Pollution Dépakine Sanofi Mourenx

Pollution Dépakine Sanofi Mourenx

Message par Plestin » 09 Juil 2018, 05:49

L'usine Sanofi Chimie de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), qui synthétise le principe actif du fameux médicament Dépakine, est au coeur d'une pollution importante révélée par des mesures effectuées au mois d'avril 2018.

Ici, article de RTL.fr :

Sanofi : l'usine qui produit la Dépakine dépasse les normes de pollution

Une plainte va être déposée par une association de protection de l'environnement contre l'usine de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques).

Christophe Guirard
publié le 09/07/2018 à 04:30

La Dépakine se retrouve au coeur d'une nouvelle polémique. Après la publication des résultats d'une étude coordonnée par l'Assurance maladie et l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui montraient que jusqu'à 30.000 enfants avaient été victimes de troubles liés au médicament, c'est au tour de l'usine qui le produit d'être épinglée. Selon une information de Franceinfo, le site de production de Sanofi à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques) émet une pollution très nettement supérieure à la norme.

L'association France Nature environnement, qui va porter plainte contre l'usine lundi 9 juillet, a effectué des relevés édifiants concernant les taux d'émission de certaines substances toxiques. Au mois d'avril, l'usine de Mourenx a par exemple rejeté jusqu'à 190.000 fois la norme autorisée de bromopropane qui, comme le rappelle Franceinfo, est "une substance inodore mais classée comme cancérigène mutagène et avec des effets susceptibles d'altérer la fécondité".

Le valproate de sodium, "ingrédient" de base de la Dépakine, serait également rejeté dans l'air à des niveaux bien plus élevés qu'autorisés, tout comme cinq substances polluantes pour l'atmosphère. Selon Sanofi, aucun risque "inacceptable" pour la santé ne découle de ces émissions. Le groupe pharmaceutique a été mis en demeure de faire des travaux pour remédier à ces problèmes avant la fin du mois de juillet.



A Mourenx, Sanofi est situé sur ce qu'on appelle la plateforme SOBEGI, un regroupement d'entreprises chimiques où certaines structures ont été mises en commun. On y retrouve aussi bien le fabricant d'additifs pour lubrifiants automobiles Lubrizol que Chimex, la filiale chimique de L'Oréal qui fait des ingrédients pour cosmétiques. L'usine Sanofi est petite et n'emploie que quelques dizaines de personnes, mais c'est le plus grand producteur au monde de valproate de sodium (le principe actif de la Dépakine) et l'usine est tellement "compétitive" comme disent les patrons, qu'aucun autre site dans le monde, pas même en Inde ou en Chine, n'est en mesure de lui faire de l'ombre. D'habitude Sanofi s'arrange pour avoir deux sites de production pour un produit important, par sécurité en cas de problème, mais là, il préfère faire davantage de stocks que qualifier un deuxième site qui ne pourrait pas être aussi rentable...

La Dépakine est un médicament anti-épileptique indispensable qui fait partie des médicaments essentiels de l'OMS, par contre la découverte d'effets secondaires plus graves que prévu atteignant le foetus ou affectant le développement ultérieur de l'enfant fait que sa prescription a dû être considérablement réduite chez la femme enceinte et, depuis peu, plus généralement chez la femme en âge de procréer. Le scandale des effets de la Dépakine a éclaté en France et touche quelques autres pays développés, voire un peu certains pays francophones mais de manière limitée. Il est bien loin d'avoir l'importance qu'il faudrait dans une grande partie du monde, notamment les pays dits "émergents", où les ventes continuent tranquillement de monter et où on peut vraiment s'interroger quant au respect des précautions d'utilisation chez les femmes...
Plestin
 
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Re: Pollution Dépakine Sanofi Mourenx

Message par Plestin » 12 Juil 2018, 18:10

Selon une association locale citée par le journal Sud-Ouest du 12 juillet 2018 :


(...) "Il a fallu médiatiser l’affaire à l’échelon national pour que le dossier sorte", a déploré lors d’une conférence de presse à Pau Patrick Mauboules, membre de l’association locale Sepanso 64, qui a annoncé un dépôt de plainte prochain contre le groupe pharmaceutique avec l’association France nature environnement (FNE).

"Sanofi a fait fi d’un arrêté préfectoral de juin 2009 concernant des dépassements de rejets. Jusqu’en octobre 2017, aucun contrôle n’a été exercé sur le non respect des valeurs limites de rejets concernant les composés volatils que Sanofi rejette"

Selon Patrick Mauboules, "en 2017, la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) a demandé à Sanofi de vérifier deux de ses colonnes sur trois, il n’en aurait vérifié qu’une et les résultats n’auraient été transmis à la Dreal qu’en avril 2018" et "il aura fallu attendre le 10 juillet 2018 pour que le gouvernement suspende la production".

