Pas de vague

Edito LO du 22 octobre 2018

Message par Bertrand » 22 Oct 2018, 19:31

Affaire Mélenchon : un cinéma politicien sans intérêt

Un nouveau feuilleton politico-médiatique a démarré la semaine dernière avec les perquisitions des domiciles de Mélenchon et de membres de son entourage, ainsi que des locaux de son mouvement.

Le dirigeant de la France insoumise fait l’objet d’une enquête préliminaire relative à ses comptes de campagne de la présidentielle de 2017 et à ses attachés au Parlement européen. Mais les moyens mobilisés pour mener les perquisitions ont été d’une ampleur inédite : 70 policiers et neuf magistrats dans quinze lieux différents. Une opération digne de la lutte contre le grand banditisme !

Que Mélenchon ait été indigné par un tel déploiement de forces, qu’il ait été choqué par l’irruption de policiers venus fouiller son appartement à sept heures du matin, sans égard pour sa vie privée, on peut tout à fait le comprendre. Comme on peut comprendre sa dénonciation d’une justice à deux vitesses : alors que des irrégularités ont été relevées dans les comptes de campagne de Macron, ni lui ni son parti n’ont eu à subir le même traitement.

Toute la vie politique est ponctuée régulièrement par ce genre de règlements de compte et d’affaires judiciaires. Après Sarkozy, Fillon, Le Pen, Mélenchon se trouve à son tour mis en cause, mais, lui, il en fait un spectacle et, en la matière, il en connaît un rayon !

Face aux policiers, Mélenchon s’est mis en scène devant les caméras, revêtant son écharpe tricolore, se prévalant de sa fonction de député et clamant : « Ma personne est sacrée ! » Oubliée l’époque où il reprochait à Le Pen d’invoquer son immunité parlementaire pour refuser de répondre aux juges !

Mais pourquoi un député devrait-il être plus protégé qu’un simple citoyen de ce genre d’intrusions policières ? Si c’est une injustice pour l’un, ça l’est pour l’autre aussi ! Si cela avait été un jeune de banlieue qui avait résisté à l’intervention policière, que se serait-il passé ?

Mélenchon proclame : « La République, c’est moi ». Ses détracteurs, eux, l’accusent d’avoir bafoué la police et la justice. De Macron à Mélenchon, ces politiciens ont constamment ces grands mots de « justice », « démocratie » ou « République » à la bouche. Mais cette « République » dont ils se réclament tous, c’est celle de la toute-puissance de la bourgeoisie et de l’exploitation.

Où est la justice pour les travailleurs, les intérimaires qui se retrouvent mis à la porte, parfois du jour au lendemain, sans que leur employeur ait à peine besoin de donner une justification ? Combien d’entre eux se font voler parce que le patron ne paye pas les heures supplémentaires ? Pour les travailleurs, il n’y a plus de démocratie dès qu’ils mettent les pieds dans l’entreprise et c’est en permanence qu’il leur faut défendre leurs droits face à l’arbitraire patronal. Pour imposer des changements d’horaire, de poste ou refuser un jour de congé, un patron a mille et un moyens, légaux ou pas.

La police et la justice, l’appareil de l’État servent les intérêts des classes possédantes et ont vocation à faire taire tous ceux qui contestent l’ordre capitaliste. Et ils le font la plupart du temps avec brutalité et sans prendre de gants ! Bien des travailleurs en lutte pour défendre leurs emplois ces dernières années en ont fait l’expérience. Comme ceux de Goodyear qui ont été condamnés à une peine de prison ou ceux d’Air France dont certains, accusés d’avoir participé à l’épisode de la chemise déchirée, ont été arrêtés à leur domicile, devant leurs enfants, et traités comme de vulgaires délinquants.

Quand Mélenchon s’insurge de la manière dont il a été traité, il est loin, très loin de ce que vivent des millions de travailleurs, dont le quotidien est fait d’injustice et de violence. Il se veut « insoumis » mais toute sa carrière est celle d’un politicien du système qui s’indigne aujourd’hui des obstacles que magistrats et policiers mettent sur sa route. Dans toute cette affaire, il y a surtout beaucoup de cinéma de part et d’autre.

Pendant que Mélenchon, Le Pen, Macron et leurs semblables occupent la une des médias, les vrais maîtres de la société, les actionnaires, les dirigeants des grandes entreprises et l’ensemble de la classe bourgeoise continuent de mener la guerre aux travailleurs.

Alors notre sort n’a rien à voir avec cette agitation dérisoire de ce petit monde politicien. La seule question importante pour nous, travailleurs, c’est de mettre en avant la défense de nos intérêts de classe face à ceux qui nous exploitent.

