 11 ans.

Les Sodimatex ont commencé à avoir des soutiens et notamment celui, jeudi soir vers à 21 heures de Xavier Mathieu, leader charismatique des Continental, venu soutenir leur action. Un peu plus tôt dans la soirée, la mairie de Crépy-en-Valois avait ravitaillé les ouvriers en victuailles pour tenir toute la nuit. Vendredi matin, tous attendent et espèrent que la situation pourra évoluer positivement grâce à la table ronde.
"Nous sommes de ceux [...] qui ne desserreront jamais les mâchoires sauf pour sortir les crocs"
Groza
 
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Message par Zorglub » 02 Avr 2010, 10:25

Nuisance et parasitisme vont de pair.
Après une usine dans la Marne et après avoir reçu 55 millions d'€ de subventions du fonds pour les pauvres équipementiers automobiles. Ah pauvre famille Trèves !

Après Lear, non loin de là, qui s'occupait aussi de sellerie pour PSA entre autres.

article Huma
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Message par titi » 02 Avr 2010, 16:59

communiqué de presse LO
a écrit :Lutte Ouvrière - 02/04/2010 15:55:00

Communiqué à propos des déclarations de Christian Estrosi (ministre de l'Industrie) à l'encontre des salariés de Sodimatex (groupe Trèves) à Crépy en Valois

Vendredi 2 avril à 13 heures dans un communiqué le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, attaquait violemment les salariés de l'usine Sodimatex à Crépy dans l'Oise en "condamnant avec la plus grande fermeté l'attitude inacceptable d'une minorité". C'est cette déclaration qui est "totalement inacceptable" de la part d'un ministre qui avec son gouvernement porte toute la responsabilité de ce qui est arrivé. Et c'est d'autant plus choquant que cela survenait au moment même où le préfet de l'Oise, conscient de ses fautes personnelles, avait enfin organisé à Crépy la réunion que les salariés demandaient depuis des mois, en vain.

Rappelons que depuis avril 2009 le groupe Trèves, qui venait de recevoir 55 millions d'euros d'argent frais de la part du gouvernement, a tenté de licencier en toute illégalité la centaine de salariés de cette usine sous-traitant de l'automobile. La justice a régulièrement condamné le groupe Trèves et annulé toutes les procédures engagées jusqu'à ce jour par Trèves à l'encontre des salariés de l'usine de Crépy. La cour d'appel d'Amiens vient de le faire encore une fois en janvier 2010. Qu'a fait le ministre, le gouvernement et les pouvoirs publics pour faire appliquer ces décisions judiciaires et défendre les salariés agressés par leur patron ? Rien. Le ministre du Travail, Eric Woerth est pourtant à un quart d'heure de voiture de Crépy.

Par contre, quand, désespérés de voir la justice leur donner raison et leur employeur les laisser depuis de semaines à l'abandon, menacés d'une déclaration de faillite, les salariés ont voulu manifester dans les rues de Crépy le 1er avril, là le préfet a immédiatement réagi en leur envoyant gardes mobiles et C.R.S. en masse, pour les matraquer, les gazer et les disperser. C'est cette agression brutale qui les a amenés à se réfugier dans l'usine en menaçant de la faire sauter.

L'indécence n'a-t-elle pas de bornes ? Après avoir remplit les poches de ce patron délinquant avec l'argent public, faut-il que le ministre s'en fasse l'homme de main ? Il est temps que justice soit rendue aux salariés de Sodimatex-Trèves et que leurs modestes revendications soient au moins satisfaites.
titi
 
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Message par ZwichenStreik » 03 Avr 2010, 01:21

Vu de loin, je préfère de loin ce dernier communiqué à ce texte écrit il y a 4 mois (et qui est en ligne ici.)
a écrit :Mais ce qui est aussi caractéristique de la situation, c’est la démoralisation profonde de la majorité des travailleurs, qui sont parfaitement conscients que le gouvernement ne défend que les seuls intérêts des riches, mais qui ne voient pas comment on pourrait inverser le rapport de forces.
L’existence de quelques luttes radicales, menées par des travailleurs menacés de licenciements qui, le dos au mur, essaient d’obtenir de partir dans les moins mauvaises conditions possibles, ne doit pas faire illusion. D’autant que bien souvent il s’agit d’une pseudo-radicalité, qui s’exprime par des menaces n’allant pas jusqu’à exécution comme par exemple de faire sauter un engin réalisé avec des bouteilles de gaz… dont on nous dit après qu’il était factice, ou de déverser des produits toxiques dans une rivière.

Pour que leurs revendications soient satisfaites, et celles de tous les salariés menacés de licenciements, il faut que les uns se joignent aux autres dans une bataille plus large !
ZwichenStreik
 
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Message par lucifer » 03 Avr 2010, 07:52

(ZwichenStreik @ samedi 3 avril 2010 à 02:21 a écrit : Vu de loin, je préfère de loin ce dernier communiqué à ce texte écrit il y a 4 mois (et qui est en ligne ici.)
a écrit :Mais ce qui est aussi caractéristique de la situation, c’est la démoralisation profonde de la majorité des travailleurs, qui sont parfaitement conscients que le gouvernement ne défend que les seuls intérêts des riches, mais qui ne voient pas comment on pourrait inverser le rapport de forces.
L’existence de quelques luttes radicales, menées par des travailleurs menacés de licenciements qui, le dos au mur, essaient d’obtenir de partir dans les moins mauvaises conditions possibles, ne doit pas faire illusion. D’autant que bien souvent il s’agit d’une pseudo-radicalité, qui s’exprime par des menaces n’allant pas jusqu’à exécution comme par exemple de faire sauter un engin réalisé avec des bouteilles de gaz… dont on nous dit après qu’il était factice, ou de déverser des produits toxiques dans une rivière.

