a écrit :
STMicroélectronics : L'État au secours des patrons voyous
STMicroélectronics n'est pas une PME au bord du dépôt de bilan. C'est au contraire une entreprise multinationale de 43000 salariés dans le monde, dont 9600 en France, qui a réalisé un bénéfice net de 253 millions de dollars en 2003.
Cette même année, le PDG, Pasquale Pistorio, pas gêné, déclarait dans un communiqué: "Nous définirons un plan d'action afin d'améliorer notre compétitivité en termes de coûts, en migrant la moitié de notre production 6 pouces basée en Europe et aux États-Unis, vers des sites de production 8 pouces à géométrie plus fine, ou vers nos lignes de production 6 pouces à Singapour."
La seule raison de cette délocalisation est donc l'amélioration de la rentabilité d'une entreprise largement bénéficiaire et qui, de plus, profite largement des aides européennes.
Pendant des mois, les pouvoirs publics ont lanterné les salariés. Nicole Fontaine avait obtenu un sursis de 2 mois qui, bien sûr, n'a rien changé. Quant à Sarkozy, il a osé déclarer: "Pour lutter contre les délocalisations, les aides aux entreprises doivent perdre leur caractère automatique. Et celles qui délocalisent malgré tout devront rembourser." En attendant, ST devrait toucher 600 millions d'euros de subventions publiques d'ici 2007 et, au lieu de lui reprendre ces subventions, l'État a envoyé ses CRS pour aider "le patron voyou" à faire son sale coup.
Le lendemain, vendredi 11juin, une demande d'annulation de la procédure de licenciements économiques, déposée par les salariés, devait être jugée au tribunal de grande instance de Nanterre.
Ce jour-là, quatre cars de CRS attendaient, devant le siège de ST à Montrouge, les manifestants venus en délégation avec un car de Rennes. Quant à la préfecture de Nanterre, de nombreux cars de CRS y étaient mobilisés également pour accueillir ces salariés.
Heureusement d'autres militants étaient venus les accueillir devant les grilles de la préfecture, notamment des salariés de LU Danone ainsi qu'Olivier Besancenot et Arlette Laguiller, venus apporter leur soutien à la lutte menée par les salariés. "L'interdiction des licenciements dans toutes les entreprises qui font des profits" est une revendication qui sonne particulièrement juste à leurs oreilles et ils étaient contents qu'Olivier Besancenot ait parlé d'eux la veille au soir lors de l'émission Mots croisés sur les Européennes.
Le jugement a été mis en délibéré le 2 juillet. Mais le patron et l'État ne l'ont pas attendu pour faire leur mauvais coup. Les travailleurs, eux, ne peuvent qu'être largement du côté des salariés de ST. Il en va de notre avenir à tous.
Lutte Ouvrière n°1872 du 18 juin 2004
a écrit :
La direction de STMicroelectronics ne renonce pas à la liquidation de l'usine de Rennes. Jeudi 10 juin, elle a déménagé les premières machines.Mais il a fallu compter avec l'opposition des travailleurs de l'usine, et c'est avec l'aide des gardes mobiles que l'évacuation s'est faite.
Ceux-ci sont intervenus vers 5h30 du matin et sont entrés dans l'usine. Les salariés qui montaient la garde sous la tente, à l'entrée, ont pu prévenir par téléphone d'autres salariés et des militants qui avaient laissé un moyen de les contacter. À partir de 8h, une bonne centaine de personnes se sont rassemblées devant les entrées. Leur nombre a grossi au point que, quand les camions ont voulu sortir, vers 10 h 30, ils se sont heurtés à l'hostilité des présents.
Les gardes mobiles ont alors dégagé une entrée à coups de gaz lacrymogène et ont repoussé les manifestants pour permettre aux camions d'avancer. Il y a eu alors, sur plus de 500 mètres dans la ville, une sorte de bataille de rues. Les travailleurs cherchaient à bloquer les camions en abandonnant leurs voitures au milieu de la chaussée des rues du quartier. C'est mètre par mètre que le convoi a progressé, à coups de charges de la police et à grand renfort de gaz lacrymogène. Tout ce qui pouvait retarder les camions et les gardes mobiles était jeté sur la chaussée par les manifestants et dégagé, étape par étape, par les gardes mobiles.
Des cailloux ont été lancés contre les camions et deux pare-brise ont été cassés. Le convoi progressant quand même sous la pression policière et les gaz, des salariés se sont couchés sur la chaussée et ont été traînés sur les trottoirs. Pour finir, le convoi a pu sortir de la ville et rejoindre la rocade, escorté par les motards et des camions de la police. Ensuite une centaine de manifestants se sont encore rendus à la préfecture pour protester.
