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Un millier de chercheurs
ont démissionné
NOUVELOBS.COM | 09.03.04 | 14:37
Plus d'un millier de directeurs de laboratoire et de chefs d'équipe ont confirmé leur démission de leurs fonctions administratives à l'issue d'une assemblée générale à l'Hôtel de Ville à Paris. "A partir de ce jour, nous déclarons les laboratoires en lutte!", déclare Alain Trautmann, porte-parole du collectif "Sauvons la recherche". Une manifestation va se rendre devant le ministère rue Descartes.
Manifestation de chercheurs à Toulouse vendredi (Sipa)
P lus d'un millier de directeurs de laboratoire et de chefs d'équipe ont confirmé mardi 9 mars en début d'après-midi la démission de leurs fonctions administratives à l'issue d'une assemblée générale à l'Hôtel de Ville à Paris, a annoncé le porte-parole du collectif "Sauvons la recherche", Alain Trautmann.
"Le nombre de démissionnaires est aujourd'hui supérieur à mille. Les directeurs de laboratoire ont tenu parole. A partir de ce jour, nous déclarons les laboratoires en lutte!", a déclaré Alain Trautmann sous les applaudissements de plusieurs milliers de chercheurs qui s'apprêtaient à manifester dans les rues de la capitale mardi après-midi jusqu'au ministère de la Recherche, rue Descartes (5ème arrondissement).
Ces démissions, qui doivent encore être acceptées par les administrations dont dépendent les chercheurs (universités et organismes scientifiques), ne devraient pas avoir dans l'immédiat de conséquences sur le fonctionnement des labos, mais pourraient entraîner rapidement, si elles sont massives, une paralysie de l'ensemble de l'appareil de recherche.
Plusieurs chercheurs étaient venus de province pour soutenir l'action de leur patron de labo démissionnaire, comme Annie Schweitzer (Inserm), venue de Grenoble avec sept de ses collègues.
Conseil national
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Par ailleurs, les président et vice-président de l'Académie des Sciences, les Prs Etienne-Emile Baulieu et Edouard Brézin, deux figures du monde scientifique qui tentent depuis plusieurs jours une médiation, doivent annoncer devant la presse à 16h30 la composition du Conseil national pour l'avenir de la recherche scientifique.
Cette instance devrait notamment préparer des états généraux de la recherche, une des revendication des chercheurs en colère.
Le bras de fer perdure depuis plus de deux mois entre le gouvernement et les chercheurs en colère. Lundi, les deux parties en présence ont campé sur leurs positions, après plusieurs tentatives du gouvernement de désamorcer la crise à deux semaines des élections régionales et cantonales.
"Je ne voudrais pas que le débat se limite à une question de moyens (...) Nous ne sommes pas dans un marchandage à la petite semaine mais face à la construction de l'avenir du pays", a lancé le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, dans une interview publiée mardi dans Libération.
3 milliards
Prenant acte à l'avance de la décision des chefs de laboratoires, M. Raffarin estime qu'"une démission n'est jamais un succès. J'aurais forcément une réaction de tristesse parce que je ne souhaite pas que la renommée scientifique internationale de la France soit ainsi fragilisée", déclare-t-il.
"Quand on met 3 milliards d'euros sur la table pour la recherche (d'ici 2007, ndlr), on met beaucoup plus que ce que nous faisons pour beaucoup d'autres catégories professionnelles", insiste-t-il.
Le chiffre de 3 milliards d'euros, annoncé samedi par Matignon, n'a pas convaincu les chercheurs. "Si ces 3 milliards se concrétisent, on sera très contents", a réitéré le porte-parole du collectif "Sauvons la recherche" Alain Trautmann. "Mais pour l'instant, il ne s'agit que d'une reformulation de la promesse faite par Jacques Chirac de consacrer 3% du PIB à la recherche. Ce qu'il aurait fallu (...), ce sont des réponses concrètes et non pas faire une autre promesse".
Le gouvernment n'en fait pas assez
Le mouvement a en tout cas le soutien de la population. Plus de huit Français sur dix (82%) affichent leur soutien ou leur sympathie pour leur mouvement, selon un sondage CSA publié mardi dans La Croix.
47% des personnes interrogées soutiennent les chercheurs, tandis que 35% ont de la sympathie pour ce mouvement. Seuls 5% des sondés y sont opposés ou hostiles, tandis que 12% marquent leur indifférence pour cette crise qui oppose gouvernement et communauté scientifique.
D'une façon générale, les Français ont le sentiment à 77% que le gouvernement Raffarin n'en fait "pas assez" pour les scientifiques et chercheurs.
Sont ensuite cités les professions médicales (73%), les chômeurs (66%), les agriculteurs (64%), les salariés du secteur privé (63%), les artistes (61%), les enseignants (60%), les commerçants (52%) et les salariés du secteur public (51%). En revanche, 57% des personnes interrogées jugent que le gouvernement en fait "trop" pour les grandes fortunes.
- Sondage réalisé par téléphone les 3 et 4 mars auprès d'un échantillon de 1.001 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. (avec AP)