La lutte des employés de la SNCM

Message par Barikad » 20 Sep 2004, 19:20

("Liberation.fr" a écrit : 
La corsisation passe mal chez les syndicats «continentaux»

Ils dénoncent l'accord entre le Syndicat des travailleurs corses et la société de ferries Corse-Méditerranée • «Communautarisme», crie FO • «Discriminatoire», juge la CGT •

Par Libération.fr
lundi 20 septembre 2004 (Liberation.fr - 17:58)



non, non, et encore non. La CGT dès dimanche soir, puis Force Ouvrière et la CFTC lundi, ont dénoncé comme prévu l'accord conclu dimanche entre le Syndicat des travailleurs corses (STC) et la direction de la Société nationale Corse-Méditerranée (SNCM) pour mettre fin à quinze jours de grève. «Je ne me prononce pas sur le volet salarial de cet accord. Mais il y a un problème sur un volet qui relève, selon nous, du communautarisme et qui pose un problème par rapport aux valeurs républicaines», a déclaré le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly. «On peut se poser la question vis-à-vis des pouvoirs publics. Pourquoi est-ce qu'ils acceptent ça?»
Aux termes de l'accord (lire l'article), la Société nationale Corse-Méditerranée a accepté d'augmenter fortement la prime d'insularité des salariés –dont 800 sur 2400 vivent dans l'île–, portée à 130 euros par mois avec effet rétroactif au 1er janvier 2004 pour les salariés ayant plus de 18 mois d'ancienneté. Et s'engage «à rééquilibrer les nouveaux recrutements» en faveur des insulaires. Cette revendication d'une «corsisation» des emplois est un thème cher aux partis nationalistes et indépendantistes, dont les principaux leaders ont fortement soutenu le STC.

C'est aussi un thème cher à la CFDT, mais pour le contester. Son président, Jacques Voisin, a prévenu: «Si le relevé de conclusions devait se transformer en accord, la CFTC participera à sa dénonciation comme elle l'a fait au mois de mars», a-t-il déclaré lundi sur LCI, rappelant que «la justice» avait alors «donné raison à ceux qui avaient dénoncé l'accord, à cause de la préférence insulaire». «Il faut favoriser l'emploi local, mais il faut être équitable», a-t-il estimé, soulignant qu'il «n'y a pas que la Corse, il y a aussi la région Provence-Alpes-Côte d'Azur».
La CGT, majoritaire à la SNCM, n'est pas en reste. Dimanche, elle a demandé à «l'Etat actionnaire de frapper de nullité» un accord qu'elle juge «discriminatoire et lourd de conséquences». Et lundi, le syndicat a posé comme «préalable» à la reprise normale du trafic le «rattrapage salarial» des deux semaines de grève pour les «97% de salariés» non grévistes qui ont été «arbitrairement mis en congé», selon les termes du secrétaire général des marins CGT, Jean-Paul Israël.
Dimanche soir, la SNCM avait indiqué que le trafic redeviendrait normal lundi soir «en raison des impératifs techniques et des nécessités de remises en horaires».
Barikad
 
Message(s) : 0
Inscription : 28 Mai 2003, 09:18

Message par ianovka » 20 Sep 2004, 19:23

C'est vrai que ça a l'air bien puant leur truc !
Quand on voit en plus qu'en Corse les violences xénophobes augmentent à une vitesse folle c'est assez inquiétant.
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
Avatar de l’utilisateur
ianovka
 
Message(s) : 163
Inscription : 30 Août 2002, 11:30

Message par pelon » 21 Sep 2004, 23:18

Quand on dit que le nationalisme est l'ennemi des travailleurs, on pense à Le Pen et sa "préférence nationale". On a ici un exemple de ce que le nationalisme corse est capable de créer comme division parmi les travailleurs. Il est en train d'exacerber une hostilité entre des travailleurs qui ne pourra que les affaiblir dans les luttes futures. Le nationalisme, c'est vraiment la vérole.

a écrit :
Le gouvernement valide l'accord conclu à la SNCM
LEMONDE.FR | 21.09.04 | 20h43
L'accord conclu entre la compagnie maritime SNCM et le Syndicat des travailleurs corses avait suscité quelques critiques de ministres.

