Et autant dire ce qu'on trouve faux. Moi, ce qui me choque, ce sont les phrases que je reproduis ci-dessous en les mettant en gras ou en les accompagnant de mes commentaires, des phrases, qui laissent supposer une bonne volonté des gouvernants ou semblent faire appel à eux. S'il y a UNE chose qu'il faut essayer d'apprendre à ses camarades de travail, c'est qu'il ne faut JAMAIS compter sur les gouvernants mais TOUJOURS sur leur détermination, leurs luttes, le rapport de forces. Après, on obtient ce qu'on obtient selon la force qu'on a, mais cela dépend toujours de ce facteur, pas d'une "idéologie libérale" comme il dit. C'est non seulement une question d'efficacité pour tout de suite, mais aussi d'enseignements pour l'avenir, de ce qu'auront appris nos copains de boulot dans la lutte. C'est à cela que doit servir le syndicalisme dans les meilleures traditions du syndicalisme révolutionnaire : à être "l'école de la lutte de classes".
Ford a refusé le plan de reprise qui aurait pu sauver 400 emplois (sur 860). Comment interprétez-vous cette décision face à laquelle l’Etat semble impuissant ?
Philippe Poutou – On s’est battus dans des conditions difficiles et malheureusement, malgré l’intervention de l’Etat, de Bruno Le Maire et d'Alain Juppé, ça n’a pas suffi. [La critique qui suit n'était pas nécessaire. On négocie ce qu'on peut... là, ils n'ont ni primes correctes, ni emplois !] On aurait pu négocier des primes, mais on est restés sur l’idée qu’il fallait sauver l’usine. Ce dont on a besoin, c’est d’un boulot, d’un salaire, pas d’une prime.
Bruno Le Maire s’est dit “écœuré”, Emmanuel Macron a jugé le geste de Ford “hostile et inacceptable”. Cette indignation est-elle sincère ?
Poutou : Ils sont visiblement déterminés à contrer la démarche de Ford. Les services de l’Etat sont là, et nous aussi, on espère que Ford va accepter de vendre son usine. Mais pour cela il faut que l'Etat passe aux actes et prenne des mesures autoritaires contre Ford. On pousse pour [il compte donc sur l'Etat... il ne dit pas qu'il faut leur imposer, à eux et à Ford].
Qu’est-ce que cela dit du pouvoir politique ?
Jospin l'a dit il y a déjà longtemps [en 2000, à propos des licenciements chez Michelin, ndlr] : “L’Etat ne peut pas tout”. Cette impuissance est réelle, mais l’Etat se l'est fabriquée lui-même. Le Maire et Macron sont des représentants de l’ultra-libéralisme, du laisser-faire, de la liberté d’entreprendre, et ils se retrouvent eux-mêmes piégés dans leur propre idéologie, en butte à une multinationale qui considère qu’elle peut faire ce qu’elle veut. Le Maire se prend en pleine face le résultat de cette politique. Cet exemple va-t-il obliger l'Etat à se redonner de pouvoir ? C'est la question.
Fausse question, l'affaire est tranchée. Le Maire n'est pas "prisonnier de son idéologie", il est au service de Ford, et amuse la galerie. Il est parfois ennuyé car Ford ne le laisse même pas sauver la face, mais c'est ainsi. Le Maire et Macron ont des électeurs, alors que Ford a des actionnaires... une différence de rôles, c'est tout.