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Message Publié : 17 Mai 2004, 16:48
par faupatronim
(Le Monde @ 17 mai 2004 a écrit :
Grève dans une Banque populaire pour contester le "racket du client"

Limoges correspondance




C'est un mouvement de grève singulier. Depuis mercredi 12 mai, une partie du personnel de la Banque populaire Centre-Atlantique (BPCA) a cessé le travail en Limousin, en Poitou-Charentes et en Dordogne. Au cœur de ce conflit, la mise en place par la direction, vers la mi-avril, d'une nouvelle politique tarifaire. Entre 300 et 400 salariés, sur les 1 000 que compte la banque dans huit départements, protestent contre ce qu'ils n'hésitent pas à qualifier de "racket du client". La question du prix des services bancaires, de plus en plus taxés par les établissements, est en jeu.

"La nouvelle tarification concerne notamment les lignes d'écriture des extraits de comptes professionnels. Plus il y a d'opérations, plus la commission est élevée. Cela signifie que tout le monde est taxé, y compris les comptes créditeurs", s'insurge Jean-Luc Laffetas, représentant de Force ouvrière, conseiller commercial à la BPCA à Limoges, qui trouve injuste de pénaliser ainsi "les bons clients qui ne sont pas à découvert". "Depuis quelques semaines, nous devons faire face à une avalanche de réclamations. Des clients menacent de passer à la concurrence. Le système est devenu une nébuleuse tellement complexe que nous n'arrivons pas à leur expliquer pourquoi cet argent leur est prélevé." Et le syndicaliste de reprocher à la direction de ne pas avoir pris le temps d'informer la clientèle. De son côté, Pierre Gautier, directeur général de la BPCA, répond que l'information sur les tarifs a été effectuée "dans les normes fin 2003. Il n'y a eu que 500 à 600 réactions parmi nos 200 000 clients". Des chiffres que contestent les syndicats. M. Gautier entend proposer aux partenaires sociaux un groupe de travail paritaire pour réfléchir sur le sujet.

"PRESSION DÉMENTIELLE"

Au-delà de la politique tarifaire, élément déclencheur de la crise, le personnel de la Banque populaire Centre-Atlantique parle d'un malaise plus profond, de mécontentements accumulés depuis plusieurs années. Les méthodes commerciales sont ainsi pointées du doigt par Françoise Moreau, déléguée syndicale CFDT. "Les salariés sont constamment sous la pression démentielle de la course aux résultats. Un management extrêmement dur a provoqué une grève en décembre 2001." Des tensions visiblement accentuées par des changements importants dans les conditions de travail, survenus depuis un an.

La BPCA est, en effet, issue d'une fusion, en mai 2003, entre deux Banques populaires régionales : la Banque populaire du Centre, située à Limoges, et la Banque populaire Centre-Atlantique, basée à Niort. L'union des deux établissements a entraîné une harmonisation des pratiques. Fin mars, un système informatique commun a été installé. "Sa mise en route est difficile, et le service s'en trouve ralenti", continue Françoise Moreau. L'application de la nouvelle tarification s'est donc ajoutée à un contexte déjà tendu.

Vendredi 16 mai, les négociations entre les syndicats et la direction étaient dans l'impasse. Les grévistes ont voté la reconduction du mouvement en début de semaine. Des rassemblements doivent se tenir, mardi 18 mai, devant le siège social, à Niort, et devant les locaux de la direction générale, à Limoges.

Hélène Pommier