la pédagogie cognitiviste

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Wapi » 14 Fév 2005, 20:28

La fin de l'article, tant qu'à faire.

a écrit :Cette vision nous semble passablement éloignée de la réalité du métier et,
contrairement à ce qu’affirme l’auteur, elle n’a rien de nouveau et d’original. Il
s’agit en fait d’une conception technologique et instrumentale de l’enseignement,
venant en droite ligne du béhaviorisme et que l’auteur réactive par le biais de la
psychologie cognitive. Cette conception assimile la pratique du métier d’enseignant
à une activité scientifique capable de contrôler l’ensemble des “variables”
impliquées dans la situation éducative et d’agir sur elles grâce à des techniques
scientifiques ou éprouvées. Au surplus, et au-delà de toutes considérations théoriques
sur son bien-fondé, soulignons que cette conception, lorsqu’on s’efforce
d’imager sa mise en application pratique, ressemble drôlement aux formes d’enseignement
les plus traditionnelles: les Jésuites et leur célèbre Ratio Studiorum,
les Frères des écoles chrétiennes concevaient eux aussi l’enseignement comme
une activité sans contingence, complètement déterminée par un programme d’action
défini a priori, par un contrôle strict.

Cette conception repose notamment sur l’idée que les buts de l’activité
éducative sont donnés d’avance (c’est-à-dire non problématiques) et que le savoir
de l’enseignant intervient uniquement sur le plan des moyens. Or, les limites de
cette conception résident dans ce qu’on peut appeler l’hétéronomie des fins et des
normes caractérisant la mission de l’école actuelle et la pratique des enseignants.
Ce phénomène signifie que l’école et les enseignants poursuivent simultanément
des fins non convergentes a priori et qui peuvent être carrément contradictoires.
Cette hétéronomie peut se manifester concrètement dans le travail enseignant de
plusieurs façons. Par exemple, travailler avec les élèves en tant que groupe
moyen standardisé et en même temps tenir compte, si possible, des écarts
individuels, de ceux qui avancent plus vite et de ceux qui sont plus lents que le
reste du groupe. Ces finalités ne sont pas nécessairement contradictoires dans
l’abstrait, où il est toujours possible de montrer, par exemple, que la poursuite
de “l’excellence” et l’intégration des élèves en difficulté d’apprentissage sont
deux “valeurs complémentaires,” mais elles peuvent et deviennent effectivement
contradictoires lorsqu’on sait que le temps du maître est compté, que ses
ressources sont limitées et qu’il ne peut pas atteindre tous les buts à la fois. Bref,
les fins poursuivies, si elles peuvent toujours se concilier dans l’abstrait de la
rhétorique ministérielle, débouchent concrètement à l’application sur une
problématique de leur hiérarchisation.

Autre exemple: passer et suivre le programme prévu, mais en même temps,
dans le même lieu, avec les mêmes élèves, semaine après semaine, permettre,
accepter ou même favoriser l’expression de ce qui n’est pas prévu, de ce qui
surgit sur le tas, sur le vif, à la mesure des dérives verbales et intellectuelles,
physiques et émotionnelles grâce auxquelles on finit par apprendre et enseigner
autre chose (ou ne rien apprendre et ne pas pouvoir enseigner) dans une classe.
Quelle est la tolérance du maître à cet égard, à quelle enseigne doit-il se loger
pour juger de ce qu’il convient de faire exactement? Un dernier exemple: les
tensions entre l’ordre disciplinaire dans la classe, ordre essentiel sans lequel il
n’y aurait pas de classe et dont le maintient constitue l’un des traits forts de la
compétence professionnelle pour les enseignants eux-mêmes, et les transgressions
parfois minuscules, parfois importantes de cet ordre, à travers lesquelles les
interactions surgissent comme lieu de négociation entre le maître et les élèves,
négociation où le maître ne peut plus, ne doit plus se réfugier derrière des
règlements, mais se mettre en jeu comme personne capable “d’embarquer” les
élèves, afin qu’ils le suivent dans un processus d’apprentissage autrement qu’en
faisant semblant d’être là, endormis les yeux ouverts.