Le gouvernement a estimé, mardi 21 septembre, que l'accord conclu entre la compagnie maritime SNCM et le Syndicat des travailleurs corses (STC) n'enfreint pas le "principe de non discrimination à l'embauche", a indiqué Matignon dans un communiqué à l'issue d'une réunion interministérielle.

Le relevé de conclusions dressé par la direction de la société prévoit que "à compétences égales (formation et aptitudes) et dans le cadre des normes de recrutement de l'entreprise, la SNCM décide de rééquilibrer les nouveaux recrutements de navigants résidant en Corse et dans les autres régions", note le communiqué. "Dans ce but, la SNCM développera des partenariats avec les établissements d'enseignement (lycées hôteliers et professionnels, lycée maritime et aquacole) et la formation continue et en alternance", est-il ajouté. "Dans ces conditions, ces engagements n'apparaissent pas contraires au principe de non-discrimination à l'embauche", poursuit Matignon. "L'Etat sera vigilant pour assurer le strict respect de ce principe dans la mise en oeuvre", ajoute le service de presse du premier ministre.

Des salariés de la SNCM, mécontents de la réunion de leurs représentants syndicaux et des représentants de l'Etat au ministère des transports, bloquaient mardi en début de soirée deux navires à destination de la Corse. "Nous avons suivi pas à pas ce qui se passait dans les négociations à Paris. La pression est montée au fur et à mesure des comptes-rendus. Maintenant c'est l'exaspération", a expliqué Bernard Marty, secrétaire CGT du CE de la SNCM. "On est en train de nous promener et je crois que l'on se dirige vers un conflit géant", a ajouté le syndicaliste en annonçant la tenue d'une assemblée générale de l'intersyndicale de la SNCM mercredi matin devant le siège de l'entreprise à Marseille.

La signature dimanche d'un accord entre la compagnie maritime SNCM et le Syndicat des travailleurs corses (STC), partisan d'une "corsisation des emplois", avait suscité un véritable tollé et avait même été vivement critiqué par des membres du gouvernement.

S'exprimant mardi matin devant l'Association des journalistes économiques et financiers (AJEF), le ministre délégué à l'industrie, Patrick Devedjian, avait déclaré qu'il ne voyait pas comment les juridictions pourraient valider cet accord. "Juridiquement, c'est quoi un Corse ?", s'était-il demandé. "La France a connu un débat juridique sur l'origine ethnique des gens pendant le pire moment de son histoire, l'Occupation. Je ne crois pas que les Français aient envie de se rappeler ça et, en tous les cas, cela me parat complètement incompatible avec les fondements juridiques de notre Etat.", avait-il notamment déclaré.

Le ministre de l'agriculture, Hervé Gaymard, avait jugé que des discriminations fondées sur des critères ethniques étaient "contraires à la République". Le ministre avait souligné sur Europe 1 qu'une juridiction administrative avait annulé dans le passé des dispositions pour des allocations familiales "puisqu'on les réservaient à des Français". "Je ne suis pas juriste mais il me semble qu'il peut y avoir des suites", avait-il estimé.

L'accord conclu dimanche a mis fin à une grève de deux semaines et permis le rétablissement des liaisons maritimes avec le continent. La Société nationale Corse-Méditerranée a accepté d'augmenter fortement la prime d'insularité des salariés, portée à 130 euros par mois avec effet rétroactif au 1er janvier 2004 pour les salariés ayant plus de 18 mois d'ancienneté.

Avec Reuters

pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Message par Valiere » 21 Sep 2004, 23:33

Le nationalisme, le régionalisme et la préférence nationale ou communautaire sont des véroles, effectivement...
Valiere
 
Message(s) : 0
Inscription : 07 Mars 2004, 22:35

Message par Valiere » 22 Sep 2004, 12:22

Tous les gouvernements capitulent devant les nationalistes réactionnaires corses et là ils s'en donnent à coeur joyeux car ils donnent un coup au syndicalisme confédéré qui est contre cette préférence communautaire.
Valiere
 
