Les victimes : un technicien expérimenté et un jeune travailleur de 25 ans. Et aussi un blessé et 8 psychiquement traumatisés.
Le petit monde politicien local s'agite et se déchire autour de la question, EELV questionne l'existence même du site et trouve que la vocation de Dieppe devrait être au tourisme et pas à l'industrie... Il faut dire que l'usine est dans le port de commerce, lui-même en plein centre ville. Le PCF (le maire Nicolas Langlois et le député Sébastien Jumel) réclame des garanties quant à l'avenir du site et des salariés... Mais on se souvient que Sébastien Jumel avait caressé un projet d'implantation d'une usine d'engrais azotés du groupe russe Uralchem dans ce même port de commerce, un projet absurde du point de vue de la sécurité des riverains, beaucoup plus dangereux que Saipol et qui avait fini par être abandonné malgré les 55 emplois promis.
La région et le ministre, eux, promettent de soutenir la filière industrielle du biodiesel (un peu secouée en ce moment par le retournement de tendance sur le diesel et par des importations à bas coûts d'Argentine) :
Extrait de Paris Normandie.fr :
à disposition de Saipol « pour réunir les acteurs économiques locaux afin d’étudier toutes les solutions pour poursuivre son activité économique », la Région a elle aussi répondu présent ; le ministre Stéphane Travert, avant même sa visite à Dieppe, assurait « les responsables publics du soutien de l’ensemble du gouvernement et de l’attention portée aux conséquences de ce drame pour les familles, l’entreprise et la filière française de biocarburant ».
Voici l'article en entier. A Dieppe, l'habitude de désigner les habitants par le nom de leur quartier semble fréquente, l'article parle des "Polletais", il s'agit des habitants du quartier du Pollet où se trouve l'usine (dans le journal municipal que j'avais posté plus haut, un article parlait de "l'ouvrier janvalais" à propos de l'opérateur d'extraction, parce qu'il habitait le quartier de Janval) :
Drame de l’usine Saipol à Dieppe : le jour d’après
Anne-Sophie Groué
| Publié 18/02/2018 21:15
| Mise à jour 18/02/2018 21:28
Drame de l’usine Saipol à Dieppe : le jour d’après
Les Polletais ont senti le sol et les murs trembler, les Dieppois ont scruté
le panache de fumée noire...
Fait divers. Au lendemain du terrible incendie qui a causé la mort de deux techniciens à l’usine Saipol du Pollet, Dieppe commence à faire son deuil et à réfléchir à l’avenir du site.
Comment rassurer après le drame ?
« Le site n’est pas classé Seveso mais juste soumis à autorisation administrative d’exploitation et régulièrement contrôlé par la Dreal », a commenté le sous-préfet Jehan-Éric Winckler, qui a indiqué également, « après passage d’une société d’exploitation des réseaux », que l’accident n’avait causé aucune pollution de l’eau. Une affirmation réitérée hier par le ministre Stéphane Travert, qui s’est rendu sur le site : « Aucune pollution atmopshérique ou des eaux n’est intervenue. »
Reste que pour Frédéric Weisz, élu municipal EELV, « l’enquête qui sera diligentée pour connaître les circonstances exactes de l’accident devra notamment établir si les rejets de solvant et de sulfure d’hydrogène, largement répandus au cours de l’incendie, n’ont eu et n’auront aucune incidence sur la santé des riverains. L’enquête devra aussi indiquer si le maintien du site à proximité de zones d’habitations est encore possible. Les élus écologistes travailleront à faire en sorte que toutes les conséquences sur cet accident dramatique soient tirées. Ils solliciteront les associations environnementales pour qu’elles se portent partie civile dans ce dossier et réitèrent leur soutien aux familles des victimes ». Jolanta Avril, elle aussi élue écolo au conseil municipal de Dieppe, relève à son tour : « Nous avons encore très présents à l’esprit, les souvenirs atroces d’explosion de l’usine AZF à Toulouse en 2001. La question se pose : faut-il soutenir des projets industriels comme Saipol, Uralchem, etc. dans les centres-villes ou aller plutôt vers le développement durable et touristique ? »
De son côté, le maire de Dieppe, Nicolas Langlois, faisait distribuer dès samedi soir une lettre dans les boîtes aux lettres du Pollet : « Vous êtes habitués à vivre aux côtés d’une activité industrielle qui fait vivre 40 salariés et leurs familles. L’installation est scrupuleusement et régulièrement contrôlée. Toutefois, cet accident dramatique nous a tous éprouvés. C’est pourquoi je vous convie à échanger demain soir dimanche, à 17 h à l’école maternelle Vauquelin. » Le député Sébastien Jumel indiquait, lui : « On ne peut pas laisser dire que c’était une bombe à retardement. Il ne faut pas nourrir la psychose autour de la présence d’une usine, qui génère forcément un risque. »
Rassurer ne sera pas une mince affaire, après le drame de Saipol...
