Grève avec occupation chez Chaffoteaux et Maury

Message par mael.monnier » 16 Déc 2003, 07:45

(L'Humanité @ lundi 15 décembre 2003 a écrit :
100 euros pour tous

L'usine, c'est un bout d'âme de cette région. Chaffoteaux et Maury est né à Saint-Brieuc, dans les Côtes-d'Armor, en 1914, et continue d'y fabriquer des chaudières, juste un peu plus au sud, dans la commune de Ploufragan, 10 000 habitants, dirigée par la gauche. Sa maire, Jeanine Tardivel (PCF), ainsi que de nombreux élus passent régulièrement dans " la boutique " syndicale apporter leur soutien aux salariés qui bloquent l'usine. L'entreprise familiale a grandi, changé de nom et de propriétaire. Elle a connu des conflits historiques. Depuis la semaine dernière, la voilà de nouveau secouée par le mécontentement des salariés, qui sont en grève reconductible avec occupation des lieux. La tension montait depuis plus d'un mois, notamment sur des revalorisations salariales. Et, après trois réunions de négociations avec la direction, les ouvriers et les techniciens ont décidé à plus de 90 % de durcir le conflit. " Ce sont eux qui ont pris la décision lors d'une de nos assemblées générales ", explique Chantal Jouan, secrétaire du syndicat CGT, qui recueille plus de 80 % des voix et compte 25 élus sur 26 dans l'entreprise. Plus aucun camion ne sort du site. Les livraisons de chaudières prévues pour l'Algérie, l'Italie où la Pologne sont clouées au sol. La direction aurait promis une nouvelle rencontre aujourd'hui à Paris seulement si les ouvriers laissent les stocks " libres de circulation ". Ce chantage n'a eu pour résultat que de les conforter encore à entretenir les braseros à l'entrée de l'usine.

Gros bénef et petits salaires

Il faut dire qu'ils ne sont pas les derniers à avoir consenti des sacrifices pour sauver leur entreprise. Il y a encore deux ans, rien n'allait plus dans les résultats du groupe. Racheté une première fois en 1997 par Preussag, société allemande, puis en 2001 par l'italien Merloni Thermo Sanitari (MTS), les 631 salariés ont accepté les augmentations de cadences, les compressions de personnels et les modérations salariales afin que l'entreprise retrouve des chiffres positifs. Depuis 2002, les profits sont au rendez-vous, avec un solde positif de 6,76 millions d'euros, dont 5 millions ont été reversés en dividende aux actionnaires. " 10,4 % de taux de profitabilité, c'est du jamais vu à CM ! " expliquent les tracts syndicaux dès les chiffres connus. Pendant ce temps, les salariés eux, sont soumis au régime " des pressions incessantes des cabinets embauchés par l'entreprise pour surveiller les ouvriers et augmenter les cadences ", raconte Chantal Jouan. Le travail en 2 x 8 est déjà harassant. Les salariés sont tellement exposés qu'ils ont obtenu un " plan amiante ". Mais les personnes qui quittent l'entreprise dans ce cadre ne sont pas remplacées. Du côté des techniciens, les Italiens ont imposé, depuis leur arrivée, le salaire au mérite. " Cette situation a installé un climat très malsain, car chacun se demande pourquoi son voisin bénéficie d'une augmentation et pas lui ", relate encore Chantal Jouan. Mise en concurrence, déprime, ambiance délétère, autant de facteurs démobilisateurs. Pourtant, les techniciens sont aussi très majoritairement du conflit.

L'annonce, en avril dernier, d'un résultat prévisionnel pour 2003 deux fois plus important que 2002, a mis le feu aux poudres. D'autant que les techniques de management culpabilisantes font circuler les mauvais mots à l'intention des salariés, par exemple, " selon certains responsables, si les salariés sont fatigués, ce n'est pas à cause de leur journée à Chaffoteaux, mais à cause de leur mode de vie à l'extérieur ", raconte un texte syndical. 100 euros pour tous. La revendication s'est peu à peu imposée, les salariés exigeant une part du retour sur investissement. Le mouvement est parti, avec un débrayage de quatre heures en guise " d'avertissement ", le 24 novembre à l'occasion d'une première réunion de négociations. Début décembre, la direction concédait " quelques miettes " de revalorisations par catégories, ou la prise en compte du temps d'habillage et déshabillage dans le temps de travail. Mais les salariés ont estimé que, loin de baisser la garde, il fallait " partir en grève ", pour une même augmentation collective pour tous : 100 euros, cela représente quoi, sur la somme des bénéfices ?

