Total La Mède : "démarrage" de la bioraffinerie

Total La Mède : "démarrage" de la bioraffinerie

Message par Plestin » 05 Juil 2019, 13:36

La raffinerie de pétrole de Total à La Mède (commune de Châteauneuf-lès-Martigues), près de l'étang de Berre, a fermé en 2016. Elle employait près de 500 personnes. Elle a été remplacée par une bioraffinerie qui doit produire du biodiesel à partir d'huiles végétales, sur un site qui ne conserve que 250 personnes. Cette bioraffinerie a nécessité plusieurs années de travaux et a pris du retard (elle devait démarrer en 2017) mais elle démarre aujourd'hui, du moins officiellement (il subsiste bien des problèmes techniques qui ne sont pas encore surmontés et seules certaines sections fonctionnent en réalité).

Ce "démarrage" entraîne une levée de boucliers de bien des associations environnementales car une bonne partie de l'activité doit s'appuyer sur l'importation d'huile de palme.

https://www.francetvinfo.fr/monde/envir ... 21151.html

Mais la raffinerie peut sembler menacée par le statut des biocarburants à base d'huile de palme, en Europe (l'Union européenne en restreint fortement l'utilisation à partir de 2030) mais surtout en France (où le parlement, contre l'avis du gouvernement, a voté l'interdiction pour janvier 2020).

Total fait pression sur les députés et le gouvernement pour que cette décision française soit annulée ; ce n'est pas exclu qu'il y réussisse. L'un de ses principaux atouts est d'avoir déjà officiellement démarré la bioraffinerie pour pouvoir menacer de l'arrêter ensuite si le parlement ne va pas dans son sens (et ce serait de la faute des députés si 250 emplois étaient supprimés). C'est pourquoi, la dérive du projet en temps et en coût a assez duré, maintenant, officiellement, il faut que ça marche.

Total explique aussi que son biodiesel est écologique car l'huile de palme a une bien meilleure productivité à l'hectare que le colza ou le soja, il faut donc des surfaces moindres pour une production équivalente et c'est donc mieux pour limiter la déforestation. Et puis, c'est de l'huile de palme certifiée durable (par des organismes contrôlés par les industriels eux-mêmes) et qui va se substituer à de l'huile de palme qui ne l'était pas et était importée indirectement sous forme de biogazole tout fait. Finalement, pour les forêts d'Indonésie et de Malaisie, c'est mieux qu'avant, non ?

L'huile de palme est surtout bien moins chère que les autres et ça, c'est aussi un argument. Mais il y a encore moins cher : les résidus acides de la fabrication d'huile de palme qui, eux, ne sont pas interdits. Car l'interdiction ne porte que sur l'huile de palme utilisée dans les biocarburants, pas sur celle à vocation alimentaire (Nutella ou autres...) qui génère toujours de tels déchets. Simplement, Total ne peut pas en mettre trop car, très acides, ils rongeraient le métal de ses installations. Il faut donc les diluer avec des huiles. Quant à ne traiter que du colza, c'est difficile car les caractéristiques de cette huile (et d'autres) obligent les installations à tourner au ralenti pour ne pas que ça chauffe trop. Surtout quand on estime avoir suffisamment investi. C'est quand même moins coûteux de convaincre des députés que d'investir davantage. Et pour Total le coût du projet a suffisamment dérivé (initialement prévu à 200 M€, il est finalement de 275 M€, officiellement, et sans doute plus en réalité). Même si le coût a été minimisé, par rapport à certains concurrents, par la réutilisation d'installations existantes. Et même si c'est peu au regard des 13,6 milliards d'euros de bénéfices du groupe.

Grâce à Total, qui milite aussi pour le remplacement de tout le charbon par du gaz (SON gaz), bientôt, la planète ira mieux, pourvu que les députés ne viennent pas entraver son oeuvre de bienfaisance.
Plestin
 
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