Bref, ces quelques exemples montrent que les buts éducatifs poursuivis par les
enseignants ne sont pas si évidents et si clairs que le suppose la conception
instrumentale de l’auteur: ces buts ne surplombent pas l’action, mais dépendent
étroitement des choix et des stratégies développés par les enseignants dans le
contexte de l’action en classe. Il en découle que l’activité éducative dans les
classes ne peut jamais se limiter à un savoir scientifique portant exclusivement
sur des faits et des moyens; elle implique au contraire une référence à des fins,
c’est-à-dire à des normes sociales, éthiques, politiques, éducatives. Or jusqu’à
preuve du contraire, il n’existe pas une science des normes. C’est ici qu’intervient
ce qu’on peut appeler l’autonomie professionnelle des enseignants dans les
classes: cette autonomie signifie que le savoir-enseigner ne se réduit pas à
l’application de moyens pour des fins prédéterminées, qu’il intervient également
sur le plan normatif et interprétatif (et non plus technique et scientifique) d’une
sélection et d’une hiérarchisation entre des fins hétéronomes. Ce qu’on appelle
les “styles d’enseignement” correspond à notre avis à de tels engagements
normatifs, ceux-ci conduisant à privilégier telle ou telle fin dans le cours même
de l’activité pédagogique. Cette hétéronomie des fins constitue également un
phénomène non négligeable pour comprendre certains aspects concrets du travail
enseignant, notamment le problème si souvent invoqué par les enseignants du
manque de ressources pour réaliser tout ce qu’on leur demande en même temps
(Tardif, Lessard et Lahaye, 1991). Problème d’autant plus aigu qu’il est laissé
à la discrétion des enseignants, ceux-ci devant eux-mêmes faire un tri officieux
parmi les objectifs prônés officiellement par l’organisation scolaire.
Bref, la conception technologique et instrumentale de l’auteur nous semble fort
éloignée de la pratique professionnelle réelle des enseignants et des contraintes
qui structurent effectivement son déroulement. Depuis un siècle, les diverses
psychologies qui se sont succédé à tour de rôle (psychanalyse, béhaviorisme,
humanisme, cognitivisme, etc.) ont pour la plupart soutenu être capables de
résoudre définitivement les problèmes de l’enseignement, en montrant tantôt qu’il
était une science, tantôt une science appliquée (une technologie), tantôt une sorte
de thérapie. Le livre de l’auteur se rattache directement à cette lignée et découle
de la même prétention à fonder une science de l’enseignement.
Enfin, la conception “scientiste” de l’auteur à propos de l’enseignement n’est
pas sans causer d’autres ambiguïtés, notamment en ce qui concerne la communication
verbale impliquée dans le cadre d’activités pédagogiques. En effet, l’auteur
affirme que l’enseignement stratégique a pour objet de permettre aux élèves de
traiter de manière adéquate les informations proposées dans le cadre d’apprentissage.
Pour ce faire, il conçoit le rôle de l’enseignant comme étant d’enseigner
aux élèves, à titre d’expert, les stratégies les habilitant à se doter de moyens leur
permettant d’acquérir ou de cumuler, dans la mémoire, de nouvelles connaissances
en vue d’accéder à une compréhension de plus en plus raffinée de la réalité.
La difficulté qui se pose réside, à notre avis, dans le fait que cette conception de
l’enseignement laisse supposer un statut particulier à l’enseignant, c’est-à-dire un
quelconque statut de “scientifique,” détenteur des seules manières appropriées et
signifiantes d’appréhender de nouveaux contenus, peu importe leurs finalités. De
plus, cette conception de l’enseignement laisse supposer que l’enseignant est
parvenu, au cours d’expériences multiples et variées, à se doter d’une panoplie
de stratégies lui permettant d’appréhender avec sens diverses formes de savoirs.

Ainsi, l’enseignant-expert, détenteur des raisonnements appropriés en matière
d’apprentissage, voit son rôle orienté vers la sélection et l’enseignement explicite
de stratégies adaptées répondant à la fois aux intérêts et aux besoins de chacun,
puis vers la reproduction instrumentée de celles-ci, visant à permettre aux élèves
de se doter, par reproductions répétées, de moyens efficaces pour appréhender
avec sens les contenus pédagogiques présentés en les traitant de manière
appropriée. Ce faisant, le but de l’enseignement stratégique sera de permettre à
chacun de traiter les informations perçues de manière à lui procurer l’occasion
d’accéder, à partir de connaissances antérieures, à une connaissance de plus en
plus “objective” (c’est-à-dire de plus en plus impersonnelle et intemporelle) de
la réalité, à savoir la connaissance élaborée par l’enseignant au cours d’expériences
antérieures.
À notre avis, en limitant ainsi l’enseignement à la modélisation de stratégies,
l’auteur laisse peu de place à la négociation des significations construites par les
élèves vis-à-vis des contenus appréhendés et tient peu compte de la “viabilité”
(c’est-à-dire de ce qui procure un sens aux expériences de cognition) de leurs
représentations au regard d’expériences nouvelles. Ainsi, tout porte à croire que
l’enseignement stratégique, à lui seul, permettrait aux élèves de se doter de
raisonnements les habilitant à se construire une compréhension de plus en plus
“fidèle” de la réalité. Mais au fait, de quelle réalité s’agit-il?

Sur ce point, l’auteur laisse encore subsister d’autres ambiguïtés. Par exemple,
s’agit-il de l’accession vers une connaissance de la réalité ontologique tel que le
permet la conception empirico-réaliste de la science? Ou de la réalité expériencielle
de l’apprenant? Au fait, la réalité ontologique est-elle accessible sur le plan
des connaissances?