Message(s) : 0
Inscription : 07 Mars 2004, 22:35

Message par Valiere » 23 Sep 2004, 15:56

Tout ceci montre que les confédérations comme FO et la CGT ont certains principes et tant mieux...Il faut saluer ce positionnement opposé aux communautaristes nationalistes.
Valiere
 
Message(s) : 0
Inscription : 07 Mars 2004, 22:35

Message par pelon » 23 Sep 2004, 16:55

Oà l'on voit que cet accord n'est pas fait pour les travailleurs (corses ou pas) mais pour d'autres appétits.


a écrit :
À la SNCM : Les calculs des nationalistes inquiètent les travailleurs

Après quinze jours de blocage des navires de la SNCM, la Société Nationale Corse-Méditerranée qui assure entre autres le trafic entre Corse et continent, la grève appelée par le STC (Syndicat des Travailleurs Corses) s'est arrêtée le 18 septembre. Le "relevé de conclusions" qui en est sorti a paru assez inquiétant pour les autres syndicats et les travailleurs de la SNCM pour que, trois jours après, le travail n'ait pas encore vraiment repris dans la compagnie.

Les revendications du STC

C'est samedi 4 septembre que le STC de la SNCM, syndicat nationaliste, avait appelé les travailleurs des agences portuaires à la grève. Ses revendications multiples concernaient certains agents de Nice, Bastia, Ajaccio et Marseille. Il demandait aussi de donner à la direction locale de Corse "une réelle autonomie décisionnelle et financière".

Le trafic entre la Corse et le continent était arrêté. D'après la direction, les grévistes étaient environ 70 sur les 2400 salariés de la Compagnie. Les marins, respectant la tradition, n'ont pas voulu s'opposer aux syndicalistes et les bateaux sont restés à quai pendant deux semaines.

Dimanche 19, les négociations entre la direction et le STC, en présence des Chambres de commerce et d'industrie et de l'Exécutif de Corse, aboutissaient à un relevé de conclusions qui éclairait un peu les objectifs réels des dirigeants du STC dans cette grève. Outre quelques mesures d'avancement et des primes dites d'insularité ou de polyvalence pour quelques salariés des agences de Nice, d'Ajaccio et de Bastia, l'accord prévoyait que "la fonction du directeur général adjoint pour la Corse sera confortée et renforcée dans le cadre de l'évolution de la stratégie globale de l'entreprise, notamment en précisant les délégations de pouvoir qui lui sont conférées dans une optique de responsabilité de décisions accrues et plus larges". Il décide l'ouverture d'une centrale d'achat en Corse et l'augmentation du nombre d'embauches de navigants résidant en Corse.

Le texte, sous la tête de chapitre "rééquilibrage des recrutements des navigants résidant en Corse", est le suivant: "À compétences égales (formation et aptitudes) et dans le cadre des normes de recrutement de l'entreprise, la SNCM décide de rééquilibrer les nouveaux recrutements de navigants résidant en Corse et dans les autres régions, ainsi que leurs journées d'emploi."

Le STC ne dit pas défendre les intérêts des travailleurs en général, mais celui des travailleurs corses. En fait, aucune discrimination en défaveur des travailleurs corses n'est apparue jusqu'à présent dans l'embauche. Ils sont d'ailleurs nombreux dans l'effectif de la SNCM. En fait, les revendications nationalistes mises en avant par le STC semblent surtout intéresser les patrons de l'île.

Les patrons corses, les producteurs de mandarines et les autres souhaitent bénéficier de conditions très avantageuses pour le transport de leurs marchandises, qu'ils les achètent ou qu'ils les vendent sur le continent, et ils souhaitent que les marins s'abstiennent de revendiquer et de se mettre en grève. Ils n'ont pas habituellement de mots assez durs à l'égard des grévistes dont ils disent qu'ils prennent l'île en otage, qu'ils l'affament. Or, rien de tel cette fois-ci, le Medef de Corse comme la Chambre de commerce et d'industrie se sont bornés à regretter que la direction de la SNCM ne négocie pas plus rapidement avec le STC. Seules les entreprises du tourisme se plaignaient de la situation.

Sur l'île, le soutien au mouvement du STC semble avoir été limité: une soirée de soutien organisée à Bastia dimanche 12 septembre réunissait une cinquantaine de personnes. Des travailleurs corses de la Compagnie disent que le souci des nationalistes n'est pas les emplois mais le pouvoir et l'argent.