Dieppe s’est réveillée groggy, dimanche matin, au lendemain de l’explosion et de l’incendie à l’usine Saipol du Pollet, lors d’une intervention de maintenance réalisée par deux personnes d’une entreprise sous-traitante de Grand-Couronne, la SNAD. L’accident a causé la mort de ce binôme, a fait un blessé léger et huit choqués (lire notre édition d’hier dimanche)... Comment réagir, le jour d’après ?
Se recueillir
Encore sous le coup de l’émotion, les riverains du site scrutent, hagards ou incrédules, la tour encore fumante. Certains ont pris leurs clics et leurs clacs et ont quitté leur domicile pour le week-end, d’autres au contraire tiennent à rester chez eux. En se serrant les coudes.
Le député Sébastien Jumel, sur place dès midi, insistait sur sa présence empreinte « de tristesse aux côtés des familles, de solidarité aux côtés des salariés ». Le maire Nicolas Langlois appuyait : « Il s’agit là d’un drame humain : deux techniciens sont décédés. Toutes nos pensées vont à ces victimes, leurs familles et leurs proches. » Le président de l’Agglo Patrick Boulier soulignait sa « solidarité aux familles, aux proches des victimes et aux employés de l’usine ». Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, reçu hier dimanche à Dieppe (lire par ailleurs), a fait part, dès samedi soir, de « sa grande tristesse, de sa compassion et de son entière solidarité aux salariés et responsables de l’entreprise ».
Un communiqué du groupe Avril, auquel appartient Saipol, témoignait : « La direction de l’usine et les équipes présentes sur place sont profondément choquées et attristées par cette terrible nouvelle. Nos pensées vont aux familles. » C’est aussi par un communiqué que la Région « adresse ses condoléances aux familles et aux entreprises endeuillées et apporte son soutien plein et entier aux Dieppois ».
Accompagner
Le président de Région, Hervé Morin, fera observer une minute de silence en mémoire des victimes, ce lundi lors de l’assemblée régionale à Caen ; le président de l’agglomération Dieppe-Maritime fera de même mardi au conseil communautaire.
De même, Jean-Philippe Puig, président du groupe Avril auquel appartient Saipol, a annoncé, hier dimanche en aparté de l’intervention du ministre, qu’il serait présent ce lundi matin à l’usine pour rencontrer les salariés et échanger avec eux. « Pour l’instant on doit accompagner notre personnel et comprendre ce qui s’est passé. »
Tous les acteurs présents samedi ont assuré de leur soutien à l’entreprise et à ses salariés : le maire « vigilant sur l’avenir du site », le député (qui a contacté les cabinets des ministres de l’Agriculture et de l’Économie le jour-même) ; la préfecture (et par son biais « la Dreal, la Direccte, la DDTM et l’ARS, pleinement mobilisés auprès de l’exploitant et ses salariés »), tandis que la préfète prenait un arrêté notifiant à l’exploitant les mesures d’urgence à prendre (« Gardiennage, surveillance, purge des circuits, etc. ») ; à disposition de Saipol « pour réunir les acteurs économiques locaux afin d’étudier toutes les solutions pour poursuivre son activité économique », la Région a elle aussi répondu présent ; le ministre Stéphane Travert, avant même sa visite à Dieppe, assurait « les responsables publics du soutien de l’ensemble du gouvernement et de l’attention portée aux conséquences de ce drame pour les familles, l’entreprise et la filière française de biocarburant ».
Le dispositif de Cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP), préconisé par la préfète de Région et installé à l’hôpital de Dieppe dès le tout début d’après-midi de samedi à destination des victimes, des salariés de Saipol et de leurs familles, doit rester en place jusqu’à ce lundi matin.
Riverain du site, Robert, 86 ans, avait du mal à rentrer chez lui, samedi : « J’ai travaillé pendant trente-six ans chez Saipol, à l’expédition des huiles, aux produits spéciaux pour la peinture, à la chaufferie, aux presses... Je n’ai jamais eu peur d’aller embaucher. J’habite toujours en face. Je ne connais plus personne qui y travaille, mais qu’est-ce qu’il va devenir, ce site, maintenant ? »
Anne-Sophie Groué