Justice de classe contre les ex-travailleurs de Goodyear

Re: Justice de classe contre les ex-travailleurs de Goodyear

Message par Zorglub » 21 Oct 2016, 19:47

Il était venu avec d'autres Goodyear à un banquet organisé par les ouvriers de Continental, il y a quelques années. Il semble très fidèle à la ligne de la CGT. Et il était assez gonflé pour donner des leçons, disant en substance que se battre pour des primes de départ, c'était capitulé. Qu'il fallait se battre pour le maintien des emplois, de l'usine... C'est passé relativement à la trappe, entre deux merguez, mais il donnait clairement l'avis de la confédération.
Je ne sais dans quelle mesure, le combat des Goodyear a fait perdurer les emplois. Cela a duré quatre ans, si mes souvenirs sont bons. Mais donner des leçons aux autres en lutte, dans un autre contexte, alors que lui semble avoir bénéficié de l'appareil, ce qui n'est pas le cas de ceux de Continental. Grande gueule mais bureaucrate...
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Re: Justice de classe contre les ex-travailleurs de Goodyear

Message par satanas 1 » 21 Oct 2016, 20:00

spartacre a écrit :sectarisme incompréhensible .. reproche-t-il a Jean Pierre Mercier de ne pas s être' battu contre la fermeture de Aulnay ?

Pas si incompréhensible que ça puisque M.Wamen, au delà de l'engagement syndical, est aussi membre du PCF, poulain de Gremetz. Qu'il ne porte pas les militants de LO dans son coeur n'a rien de très surprenant.
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Re: Justice de classe contre les ex-travailleurs de Goodyear

Message par Ian » 21 Oct 2016, 20:03

Wamen a plein de défauts, mais dire qu'il est dans la ligne de la confédé ou que c'est un bureaucrate, ça me paraît assez éloigné de la réalité. A ma connaissance il est sur la ligne Gremetz, cad stal oppositionnel pour aller vite.

Quant au fait qu'il faut se battre pour le maintien des emplois et non pour des primes de départ, je ne crois pas que ce soit la ligne de la confédé (bien au contraire!!), mais c'est par contre la dure réalité, d'autant plus dans des zones sinistrées sans perspectives de reconversions individuelles...
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Re: Justice de classe contre les ex-travailleurs de Goodyear

Message par ulm » 22 Oct 2016, 03:45

En fait il est en bisbille avec la fédération chimie pour avoir refuser l'offre de titan patron voyou américain. La sauvegarde des emplois industriels a brouillé wamen avec la direction de la cgt et a priori le rapprochement avec Melanchon récemment ressemble à une lune de miel. rien d'illogique donc à son attitude anti LO
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Re: Justice de classe contre les ex-travailleurs de Goodyear

Message par artza » 22 Oct 2016, 10:36

Le sujet n'est pas les sentiments de Wamen pour LO mais la dénonciation d'une justice de classe et la solidarité de classe elle aussi avec les condamnés par cette justice.

https://www.lutte-ouvriere.org/multimedia/interventions-tv-et-radio/nathalie-arthaud-la-manifestation-de-soutien-aux-travailleurs-de-goodyear-71692.html
artza
 
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Re: Justice de classe contre les ex-travailleurs de Goodyear

Message par Plestin » 22 Oct 2016, 15:07

L'attitude de Wamen est une chose, mais les sentiments des centaines de travailleurs de Goodyear Amiens, et ceux de tous les travailleurs conscients qui suivent les événements liés au procès des Goodyear, en sont une autre. LO se doit d'être présente dans ces moments-là et d'exprimer sa solidarité avec les travailleurs condamnés, évidemment ! (On ne va pas boycotter ça parce que Wamen n'aime pas LO !) Et c'est notre façon de nous adresser aux travailleurs qui est le plus important. Et on s'exprimerait de la même manière si à la place de Wamen on avait un bureaucrate bon teint sur le modèle habituel moins combatif que Wamen. Face au patronat, à l'Etat et à sa "justice", il faut être avec les travailleurs de Goodyear (et les autres) quels que soient les représentants qu'ils se soient choisis (ou se soient laissés imposer, selon les cas).

