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Message Publié : 26 Sep 2003, 20:43
par ravine chien
L'irréductible gréviste ( un article de "Sud-Ouest" du 18 septembre...)

La paix sociale semble revenue sur le monde enseignant. Les professeurs, pions, techniciens ont rejoint leurs postes. Tous ? Non ! Comme dans l'introduction des aventures d'Astérix, il existe un point de résistance. Un irréductible Béarnais : Jean-Louis Lassalle, 57 ans, dont 38 de carrière d'instituteur, de prof multicarte (statut PEGC), de capétien d'anglais avec six ans en zone sensible de région parisienne et une admissibilité à l'agrégation.
Depuis le 5 septembre, ce prof a repris la grève, dans le cadre légal du préavis national déposé par son syndicat, le SNES. Elu représentant du personnel, depuis 4 ans, il siège à la commission technique paritaire. En dehors de la carte scolaire, cette instance traite des cas des personnels de l'Education nationale : notations, mutations, discipline...
Jean-Louis Lassalle a maintes bonnes raisons de reprendre le mouvement de grève qu'il avait suivi au printemps. « C'est un acte symbolique. Je continue à protester pour les retraites, contre la décentralisation, la disparition des surveillants, le démantèlement du service public d'Education nationale... Je n'accepte pas la suppression brutale du congès de fin d'activité sans aucune mesure transitoire. J'aurai pu en bénéficier ». Ce qui irrite le plus Jean-Louis Lassalle et motive son combat solitaire : « Les renseignements trompeurs, par omission, donnés par le Rectorat de Bordeaux pour les mutations, le non respect des barèmes pour les affectations de postes, le tri des précaires visant à pénaliser les contractuels ou les maîtres auxiliaires qui ont fait grève ».
Jean-Louis Lassalle, qui a commencé sa carrière en multipliant la plupart des expériences précaires possibles dans l'enseignement (instituteur auxiliaire, lecteur d'anglais, titulaire remplaçant...), place sa lutte dans la défense des vacataires, contractuels ou auxiliaires divers... Quatre ou cinq cas le « minent ». Tel celui de cette ex-maître auxiliaire, reçue au Capes, qui est cette année « stagiaire ». « Avec ce statut, elle va effectuer un service complet dans un établissement et doit partir le jeudi toute la journée à Bordeaux pour sa formation. Et ce, parce qu'elle était maître auxiliaire. Les autres stagiaires n'ont pas cette contrainte. C'est injuste ».
Inéquité dénoncée aussi dans le non respect des barèmes à l'ancienneté adoptés en principe pour les contractuels. « Ceux qui ont fait grève se voient proposer des demi-services à 80 km de leur domicile. Et surtout, ils se font doubler sur les postes à plein temps par des nouveaux venus dans ce statut. Le pire pour eux, c'est que ceux qui refusent une affectation sont considérés comme démissionnaires et risquent de se voir refuser les indemnisations Assedic ».
Jean-Louis Lassalle se bat pour ces quatre ou cinq cas « d'école » qui le révoltent. « J'ai dit au Rectorat que je cesserais ma grève si ces situations sont résolues ». La directrice du ressources humaines, avec qui il a conversé hier après-midi, lui a indiqué que le Rectorat avait pris conscience du problème. « J'ai tellement entendu de promesses que j'attends de voir. Je reprendrais le travail si ces injustices-là cessent, mais pour le reste, le fond du mécontentement demeure et si les collègues étaient prêts à repartir... Disons que je suis la veilleuse dans la chaudière ».