Pour lui, "l’exemple de Sanofi est significatif. Nous avons des industriels à qui on demande de s’auto-contrôler, c’est la loi. Mais c’est un problème : que s’est-il-passé à Sanofi entre 2009, date de parution du décret, et le contrôle de la Dreal en 2017 ? Y a-t-il eu d’autres dépassements ? Nous sommes dans un système qui marche sur la tête !".
Depuis quand les rejets toxiques sont-ils connus ?

"Il y a au moins eu un défaut de fonctionnement de Sanofi, on ne peut pas le contester", a déclaré le préfet des Pyrénées-Atlantiques Gilbert Payet, lors d’une conférence de presse mercredi soir à Mourenx, à l’issue d’une réunion plénière de la commission du suivi du site du bassin industriel de Lacq.

"L’inspection des installations classées a demandé la mesure de ces rejets en septembre 2017, nous avons reçu au mois de mars ces mesures avec l’étude toxicologique, mais il apparaissait clairement (…) que l’entreprise savait depuis un certain temps que ces rejets existaient".

C’est pour cette raison, selon Gilbert Payet, que l’inspection des installations classées a rédigé "un procès verbal d’infraction qu’elle a transmis au Procureur de la République en mars."

"L’administration a fait son travail", a-t-il souligné, et "elle a pris l’initiative (…) de demander des analyses sur des colonnes qui jusqu’à maintenant n’avaient pas été concernées par ces analyses". L’administration a reçu ces analyses le 28 mars 2018, montrant l’excès de rejet de bromopropane, et "a entrepris des démarches pour mettre en demeure l’entreprise de se conformer à la réglementation et donc au décret de 1990 préfectoral avec une date d’effet au plus tard le 23 juillet", a-t-il précisé. (...)
Plestin
 
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Re: Pollution Dépakine Sanofi Mourenx

Message par Plestin » 18 Juin 2019, 05:17

Des traces de valproate de sodium (principe actif de la Dépakine) ont été trouvées en mars-avril dans le sang de 11 des 64 travailleurs de Sanofi Mourenx. Elles sont inférieures au seuil officiel d'effet sanitaire, mais cela ne veut pas dire grand-chose car le produit s'élimine progressivement et donc il a pu y avoir une exposition supérieure auparavant. La direction affirme que cela vient d'un manque de précaution dans le retrait des protections individuelles (masques, gants etc.) La CGT réclame un système de protection collective ainsi qu'un départ anticipé en congé de fin de carrière pour tous les travailleurs exposés au valproate ou aux autres substances nocives (1 an d'anticipation pour 5 ans d'exposition pour le personnel posté, 1 an pour 10 ans pour le personnel en journée, pétition qui a recueilli plus de 30 signatures sur les 57 CDI) ; elle a appelé hier à des débrayages tournants à partir d'aujourd'hui mardi 18 juin.

A noter que l'organisation n'est pas simple car l'usine pyrénéenne n'est qu'un atelier annexe de l'usine de Sisteron qui, elle, est située dans les Alpes, à 700 km... C'est à Sisteron que se trouvent les forces syndicales.
Plestin
 
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Re: Pollution Dépakine Sanofi Mourenx

Message par Plestin » 01 Nov 2019, 08:33

Dans "La République des Pyrénées" du 31 octobre 2019 :


Mourenx : la grève se poursuit chez Sanofi

Par Jean-Marc Faure


Reconduite ce jeudi, la grève chez Sanofi vise à faire reconnaître l’exposition des salariés à des produits dangereux.

L’assemblée générale des salariés de Sanofi, qui rassemblait ce mercredi à midi moins d’une quinzaine de grévistes à Mourenx, a reconduit le mouvement à l’unanimité.

Démarrée le 23 octobre dernier après un coup de semonce de trois jours en juin, la grève se poursuit avec des débrayages quotidiens de 2 à 8 heures. « Nous avons une bonne adhésion des salariés déterminés qui portent leurs revendications depuis plus d’an », notait le délégué syndical CGT, Ludovic Veyret, venu de Sisteron épauler ses camarades béarnais.

Le sujet qui fâche la soixantaine de salariés du site de Mourenx porte sur les nuisances auxquelles ils seraient soumis depuis des années sur leur lieu de travail. On se souvient qu’en mars 2018, l’entreprise avait été mise en demeure par l’administration de mettre aux normes ses installations afin de limiter ses rejets de composés organiques volatils (notamment de bromopropane) et de valproate de sodium (utilisé pour la fabrication de la Dépakine). "L’entreprise a investi dans des caissons de charbons. Depuis la fin de l’été, les installations sont conformes", précise Ludovic Veyret.

Reste que pour les salariés, le prix des nuisances passées et de l’exposition actuelle doit être payé de trois manières. Ils demandent un an de départ anticipé à la retraite pour 5 années d’exposition, une prime mensuelle "pour environnement à risque" de 180 € net, et pour la rétroactivité, le versement d'une prime annuelle de 2160 € par année d’ancienneté.

Leur direction n’a jusqu’à présent pas réagi à ce mouvement de grève pas plus qu’elle n’a proposé de négociation.
Plestin
 
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