Pour que leurs revendications soient satisfaites, et celles de tous les salariés menacés de licenciements, il faut que les uns se joignent aux autres dans une bataille plus large !

Il n'y a pas lieu d'opposer ces deux articles,a quatre mois d'interval le contexte évolu,et l'attittude des travailleurs concernés également.

Souligner que,face au gouvernement et au Médef,mobilisés et en ordre de bataille a l'échelle du pays(ministres,préfets,forces de police,médias aux ordres,etc....)des travailleurs isolés,entreprises par entreprises,n'ont pas un rapport de force favorable et qu'il faut l'unité,en 1er de l'ensemble des boites concernées,et sur cette base de tous les travailleurs du pays.Et que les confédées vont dans l'autre sens en disant amen autour d'un tapis vert.C'est nécéssaire.

Prendre une position claire de soutien a des travailleurs qui se radicalisent,et dénoncer la répression qu'ils ont subi,est une autre chose évidente.

Deux articles a quatre mois d'interval,qui traitent d'une situation qui a évoluée,et concernent des travailleurs qui eux aussi ont évolués,passant de la résignation a la colere.Deux articles donc,non pas contradictoirs mais complémentaires.

PS:ZwichenStreick,stp,c'est quoi"l'étincelle de LO",c'est des potes a "l'étincelle du NPA" :33: ?
lucifer
 
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Message par pelon » 03 Avr 2010, 10:15

D'accord pour l'essentiel avec lucifer. De plus, le premier texte est extrait d'un rapport au congrès de LO qui fait le point sur la situation dans les entreprises et en particulier sur les conflits où les travailleurs avaient réagi. Une analyse générale sur l'année 2009.
Dans l'article d'actualité de l'hebdo sur Sodimatex nous avons principalement à soutenir les travailleurs, à défaut d'être présent dans l'entreprise et d'y avoir proposé une autre politique, et surtout pas à les critiquer dans la situation où ils se trouvent actuellement. Cela devrait paraître évident. Il y a un temps pour tout.
pelon
 
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Message par meichler » 03 Avr 2010, 11:54

a écrit :
Les salariés de Sodimatex suspendent leurs menaces pour négocier

LEMONDE.FR avec AFP | 03.04.10 | 08h21  •  Mis à jour le 03.04.10 | 08h40


Un accord de méthode a été conclu entre les salariés de Sodimatex à Crépy-en-Valois (Oise) et la direction du groupe Trèves, a annoncé dans la nuit de vendredi à samedi le préfet de l'Oise. Après avoir quitté très en colère la table des négociations peu avant 20 heures, les salariés avaient décidé de reprendre les discussions vers 22 heures pour tenter de trouver un accord améliorant les conditions de départ des 92 salariés du site, dont la fermeture est programmée depuis un an.


Les syndicats se sont engagés à "désamorcer" la citerne de gaz qu'ils menaçaient d'incendier et de faire exploser, en échange de "garanties" sur le bon déroulement des négociations avec la direction, notamment sur les primes extra-légales de départ qu'ils réclament. Dès mercredi, ils se réuniront pour négocier avec la direction, en sous-préfecture de Senlis (Oise).

"Le protocole d'accord est signé, le processus de conciliation redémarre et les menaces contre l'entreprise cessent", a annoncé sur le perron de la mairie devant la presse, le préfet de l'Oise Nicolas Desforges, qui a présidé la réunion de négociations jusque tard dans la nuit. "Ce n'est pas fini, a toutefois prévenu Patrick Testar (CFDT), porte-parole de l'intersyndicale. Si mercredi on n'arrive pas à des avancées positives, on a bien précisé à notre préfet qu'on débranche juste le détonateur, c'est tout". Des conditions "loyales" de négociations ont été trouvées, selon l'avocate des salariés, Me Caroline Substelny. Mais "il n'y a pas de négociations sur les montants pour le moment" a toutefois souligné l'avocat de la direction, Me François Farmine, qui indique en creux que si "le fil du dialogue" a repris, beaucoup reste à faire.

Les salariés menaçaient depuis jeudi de mettre le feu à une citerne de gaz qui risquait de faire exploser l'usine. Ils avaient disposé vendredi matin, des cocktails Molotov autour de cette citerne de près de cinq mètres de long, dont le gaz sert à approvisionner les chariots élévateurs. Ils réclament notamment une prime extra-légale de licenciement de 21 000 euros, semblable à ce qu'avaient touché leurs collègues d'une autre usine Sodimatex fermée en 2006.

Deux commissaires aux comptes, un désigné par la direction et l'autre par le comité d'entreprise, doivent éplucher les comptes du groupe et se prononcer sur les demandes des salariés en matière d'indemnités de départ, a indiqué Hervé Mallet (FO), de l'intersyndicale. Un conciliateur recueillera les avis de ces deux commissaires et rendra ses conclusions que l'Etat s'est "engagé à favoriser", selon Hervé Mallet.
«Ni rire ni pleurer, comprendre.»

(Baruch SPINOZA)
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