Paule Masson
mael.monnier
 
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Message par Quartz » 16 Déc 2003, 18:27



C' est réconfortant de savoir qu' il y a des gars qui se battent pour des augmentations de salaire. Il y a bien d' autres boites aussi qui se battent ou qui se sont battus pour des augmentations de salaires. Et on se rend bien compte que les salaires, ou l' emploi c' est un problème qui concerne l' ensemble des travailleurs. Ton article soulève un problème : Pourquoi les syndicats ( C.G.T, F.O...) n' essaient -t-ils pas d' unifier toutes ces luttes vers un mouvement d' ensemble de la classe ouvrière ? Pourquoi le P.C.F ne milite-t-il pas dans ce sens ? Je te pose la question Mael ?
C' est pourtant ce qu' il vaudrait.
Quartz
 
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Message par mael.monnier » 17 Déc 2003, 01:20

Bonjour,

Pourquoi les syndicats ( C.G.T, F.O...) n' essaient -t-ils pas d' unifier toutes ces luttes vers un mouvement d' ensemble de la classe ouvrière ?

Parce que ce ne sont pas des syndicats, mais des organismes de conciliations entre les classes qui ne veulent absolument pas toucher au capitalisme ni se fâcher avec le baron Seillière, donc ils divisent les luttes, ils les étalent dans le temps pour les affaiblir, etc.

Pourquoi le P.C.F ne milite-t-il pas dans ce sens ?
Je ne me fais plus d'illusions sur le PCF, lorsque l'on voit que dans 6 régions sur les 11 qui ont voté, 6 se sont alliées à la gauche caviar avec ce qu'elle a fait depuis 20 ans... Si le PCF était vraiment prolétarien, on n'entendra pas des slogans du type "pas de cadeaux pour Raffarin", ce serait "A bas M. Raffarin !", comme si on allait faire des cadeaux à Raffarin... ! Ou bien "licencions le gouvernement Raffarin", ce serait pas mal cela tiens ! Le problème, c'est qu'il faudrait licencier aussi tous les Schröder, Blair et Cie, mais rien n'empêche d'agir ici pour commencer.

Je te pose la question Mael ?
Je ne crois pas que ce soit à moi qu'il faille la poser. Je l'ai déjà posée en plus cette question, bien entendu silence radio. Mais en ce moment, il y a Roger Martelli, sur le forum du PCF peut-être répondra-t-il ?

Je sais très bien, que "c'est pourtant ce qu' il faudrait". Mais tant que le prolétariat fera confiance aux syndicats véreux qui canalisent les luttes, c'est pas demain qu'on changera les choses en profondeur !

Fraternellement,
Maël Monnier
mael.monnier
 
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Message par Quartz » 03 Jan 2004, 18:56

a écrit :Mais tant que le prolétariat fera confiance aux syndicats véreux qui canalisent les luttes, c'est pas demain qu'on changera les choses en profondeur !


Les travailleurs font confiance à ce qui existe. Dans une boite, ce n' est pas à Blondel, Thibault ... qu' ils se reconnaissent mais d' abord aux délégués de leur atelier. Et ils ne sont pas tous véreux. Je trouve ta conclusion un peu fataliste. Et elle pose un autre problème que fait-on, une fois que tu as dis cela ?
Quartz
 
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Message par mael.monnier » 04 Jan 2004, 00:03

Bonsoir,

Puisque la discussion devient théorique, j'ai créé un nouveau fil dans "Histoire et Théorie" ici.

Fraternellement,
Maël Monnier
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