FSE et luttes des travailleurs

Message par emma-louise » 17 Nov 2003, 08:45

Les conflits du travail en Europe
Choix de civilisation

Le forum de samedi, à la Cité des sciences, sur "Les conflits du travail en Europe" a permis de dresser un état des lieux accablant des attaques menées partout contre les droits sociaux. Mais la riposte a du mal à se dessiner.

"Aujourd'hui, nous sommes face à un véritable choix de civilisation." Ce diagnostic de Claire Villiers, intervenant au nom de la Fondation Copernic, a vite fait consensus chez les syndicalistes européens réunis hier à La Villette. La liste de ce que subissent les travailleurs et chômeurs sur fond de précarité galopante est longue et largement connue, au point de devenir aujourd'hui la norme. En France, en Allemagne, en Italie, les attaques sont "sans précédent" et convergent toutes : destruction des droits, des garanties, des protections sociales. Corrélativement, les organisations syndicales sont attaquées. Loin de chez nous, en Biélorussie, le régime fascisant s'attelle tout bonnement à la destruction du mouvement syndical. Mais à l'Ouest aussi la violence est à l'oeuvre, quoique de manière plus feutrée. Gianni Rivaldini, du syndicat Fiom des métallos italiens, a raconté que le gouvernement Berlusconi voulait déclarer "anticonstitutionnelles" leurs mobilisations. Franck Bsirske, le représentant de Ver.di, la grande fédération allemande de la fonction publique, a rapporté ces propos du président des industriels allemands : "Nous allons faire un grand feu de joie où brûleront toutes les conventions collectives et les garanties de branche." Quant à Adolfo Jimenez, syndicaliste chômeur en fin de droits, il a décrit le processus de privatisation de son entreprise espagnole de télécommunications et "la logique de destruction et de mort" qui a frappé ses camarades, licenciés du jour au lendemain, vilipendés dans la presse et lâchés par tout le monde. Tout le monde, c'est-à-dire syndicats compris : la crise pousse loin ses symptômes.
C'est justement la faiblesse de la riposte envisagée face à cette "guerre" qui interrogeait hier, à la sortie du Forum. "Quand est-ce qu'on appelle à un mouvement de grève européen ? Tout cela ne servira donc à rien ?", s'emportait en quittant la salle un syndicaliste espagnol.
Et c'est vrai que si les pistes évoquées furent nombreuses, hier, à la veille de la clôture du FSE, rien de palpable ne se dessinait, malgré les efforts de Claire Villiers, proposant un socle de "revendications unifiantes" car déjà reprises dans différents pays (revenu garanti, meilleure répartition de la valeur ajoutée, unification des luttes de chômeurs et des salariés). Le cégétiste Joël Decaillon, qui représentait la Confédération européenne des syndicats (CES), rejoint par d'autres, a insisté sur la démocratisation des pratiques syndicales, tout en fixant l'objectif de faire des droits sociaux à conquérir des garanties au même titre que les droits de l'homme. Franck Bsirske et un cheminot autrichien ont évoqué des "euroluttes" par secteur (marine, transports) associant les usagers. Il y eut même, au tout dernier instant, un appel à une grande manif européenne (syndicats, associations, altermondialistes). Mais comment faire prendre la mayonnaise ? Et qu'attendre de la CES, dont Joël Decaillon nous dit qu'elle n'est qu'un "colosse aux pieds d'argile" ? A ces interrogations, ajoutons-en une autre : pourquoi le projet de Constitution de l'UE a-t-il été le grand absent du débat ?

Jean Mielch

Rouge quotid'quatre 16/11/2003
emma-louise
 
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