Inquiétude du personnel

Le résultat des négociations a beaucoup inquiété la grande majorité des travailleurs de la SNCM, y compris corses et qu'ils soient de Corse ou du continent. N'est-ce pas là un début de régionalisation? N'est-ce pas le risque de la coupure de la Compagnie en deux? Une compagnie régionale aurait-elle encore la dimension suffisante pour assurer le service public sur la Corse? N'y a-t-il pas des risques de privatisation?

"L'enveloppe", l'argent versé par l'État, destiné à assurer le principe de la "continuité territoriale" entre la Corse et le continent, est depuis quelques années géré par l'OTC (Office du Transport en Corse). Réparti entre les différents modes de transport aérien, maritime, routier et ferroviaire, il excite les envies. Cette enveloppe ne peut être distribuée que pour le trafic des cargos mixtes (transport de fret et transport de passagers à la fois), et non pour le trafic uniquement passagers assuré par les ferries ainsi que le fait la compagnie italienne concurrente Corsica ferries.

Les salariés de la SNCM craignent des pertes d'emplois et même la fermeture de l'entreprise. Ils craignent la convoitise des compagnies dites consignataires (c'est-à-dire des compagnies auxquelles la SNCM s'est associée pour le trafic en direction de certaines destinations) de la Compagnie privée Corsica Ferries ou de la puissante compagnie privée CMA-CGM, sans doute intéressée à reprendre les lignes du Maghreb qui prennent de plus en plus d'importance et sont le secteur le plus rentable de la société.

Tous les syndicats, en dehors du STC, se sont opposés aux clauses sur une priorité d'embauche en fonction du lieu de résidence, qu'ils ont jugées discriminatoires. À leur appel, le 21 septembre au matin à Marseille, l'équipage du ferry Île de Beauté, au lieu de partir pour la Sardaigne s'est installé devant le siège à partir de 6 h 30 avec le soutien des personnels de l'Agence et des Ateliers. Les ferries sont désarmés, seuls ont navigué les cargos pour la Corse. Personne n'a travaillé aux Ateliers. À l'Agence marseillaise, tant sur les quais qu'au siège, le personnel n'a travaillé que pour permettre le départ des navires des compagnies consignataires, CTN, compagnie tunisienne, et l'ENTMV, algérienne. Il s'agissait de soutenir la délégation de l'intersyndicale (CGT, FO, CGC, CFTC...) qui se rendait au ministère des Transports à Paris pour demander l'annulation du relevé de conclusions négocié entre le STC et la direction de la SNCM.

L'immense majorité des travailleurs avec l'intersyndicale demande à ce que la SNCM reste une compagnie nationale et avant tout un service public. Il reste aussi la menace bien réelle du gouvernement qui a déclaré au cours de la grève à propos de recapitalisation qu'il fallait "faire des efforts". La dernière fois qu'il a été question d'"efforts", cela s'est soldé par la suppression de 300 emplois. La direction ne cesse de proclamer que la compagnie est dans une piètre situation, qu'elle ne s'en sort pas, qu'elle est accablée de dettes. Les salariés craignent qu'après la fermeture de l'agence de Toulon, tous ces propos n'aient pour but que de justifier la fermeture de l'agence de Nice, puis, ultérieurement, la fermeture de celle de Marseille et l'abandon total de la compagnie.

L'agence de Marseille n'a donc travaillé que pour assurer les départs des bateaux des Compagnies consignataires. Les ateliers ont rejoint les marins devant le siège pour toute la journée. Les employés des bureaux du siège et ceux des bureaux des quais ont rejoint le personnel dans la rue.

L'après-midi du mardi, apprenant que le gouvernement défendait l'accord, le personnel présent s'opposait au départ du cargo Paglia Orba. Une assemblée générale du personnel était prévue pour mercredi 22 septembre à 11 heures. La CGT appelait d'emblée à continuer une lutte qui risquait d'être longue.

Correspondant LO

Lutte Ouvrière n°1886 du 24 septembre 2004
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

PrécédentSuivant

Retour vers Dans le monde du travail

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 5 invité(s)

cron