a écrit :PARIS (AP) - Mobilisation plutôt mitigée à La Poste malgré l'appel de tous les syndicats. Entre 15,5% des personnels selon la direction et 30% selon la CGT étaient en grève jeudi pour protester contre la réorganisation des services, les suppressions d'emplois et la libéralisation européenne de leur secteur.
Dans la matinée, le syndicat Sud a accusé la direction de »manipuler» les chiffres et d'avoir exercé «des pressions» sur les personnels.
Selon la direction, ce mouvement a en tout cas entraîné peu de perturbations, tout ayant «été mis en oeuvre pour assurer une continuité de service, que ce soit dans les domaines du courrier, des services financiers et des colis» selon un communiqué.
Les syndicats (CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC, UNSA, FSA et Sud) avaient appelé à des rassemblements un peu partout en France et à un défilé à Paris qui n'a rassemblé qu'un millier de manifestants (900 selon la police) dans l'après-midi entre la place Denfert-Rochereau et les abords du siège de La Poste rue de Vaugirard dans le VIe arrondissement.
Les syndicats protestent contre la réorganisation des centres de tri, la fermeture programmée de plus de 3.000 bureaux dans certaines zones rurales au profit de «points-poste» installés dans des cafés ou des bars-tabac, le non-renouvellement d'une partie des départs en retraite (45.000 postes -sur 330.000- progressivement supprimés sur dix ans, selon les syndicats) ou encore la libéralisation européenne du secteur postal entièrement ouvert à la concurrence en 2009.
»La Poste est engagée depuis plusieurs années dans un processus de réorganisation, mais avec la déréglementation européenne, elle rentre dans une logique de transfert des services publics au secteur marchand, avec des conséquences sur la qualité, l'emploi, les statuts et les droits des personnels qui vont être soumis à la loi du marché», a déclaré à l'Associated Press Patrick Bourgeois, porte-parole de la fédération CGT des PTT.
»Un bureau de poste n'est pas fait pour être rentable», a renchéri sur Europe-1 le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) Olivier Besancenot, lui-même facteur. Il a expliqué craindre, en tant que «postier et usager de la poste, qu'un service public supplémentaire disparaisse».
»La libéralisation européenne est une espèce de privatisation rampante: il s'agit, comme pour la santé, de laisser à l'Etat les infrastructures lourdes et non-rentables et d'offrir aux opérateurs privés les parts juteuses éventuelles du marché», a-t-il estimé.
Favorable «à une vraie réforme» du service public qui lui »donnerait» notamment les moyens de fonctionner, Olivier Besancenot a dénoncé la fermeture préconisée par la Cour des comptes de 6.000 bureaux de poste. «On est en train de nous passer à la moulinette (...) On va fermer ces bureaux de poste dans les zones rurales et les quartiers populaires, sous prétexte qu'ils ne sont pas jugés rentables». Or, pour lui, «un bureau de poste, comme un hôpital ou une école, ce n'est pas fait pour être rentable». AP
Publié : 05 Fév 2004, 17:25