Page 1 sur 1

Silice microcristalline : les risques pointés par l'ANSES

Message Publié : 30 Mai 2019, 15:15
par Plestin
L'ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'alimentation, de l'Environnement et du Travail) vient de publier un rapport sur l'exposition des travailleurs à la silice microcristalline dans de nombreux métiers et pointe les risques importants liés à son utilisation.

Article extrait d'Info Chimie du 27 mai 2019 :

Risques sanitaires : l’Anses s’inquiète de l’exposition à la silice cristalline
Aurore Gayte

L’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (abréviée Anses) a publié les résultats de son expertise sur les risques pour la santé des travailleurs exposés à la silice cristalline, et ils ne sont pas bons. L’Agence a conclu à l’existence de risques sanitaires particulièrement élevés pour la population professionnelle exposée à des niveaux supérieurs ou équivalents à la limite actuelle. Près de 365 000 personnes travaillent en France avec une exposition à la silice cristalline, et l’Anses estime qu’entre 23 000 et 30 000 d’entre elles sont exposées à des risques. Les principaux secteurs concernés sont les industries extractives (minéraux industriels, matériaux de construction, ressources minérales océaniques, minerais et métaux), le recyclage des déchets du BTP, et les secteurs transformateurs des matières premières extraites (verrerie, fonderie, caoutchoucs, peintures, bétons). Le rapport de l’Anses liste également les professions les plus exposées à la silice cristalline, telles que finisseur (dans les secteurs de la construction), maçon-monteur industriel, palettiseur, et ouvrier de finition (dans le secteur de la fonderie).

Le rapport de l’Anses conclut en disant qu’au « regard des niveaux d’exposition actuels en France […], l’existence d’un risque sanitaire particulièrement élevé existe. La valeur actuelle de la limite d’exposition professionnelle de 0,1 mg/m-3 pour 8h de travail n’est pas suffisante ».

Afin d’améliorer la santé des travailleurs, l’Anses joint à son rapport des recommandations, la première étant de généraliser la prévention, comme « le travail à l’humide et le captage à la source », ainsi qu’un « effort dans la prévention des risques auprès des professionnels ». L’Agence consacre également un paragraphe sur la prévention des particuliers, pour lesquels elle préconise « de nouveaux moyens de communication sur les risques dans les points de vente à destination des particuliers ». Pour la surveillance médicale des travailleurs exposés, l’Anses suggère d’élargir les critères de diagnostiques afin de repérer plus tôt les maladies, ainsi que de compléter les études préexistantes sur la silice cristalline.

L’Anses s’est autosaisie en novembre 2015 après la publication d’études aux Etats-Unis faisant état de graves cas de silicoses liées à l’usage de pierres reconstituées utilisées pour la fabrication de plan de travail de cuisine et de revêtements de salles de bains. Les travailleurs concernés étaient ceux qui s’occupaient de la découpe et de l’installation des produits. Ces études montraient aussi que la silice cristalline était également liée au développement d’autres maladies, comme le cancer broncho-pulmonaire, la sarcoïdose, le lupus érythémateux disséminé, la sclérodermie systémique progressive, et la polyarthrite rhumatoïde.

La silice cristalline est un minéral naturellement présent dans la croûte terrestre dont le quartz est la forme la plus fréquente, devant la tridymite et la cristobalite. La silice industrielle, ainsi que les matières minérales contenant de la silice cristalline, sont utilisées comme matières premières, additifs ou auxiliaires technologiques dans de nombreuses applications chimiques, mais également dans le secteur de la fonderie, de la verrerie, dans la construction, et également dans les parements funéraires.