Par contre, cette histoire de politique à mener en cas d'annonce de fermeture d'usine, il faut en discuter aussi, car ça devient un thème anti-LO un peu récurrent dans les milieux syndicalistes (CGT notamment) ou du PCF, et d'ailleurs on le retrouve aussi dans les critiques d'une partie du NPA vis-à-vis de LO. Exemple : dans un article du 30 mai 2015, sur le site "Révolution permanente - site d'information du Courant Communiste Révolutionnaire du NPA", article consacré au débat LO-NPA à la fête de Presles, on peut lire sous la plume de Daniela Cobet : "Car derrière l'apparente orthodoxie de Lutte ouvrière, il y a bien aussi des choses tout à fait critiquables. Certaines ont été pointées par les représentants du NPA, telle que la participation de Lutte Ouvrière à des listes communes avec le Parti Socialiste en 2008. D'autres ne l'ont pas été, comme le manque de critique de l'organisation de Nathalie Arthaud par rapport aux directions syndicales ou encore son adaptation au programme des indemnités de départ dans le cadre des luttes contre les fermetures d'usines où Lutte ouvrière a pu se trouver en position dirigeante".

On peut voir aussi cela dans certaines entreprises où la CGT lutte pour le "maintien d'un outil industriel en France", avec une politique nationaliste, et peut se permettre le luxe de critiquer les militants locaux de LO qui refusent d'entonner les mêmes trompettes, en faisant croire que lutter pour de meilleures indemnités, c'est finalement s'aligner sur la position de la CFDT qui choisit en général cette attitude-là comme moyen d'entériner ce qui est le plus important pour le patron : que l'usine ferme quand même, même si cela doit avoir un coût un peu plus élevé à cause de la réaction des travailleurs. Cet argument est d'autant plus utilisé si, pour des raisons historiques, les militants de LO sont dans un autre syndicat que la CGT (ce qui devient toutefois de moins en moins fréquent).

Ce n'est pas un sujet si facile et les camarades qui se retrouvent au coeur de ce genre de situation ne sont pas toujours en position confortable, car cela mérite beaucoup de discussions et d'explications, or il n'est pas possible de discuter et d'expliquer à tout le monde...

... d'expliquer à tout le monde que notre politique, ce n'est ni de lutter pour le maintien de l'usine, ni de lutter pour de meilleures indemnités, mais c'est d'essayer de donner aux travailleurs eux-mêmes la possibilité de mener la lutte qu'ils souhaitent, d'une façon qui leur permette de faire progresser leur niveau de conscience. Et qu'il vaut mieux une bonne lutte pour de meilleures indemnités entraînant tous les travailleurs, qu'une lutte pour empêcher l'usine de fermer qui entraînerait peu de monde et ne gagnerait finalement pas davantage.

D'ailleurs, la question s'est posée à l'occasion de la fermeture de PSA Aulnay, lorsqu'il a été clair que pour empêcher vraiment la fermeture de l'usine, il aurait fallu un rapport de forces autrement plus favorable c'est-à-dire, un mouvement de grève qui entraîne les autres usines du groupe. Là effectivement d'autres choses auraient peut-être été possibles. Des tentatives ont eu lieu, pour entraîner d'autres sites, comme Saint-Ouen. Mais, avec seulement - et c'est déjà bien - une grosse minorité de travailleurs d'Aulnay en grève, et un comité de grève, il a été possible de faire quelque chose d'extraordinaire, de transformer cette grève en véritable école de la lutte et de faire prendre en charge leur mouvement par les travailleurs eux-mêmes, qu'ils soient syndiqués ou non. Et c'est un vrai acquis du mouvement, même si l'usine a fermé.