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Re: Edito LO du 22 octobre 2018

Message par Zelda_Zbak » 25 Oct 2018, 09:44

[admin]Ce post, déplacé ici, venait à la suite de la reproduction de l'édito LO du 22/10, sur le cinéma de Mélenchon et des autres [/admin]
Mouais, c'était plus intéressant de parler du mouvement #pasdevague
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Message par Zelda_Zbak » 25 Oct 2018, 10:32

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Re: Pas de vague

Message par com_71 » 25 Oct 2018, 11:45

Un commentaire ?
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Pas de vague

Message par com_71 » 25 Oct 2018, 11:46

Article dans LO :
Violence scolaire, éducation sacrifiée : répondre collectivement
24 Octobre 2018

La mise en ligne d’une vidéo montrant un élève menaçant avec un pistolet, factice, une enseignante dans sa classe d’un lycée de Créteil, et la médiatisation de l’agression, ont suscité l’indignation d’un grand nombre d’élèves, de parents et d’enseignants.

Le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a voulu exploiter cet événement en déclarant dimanche 21 octobre : « Nous allons rétablir l’ordre. »

Il prévoit de réunir un comité stratégique avec le ministère de l’Intérieur pour « arrêter un plan d’action ambitieux visant à mettre un terme à de tels comportements ».

Ce ministre, qui appartient à un gouvernement qui fabrique les injustices, sert les riches aux dépens du reste de la population et vide les services publics de leur personnel, prétend résorber la violence en milieu scolaire par l’augmentation des conseils de discipline. Il invite les établissements à se servir de la loi sur l’interdiction du portable et prépare des mesures pour sanctionner les parents des élèves mineurs !

Ces pseudosolutions n’auront non seulement aucun effet, mais elles tendent à rendre les individus (enseignants, directions, parents) responsables, alors que la violence en milieu scolaire est le fruit d’une dégradation sociale généralisée, de la montée de l’individualisme et de la valorisation de l’argent facile.

On ne peut pas prétendre lutter contre la violence et continuer à supprimer des postes, à réduire l’encadrement des établissements scolaires. Car même si la présence d’adultes au sein des services publics ne règle pas tout, elle permet, en particulier dans le milieu scolaire, de désamorcer la violence verbale envers les enseignants, qui est la plus répandue, et la violence entre les jeunes.

Les enseignants ont dénoncé à juste titre la volonté des directions de taire les incidents, et surtout de les minimiser.

Pour autant une répression plus forte ne résout pas nécessairement la situation. L’école étant obligatoire jusqu’à 16 ans, exclure un élève consiste à le changer d’établissement, ce qui est le plus souvent un échec. Sanctionner financièrement des parents qui eux-mêmes se sentent exclus ou qui sont dépassés est une phrase démagogique, élément de la campagne permanente contre les pauvres.

L’affaire de Créteil a été médiatisée, mais elle ressemble à beaucoup d’autres du même ordre, dans les bus, les trains, les services d’urgence, la poste ou les services sociaux. Devant ce pourrissement de la société et des rapports sociaux, les travailleurs doivent se serrer les coudes, en exigeant du personnel en nombre suffisant et des conditions de travail décentes.

Ce minimum, qui ne pourrait être arraché que par la lutte, ne résoudrait pourtant pas tout, car l’école ne peut être isolée de l’ensemble de la société et de sa crise générale, économique et sociale. Les possédants pillent toutes les ressources pour maintenir leurs profits, ils n’entendent pas en distraire une partie pour l’éducation des enfants des travailleurs, pas même quelques sous pour permettre aux salariés de l’Éducation nationale de respirer. C’est cette politique-là que les ministres successifs sont chargés d’appliquer. Si des jeunes sont laissés de côté, si d’autres deviennent ingérables, si des enseignants craquent, que leur importe !

Le jour où Blanquer annonçait sa stupide, méprisante et dérisoire interdiction du portable, Macron visitait les marchands de canons et annonçait les milliards nécessaires à un nouveau porte-avions. Voilà où sont les priorités de l’État et de la classe possédante qu’il sert avec dévouement.

