a écrit :La Réunion: Le Chaudron dans le noir, des barrages installés par les émeutiers
AFP
Des barrages enflammés installés par des bandes de jeunes ont été érigés jeudi en début de soirée sur l'île de la Réunion dans plusieurs rues du Chaudron, plongé dans le noir, où les forces de l'ordre sont présentes, selon les habitants du quartier.
Les barrages, constitués de pierres et de poubelles auxquels les manifestants ont mis le feu, sont visibles dans plusieurs rues. Tout le quartier est plongé dans le noir en l'absence d'éclairage public.
Selon un responsable de la mairie de Saint-Denis, il ne s'agit pas d'une action volontaire de la municipalité, indiquant que des réparations sont en cours.
A 20H30 locales (17H30 à Paris), des groupes de jeunes et des badauds se sont placés à proximité de la grande surface Jumbo Score, principale cible des casseurs mardi et mercredi, devant laquelle policiers ont pris position.
Les forces de l'ordre ont investi en nombre le quartier et sont présentes partout contrairement aux nuits précédentes, selon des riverains. Aucun incident grave n'a encore été signalé. Un escadron de gendarmes mobiles venu en renfort de métropole est arrivé dans la matinée dans l'île.
Le préfet de la Réunion, Michel Lalande, et les élus de l'île ont lancé en fin d'après-midi un appel au calme. "Je demande à la population, à tous les adultes, à tous les parents, de rester à l'écart des lieux de ces exactions", a dit M. Lalande.
Les violences urbaines à La Réunion se sont étendues la nuit dernière, lors d'une deuxième nuit d'affrontements entre des centaines de jeunes et les forces de l'ordre, qui ont fait quatre blessés. A l'origine de la contestation figure notamment le coût, jugé élevé, du carburant sur l'île.
(Lutte Ouvrière n°2273 du 24 février 2012 a écrit :
Ile de la Réunion - Explosion de colère contre la vie chère
Dans la nuit du 21 au 22 février, des émeutes ont éclaté dans plusieurs villes de l'île de la Réunion, concluant une agitation initiée par une partie du patronat réunionnais.
Face à la hausse des prix des produits pétroliers, les patrons transporteurs de l'île avaient en effet décidé de bloquer les routes pour obtenir une baisse du prix du gazole de 25 centimes par litre. Pour l'heure, sous l'arbitrage du préfet, le Conseil général leur a accordé, ainsi qu'aux artisans, aux commerçants et aux agriculteurs, un gazole dit « professionnel » à un prix préférentiel mais encore trop cher. Après avoir lancé leur mouvement et afin de gagner l'appui de la population, les transporteurs ont déclaré revendiquer la baisse pour tous les consommateurs. Ils ont été entendus, mais certainement pas comme ils l'auraient voulu.
Mardi 21 février, dans la ville du Port, leurs camions ont bloqué l'accès à la Société réunionnaise des produits pétroliers, filiale de Shell et Total, pour exiger la baisse de 25 centimes. Mais ils n'étaient pas seuls, deux cents habitants étaient également présents, demandant que la baisse concerne toute la population et soit étendue à des produits de première nécessité.
Face à cette situation, le dirigeant du syndicat des routiers a estimé préférable que les camions libèrent les lieux, au prétexte que le préfet acceptait une nouvelle rencontre le vendredi 24 février. Mais les habitants du Port, qui n'arrivent plus à faire face au coût de la vie qui explose alors que les revenus sont bloqués, n'entendaient pas partir, ont traité de tous les noms le dirigeant du syndicat patronal et bloqué les camions.
Plus tard dans la nuit, la colère s'est répandue non seulement au Port mais dans le quartier du Chaudron à Saint-Denis où des groupes s'en sont pris à de grands magasins, montrant par là l'exaspération d'une grande partie de la population pauvre, exploitée par le patronat local et national, condamnée au chômage et saignée au porte-monnaie par les capitalistes de l'import-export.
Si les patrons transporteurs sont prêts à composer avec la préfecture parce qu'ils ont d'ores et déjà obtenu des prix plus bas pour le gazole, la population pauvre de la Réunion estime à juste titre que rien n'a été fait pour elle et commence à se manifester pour son propre compte.
Émile GRONDIN