Tous ceux qui ont assisté à ce qui se passait ont pu voir la police escorter et appuyer l'offensive des patrons contre les salariés. L'intervention policière au service d'un patron licencieur et la résistance des salariés ont entraîné une réelle émotion et beaucoup de sympathie dans ce quartier populaire de la ville et chez ceux qui ont vu les images à la télévision.
Pour se justifier, la préfète dit qu'elle n'a rien fait d'autre qu'envoyer la police à STM pour faire exécuter une décision de justice. Mais en l'occurrence, sa justice est là pour satisfaire les calculs cyniques des financiers et pour jeter à la rue des centaines de travailleurs.
La bataille n'est pas terminée. Elle continue sur les deux plans où les salariés l'ont menée depuis l'annonce des licenciements. Sur le plan juridique, ils contestent la validité des licenciements, qualifiés de licenciements boursiers. Le lendemain des affrontements, vendredi 11 juin, ils étaient une cinquantaine à se retrouver devant le tribunal de Nanterre.
Le combat continue aussi sur le terrain, pour contrecarrer les prochaines manoeuvres de STM et pour défendre leur emploi.
Samedi 12 juin, une manifestation a rassemblé un millier de personnes pour protester contre l'intervention policière et, bien sûr, contre la fermeture de cette usine par ce groupe florissant qui jette à la rue 600 salariés pour accroître encore ses profits.
Les travailleurs de STM et ceux qui les ont soutenus sont fiers de la résistance qu'ils ont opposée à ce mauvais coup, même si les patrons ont réussi à sortir quelques machines. Ils sont conscients que s'opposer aux mauvais coups du patronat, c'est défendre sa dignité. C'est aussi préparer les luttes qui aient assez d'ampleur pour réussir à faire que la peur change de camp.
Lutte Ouvrière n°1872 du 18 juin 2004
a écrit :STmicroelectronics
Résistance
Le 10 juin, plus de deux cents salariés de STMicroélectronics-Rennes résistaient pied à pied aux départs de machines sous la protection des gardes mobiles. Le 11, l'affaire était jugée sur le fond à Nanterre. Le 12, une importante manifestation de solidarité défilait dans les rues de Rennes. Jean-Marie Michel, le porte-parole des salariés, fait le point.
- Certains n'ont vu dans les événements de jeudi 10 juin qu'un baroud d'honneur...
Jean-Marie Michel - Cela fait maintenant un an que nous luttons contre la délocalisation. Cet épisode lamentable, commandité par un gouvernement qui montre son vrai visage, ne nous fera pas plier. La tournure devient plus judiciaire, le débat de fond devient public. Le juge se prononcera le 2 juillet. Ce débat est devenu possible parce que les salariés, et en premier lieu les femmes, sont déterminés dans leur résistance. Et la population a montré une forte solidarité.
La veille de l'attaque des gendarmes, je pensais que le gouvernement jouait le pourrissement. Mais les patrons de STM ont un besoin impérieux de ces machines pour répondre aux besoins du marché de la puce électronique. Ils n'ont pas bien estimé notre volonté de résister. Choisir la force la veille du procès et trois jours avant les élections était une erreur fatale. La preuve : la force des réactions.
Des élites syndicales aux directions politiques, l'opinion générale considère les délocalisations comme inéluctables, donc acceptables. A STM, nous avons montré au contraire que les ficelles étaient grosses. La véritable situation économique ne justifie en rien la fermeture du site.
- Vous invitez à une nouvelle rencontre à Rennes le 26 juin, pour organiser la résistance aux licenciements à l'échelle du pays...
J.-M. Michel - Le débat citoyen se met en place, il a besoin de mûrir avant de porter ses fruits. Toutes les entreprises qui se battent ont besoin de se rencontrer. Notre lutte, par sa longueur et son côté pacifique, peut servir d'exemple. Mais il faut construire un mur solide avec toutes les pierres des luttes passées, celles de Metaleurop, de Lu-Danone...
Propos recueillis par Jack Aren
Rouge 2069 17/06/2004
a écrit :Le 17 avril ne doit pas rester le succès d’un jour : tous à Rennes le 26 juin !
Dans le cadre de la lutte contre les licenciements, le 17 Avril près de 20 délégations de salariés d’entreprises syndiquées pour la plupart, ont répondu à l’Appel de Rennes. Cette rencontre fut très riche par l’échange de nos expériences militantes. A l’issue de cette journée, il nous est apparu nécessaire de créer une structure unitaire pour combattre les vagues de licenciements qui déferlent les unes après les autres.
Ce moment est venu !
Nous vous invitons le 26 Juin pour travailler à la création de cette structure.