Inès Rabah
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Re: Pas de vague

Message par Zelda_Zbak » 25 Oct 2018, 12:50

Oui, des commentaires d'ex prof de lycée pro.
- #pasDeVague, ça a vraiment fait remonter une expression fétiche de tous les profs en souffrance (heu, y en a qui ne souffrent jamais d'ailleurs ? ça m'étonnerait). Les inspecteurs, les chefs d'établissement sont sélectionnés, recrutés, formés pour "ne pas faire de vague". Le ministre peut démentir autant qu'il veut, cela fait des décennies que tous les profs sur le terrain ont cette expérience très concrète.
- Je souhaite longue vie à ce hashtag. Ce sera une mine d'or pour les chercheurs en "sciences de l'éducation" un jour. Ne pas gérer la situation de crise dans l'éducation nationale, c'est vraiment laisser crever les profs la gueule ouverte. Je ne suis pas trop d'accord avec l'article qui met sur le même terrain élèves, profs et parents d'élèves. Etre élève ou parent d'élèves, c'est passager dans une vie. Etre prof, c'est (parfois) vécu comme une damnation éternelle.
- Alors bien sûr, il faut glisser sur tous les messages FN (ie RN)... OK... Pour le reste, il y a des tas de messages intéressants.

Voilà mon ressenti.
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Re: Pas de vague

Message par com_71 » 25 Oct 2018, 14:05

Zelda_Zbak a écrit :Ne pas gérer la situation de crise dans l'éducation nationale, c'est vraiment laisser crever les profs la gueule ouverte.


Eh oui, et ils ne géreront pas plus ça que le reste ! Il faut le dire !

Et si les travailleurs, dont les profs mais pas seulement, dans l'éducation nationale, se contentent d'en appeler aux autorités, quelque part, ils décideront de continuer à "crever la gueule ouverte".
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Re: Pas de vague

Message par Zelda_Zbak » 25 Oct 2018, 14:09

Pour l'instant, ils en sont à faire un simple état des lieux, et à cesser de se sentir seuls à culpabiliser : en plus de se sentir démunis, nuls, ils se sentent seuls au monde. C'est le pompon !
Pour l'instant, ils en sont à épancher leurs souffrances.
C'est un début.
Ce métier est archi culpabilisant, pas du tout comme tous les métiers. Et surtout pas comme tous les métiers de catégorie A de la fonction publique.
Un chauffeur de bus n'est pas payé pour tenter d'éduquer 24 élèves en les fréquentant 8H dans son autobus... ça n'a juste rien à voir en fait.
Il a bien des soucis, du stress et des responsabilités, mais d'un autre ordre. Même si parfois, les "incivils" s'invitent violemment dans son outil de travail.
A force de dire que "tous les travailleurs sont pareils" on est très loin de la réalité de chacun.

Exemple
Jenny LARTAUD @jenny_lartaud

"Qui aime cette prof ? Levez la main : qui l'aime ! Ah ah, PERSONNE !" L'un d'eux s'amusait même à entrer dans ma classe pendant les intercours en s'approchant de moi jusqu'à mon bureau, sans un mot, menaçant...
J'ai bien dû me les coltiner jusqu'à la fin de l'année.#PasDeVague

Les gens décrivent ici du harcèlement psychologique bien entendu. Un harcèlement reconnu par personne, pas même par LO, parce que (voyez-vous) comme les harceleurs ne sont pas les patrons, ça rentre pas bien dans le cadre théorique. :o

Si un jeune me dit qu'il veut faire prof, je lui demande "Tu aurais eu envie de faire maton à 50% minimum ?"
S'il dit "Pouah non !"
- Bon alors laisse tomber, tu n'as pas la vocation. Tu croyais l'avoir, ne perds pas ton temps.
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Re: Pas de vague

Message par com_71 » 25 Oct 2018, 15:42

Zelda_Zbak a écrit :Pour l'instant, ils en sont à faire un simple état des lieux, et à cesser de se sentir seuls à culpabiliser : en plus de se sentir démunis, nuls, ils se sentent seuls au monde. C'est le pompon !
Pour l'instant, ils en sont à épancher leurs souffrances.
C'est un début.


OK

Les gens décrivent ici du harcèlement psychologique bien entendu. Un harcèlement reconnu par personne, pas même par LO, parce que (voyez-vous) comme les harceleurs ne sont pas les patrons, ça rentre pas bien dans le cadre théorique. :o

Tu as vu jouer ça où ? Le "cadre théorique" exclut les lumpen, les déclassés, les délinquants, les harceleurs imbéciles ou sadiques ou les deux, les machos violents... ?
Je croyais que tu avais fréquenté les lieux... ;)
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Re: Pas de vague

Message par com_71 » 25 Oct 2018, 15:53

LO a écrit :L’affaire de Créteil ... ressemble à beaucoup d’autres du même ordre, dans les bus, les trains, les services d’urgence, la poste ou les services sociaux. Devant ce pourrissement de la société et des rapports sociaux... l’école ne peut être isolée de l’ensemble de la société et de sa crise générale, économique et sociale... Si des jeunes sont laissés de côté, si d’autres deviennent ingérables, si des enseignants craquent, que leur importe !


C'est ça l'"exclusion du cadre théorique" ?
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