C'est un peu la même chose autour de la lutte des Continental. Ce n'était pas évident (un camarade s'était fait auparavant virer) et le camarade Roland Szpirko retraité de feu l'usine Chausson Creil a beaucoup aidé les gars à s'organiser. Il y avait Xavier Mathieu qui a été influencé par LO mais n'était pas à LO. Mais il y a eu toute une lutte, au départ isolée et qui s'est focalisée sur la question des indemnités, mais a réuni énormément de travailleurs à chaque rassemblement ou manifestation, et a construit des liens de solidarité avec les autres sites du groupe en France mais aussi en Allemagne où les travailleurs français et allemands ont manifesté côte à côte.

Alors, lutter contre les fermetures d'usines, oui bien sûr lorsque le rapport de forces le rend possible. Car une usine qui ferme, c'est plus de chômage, plus de misère, et moins de boulot à l'avenir pour "nos" enfants. Bien sûr qu'il vaudrait mieux pouvoir empêcher une fermeture, que de simplement obtenir de meilleures indemnités pour partir. Mais ce n'est pas toujours possible, et ça l'est même rarement. Les militants se doivent d'évoquer cette possibilité tout au long du mouvement, mais l'essentiel, c'est que les travailleurs puissent choisir pour quoi ils sont prêts à se battre, et décider eux-mêmes...

Quant à l'attitude de la direction de la CGT vis-à-vis de ces mêmes sujets, il est assez clair. Malgré les désaccords entre Wamen et la confédération, ils mènent en gros la même politique qui consiste à vouloir défendre l'outil industriel en France. La fédération CGT de la Chimie (la FNIC) qui est beaucoup plus combative en paroles et quand même un peu aussi en actes que la confédé (souvenons-nous du mouvement dans les raffineries de pétrole et la pétrochimie pendant les luttes contre la loi El Khomri par exemple) est elle aussi sur la même position. Cette même fédé est disparate et accueille en son sein des militants d'origines variées, et ses dirigeants actuels sont d'un courant minoritaire "rouge" du PCF. Elle peut très bien laisser tranquilles des militants de LO dans certaines entreprises, voire les laisser prendre certaines responsabilités locales (le manque de volontaires aidant), ou tenter de barrer la route à d'autres. Dans les entreprises qui en dépendent, il peut y avoir des "bastions" combatifs avec des militants CGT qui se réclament du Front de Gauche et sont en désaccord avec la direction de la fédé sur d'autres sujets. Il peut y avoir des militants du NPA (ex. : Christine Poupin travaille dans une entreprise d'engrais près de Rouen) et des militants de LO. Par contre, la fédé a elle-même toujours exprimé publiquement sa solidarité, aussi bien avec les travailleurs de Goodyear qu'avec ceux de Continental, malgré les quelques heurts qu'elle a pu avoir avec les seconds (et les divergences sur la façon de lutter), et cela reste tout à son honneur. Soit qu'il y ait derrière un vrai sentiment de solidarité de classe (c'est sans doute le cas pour quelques-uns des responsables de la fédé), soit qu'il y ait simplement de l'intelligence et de l'habileté (pour d'autres).
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Re: Justice de classe contre les ex-travailleurs de Goodyear

Message par com_71 » 22 Oct 2016, 17:58

Ca me rappelle SKF à Ivry, dans les années 80. Le groupe, suédois, avait décidé de fermer. Le PCF et la CGT, hégémoniques dans l'entreprise et autour, avaient relevé le défi. 3 ans d'"occupation" de l'entreprise, avec des hauts et des des bas. Ivry transformé en un énorme panneau de collage d'affiches nationalistes ("produisons français" ou "vivre et travailler au pays" ?). Pour finir, un fort Chabrol d'une poignée d'ouvriers ou de syndicalistes, gardiennant les machines dans une usine déserte, virtuellement fermée. Ils avaient même creusé une tranchée devant l'entrée. Le gros des travailleurs étaient partis un par un. Quoi de plus démoralisant ?

http://www.persee.fr/doc/genes_1155-321 ... _28_1_1465
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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