L’idée forte de cette structure est le rejet du fatalisme face aux licenciements. Nombres d’expériences démentent cette inéluctabilité. Ainsi, à Thomson, la Direction a renoncé aux licenciements après 6 mois de lutte ; A STM, la lutte des salariés contraint la Direction à modérer l’empressement à fermer le site et oblige les politiques à étudier plus sérieusement la ré industrialisation du site.
La voie de la lutte reste la plus sûre pour la « gagne ».
Mais la lutte doit être unitaire, large et durable pour vaincre cette politique dite libérale qui permet aux entreprises de licencier et précariser en toute liberté après avoir bien souvent empoché de grosses subventions. Beaucoup d’entre nous sont syndiqués et pensent que toutes les énergies sont nécessaires pour construire le « tous ensemble » ! Alors à côté des syndicats et nous espérons avec leur total soutien nous avons décidé d’aller de l’avant !
Oui aller de l’avant en nous dotant d’une structure permanente, qui soit un véritable outil de combat car réellement nous n’avons pas d’autre alternative que de combattre pour notre devenir.
Tous ceux qui constatent que le pouvoir des élus dans les entreprises est insuffisant !
Tous ceux qui pensent que les fonds publics seraient mieux utilisés s’ils n’étaient pas distribués aux entreprises qui délocalisent et licencient finançant du même coup nos propres licenciements !
Tous ceux qui pensent que le salaire doit être un droit inaliénable et une vraie formation une obligation dans l’attente d’un nouveau travail.
Tous ceux-là doivent se donner rendez-vous à Rennes le 26 juin.
Le 26 juin à Rennes soyons tous « Carrément Anti-Licenciements » !
☛ Contacts : José (06 07 46 97 34), Jean-Marie(06 81 57 53 93), Patrick(06 65 55 75 69), Yves(06 89 86 59 86), Jean-Georges (06 70 10 00 99)
a écrit :APPEL DU COLLECTIF RESISTANCE 2004
Lors des rencontres, des 17 avril et 26 juin 2004 à Rennes, à l'initiative des salariés de STMicroelectronics et Thomson, de nombreuses délégations d'entreprises en lutte contre des plans sociaux et des licenciements ainsi que des salariés duservice public ont partagé leurs expériences et déclarent :
• Que ces licenciements et ces délocalisations ne relèvent pas d'une quelconque fatalité mais sont le résultat d'une politique patronale visant à toujours plus de profits en exploitant les salariés où sont délocalisées les productions.
• Qu’il est de notre devoir de lutter contre ces licenciements et de nous en donner les moyens.
En conséquence il a été décidé la création d’un collectif national pour fédérer les luttes contre les licenciements et pour garantir le droit au travail.
Ce collectif RESISTANCE 2004 lance un appel exigeant la modification de la législation sociale afin de :
Garantir le pouvoir décisionnel des salariés dans leur entreprise
Actuellement les dispositions du code du travail ne donnent pas aux salariés les moyens de rejeter les raisons invoquées par le patron lors des licenciements.
Les instances représentatives du personnel doivent avoir un vrai pouvoir décisionnel au niveau de l’entreprise et de la branche, en particulier, ils doivent pouvoir contester les raisons de licenciement invoquées par le patron et posséder un droit de veto.
Les mêmes dispositions doivent être valables au niveau européen
La loi doit interdire aux entreprises ou groupes la pratique des licenciements de profitabilité
Assurer le contrôle des fonds publics alloués aux entreprises
Il est intolérable de voir « privatiser les profits et nationaliser les pertes ». Par exemple STM, bien qu’ayant bénéficié de 800 millions € de subventions entre 20003 et 2004, délocalise son site de Rennes et ce sont les collectivités locales qui vont devoir investir pour essayer de ré-industrialiser ce site.
La loi doit donc:
Assurer une totale transparence dans l’attribution et le suivi des fonds publics au travers d’une convention et d’une instance de suivi et de contrôle.
Cette instance sera composée des représentants des salariés et des collectivités en responsabilité des ressources affectées.
Exiger le remboursement des aides de la part des entreprises en cas de non-respect de la convention, au prorata des obligations non respectées.
Assurer un emploi et un salaire
Le risque principal réside aujourd’hui dans le chômage et la précarité. Les reclassements après licenciements
signifient déclassement, précarité et pour les non reclassés chômage et exclusion.
Il faut garantir le droit au travail et affirmer le salaire comme un droit imprescriptible
En cas de perte d’emploi, il ne doit pas y avoir de discontinuité concernant l’attribution du salaire, ce financement sera à la seule charge du patronat grâce à un fond patronal obligatoire.
« le seul combat que l’on perd vraiment est celui que l’on refuse de livrer »
Le collectif national RESISTANCE 2004
invite toutes les personnes, associations, collectifs, syndicats, voulant se
battre contre les licenciements à signer cet appel et rejoindre ce collectif.
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