Par Robin Pomeroy

ROME (Reuters) - Des centaines de milliers d'Italiens sont descendus dans les rues vendredi à l'occasion d'une grève générale de quatre heures contre le projet de réforme des retraites du gouvernement de Silvio Berlusconi et, plus généralement, contre la politique économique du cabinet conservateur.
Dans tous les secteurs d'activité, à l'exception de celui du transport aérien dont les salariés ont l'intention de faire grève le 5 avril, des débrayages de quatre heures ont été respectés. De nombreuses écoles, bureaux de poste et autres banques ont en outre été fermés pour la journée.
Les manifestants se sont rassemblés sur des places à Rome, Milan ou encore Palerme pour écouter les dirigeants syndicaux énumérer leurs griefs contre la politique libérale du gouvernement de Silvio Berlusconi, accusée de frapper essentiellement les travailleurs et les retraités.
"Nous avons besoin d'une nouvelle politique économique", a lancé Luigi Angeletti, chef du syndicat UIl, aux participants du défilé romain.
"Au cours des 36 derniers mois (...) nous avons connu une stagnation générale, la croissance industrielle s'est arrêtée", a pour sa part déclaré Guglielmo Epifani, dirigeant de la CGIL, principale confédération syndicale du pays, à la foule rassemblée à Palerme.
Les rues de Rome ont connu un trafic habituel dans la matinée car les salariés des transports publics ne devaient débrayer qu'à partir de 10h00.
D'après les syndicats, de 60% à 100% des ouvriers de Fiat ont abandonné leur poste de travail. Le constructeur automobile n'a pour sa part fait état que de 18,5% de grévistes.
FERMETE APPARENTE DU GOUVERNEMENT
A Milan, la grève a contraint La Scala a annulé ses représentations de vendredi.
Une soixantaine de manifestations étaient prévues dans la journée dans l'ensemble de la péninsule.
Une action similaire menée en octobre à l'appel des trois principaux syndicats italiens, qui représentent 11 millions de salariés et de retraités, avait amené le gouvernement à amender son projet initial de réforme des retraites.
Les syndicats jugent toutefois ces amendements insuffisants et avancent en outre d'autres revendications concernant les salaires, la protection sociale et la crise économique.
Le ministre des Affaires européennes, Rocco Buttiglione, a toutefois prévenu qu'aucune autre modification du projet de réforme n'était à attendre.
"Le gouvernement a déjà modifié de manière significative sa proposition initiale afin de prendre en compte autant que possible les préoccupations des syndicats", a-t-il estimé. "Cette grève ne porte pas sur les retraites."
La réforme des retraites vise à économiser 0,7% du Produit intérieur brut et à réduire la dette et le déficit budgétaire. Le gouvernement a promis de la mener à terme en dépit de l'opposition des syndicats, mais il est peu probable qu'il la fasse adopter par le Parlement avant les élections européennes de juin, de crainte de s'aliéner les électeurs.
Actuellement, les Italiens peuvent prendre leur retraite à 57 ans s'ils ont cotisé pendant 35 ans. Le système des pensions absorbe 15% du PIB, une proportion qui risque d'augmenter avec la baisse de la natalité et l'allongement de l'espérance de vie.
Le gouvernement a présenté ce mois-ci au Parlement son projet qui repousserait l'âge de la retraite à 60 ans à compter de 2008, mais il a immédiatement reporté la poursuite du débat au 19 avril.
Le mouvement organisé vendredi est la troisième grève générale depuis l'arrivée au pouvoir de Berlusconi, en 2001.
Son éphémère gouvernement de 1994 était tombé à propos - déjà - de la réforme des retraites.