De notre point de vue, cette question s’avère de première importance
puisqu’elle laisse entrevoir des enjeux énormes pour la pédagogie. À titre
d’exemple, si l’enseignement stratégique vise à permettre aux élèves une meilleure
accession vers une connaissance de la réalité ontologique, le scénario
d’apprentissage découlant de cette conception présupposera chez le maître une
représentation “sans défaut” de cette réalité, ne serait-ce que d’un point de vue
“idéalisé” des éléments permettant de l’interpréter. En ce cas, il ne restera plus
au maître, seul détenteur de Vérité, qu’à permettre aux élèves, par la voie d’un
entraînement répété, de se doter de stratégies leur permettant de se constituer une
représentation semblable à la sienne.

Par contre, si l’enseignement stratégique vise à permettre aux élèves une
meilleure compréhension de leur monde d’expériences, le scénario d’apprentissage
découlant de cette conception présupposera chez le maître qu’il centre ses
efforts sur la négociation perpétuelle des différents points de vues, y compris le
sien, afin de permettre à chacun de se constituer une conception “viable” de leur
réalité expérientielle. Ce faisant, le rôle de l’enseignant consistera à soutenir les
élèves dans leurs itinéraires cognitifs dans le but de leur permettre d’adapter leurs
représentations aux contraintes imposées par la réalité. Pour ce faire, il ne lui
suffira plus de “dresser” les élèves à mémoriser des stratégies leur permettant de
résoudre des problèmes circonscrits dans le cadre d’activités pédagogiques (en
espérant qu’ils puissent généraliser leurs apprentissages à d’autres expériences).
Au contraire, l’enseignant sera dorénavant obligé de soutenir ses élèves dans la
poursuite de leur itinéraire cognitif en les confrontant à des expériences nouvelles
et accesibles plutôt que de les soumettre à de simples activités de répétition de
stratégies, qu’elles soient d’ordre cognitif ou métacognitif. Par exemple, c’est un
secret de Polichinelle que de constater que les formes de savoirs proposés dans
le cadre des programmes d’enseignement reposent sur des finalités différentes.
Pour appréhender avec sens ces nouvelles formes de savoirs, l’élève doit d’abord
prendre conscience de ses propres représentations (ou conceptions spontanées)
et exercer sur elles une “réflexivité,” c’est-à-dire s’interroger sur les fondements
de ses explications, sur les limites de ces fondements dans le but de les situer par
rapports aux différentes règles sous-tendant les différents jeux de connaissances
lui étant proposés dans le cadre d’expériences académiques. Sur ce point, bien
que la conception de l’auteur concernant l’intégration de connaissances nouvelles
aux connaissances antérieures des apprenants puisse sembler pertinente au regard
des expériences vécues dans un même champ de connaissances (celui-ci
présupposant que l’élève connaisse les règles lui étant applicables), elle semble
toutefois porter peu de considération sur la “viabilité” des représentations
élaborées dans l’appréhension de formes de savoirs, celles-ci étant alors
différentes de celles des savoirs communs élaborées avant ou en marge de
l’apprentissage.

À notre avis, seule l’élaboration de conduites réflexives, tant chez l’enseignant
que chez les apprenants permettra à tous de mieux cheminer dans leurs itinéraires
cognitifs et de se constituer une conception procurant du sens à leurs expériences.
Ceci implique, d’une part, que l’enseignant accepte d’exercer sa profession
comme un “reflective thinker” sur sa pratique pédagogique (Schön, 1987) au lieu
d’être un simple transmetteur de stratégies. D’autre part, cela implique également
que l’enseignant et les élèves sous sa responsabilité acceptent de reconsidérer
leurs points de vue, lorsqu’ils procurent peu de sens à leur expériences d’appren-
tissage fondées sur des finalités différentes, dans le but de les “contextualiser”
suivant les règles implicites les sous-tendant. Ainsi, c’est en permettant à chacun
de se construire une meilleure “complexification conceptuelle” que les conceptions
élaborées en cours d’apprentissage auront du sens et qu’elles permettront
à tous de mieux se représenter leurs réalités expériencielles, tout en respectant
les divers “contextes épistémologiques” sur lesquels elles se fondent. À défaut
de permettre cette “complexification conceptuelle,” les connaissances nouvelles
fondées sur des formes de savoirs différents du sens commun risquent de ne
procurer que peu de sens aux élèves et, ce faisant, ces derniers verront leurs conceptions
spontanées émerger dès la moindre situation inhabituelle se présentant
à eux. Ceci aura pour effet de reconnaître, encore une fois, l’impuissance des
théories de l’apprentissage à procurer une explication satisfaisante au problème
de la communication en enseignement.

En terminant, nous voudrions faire une dernière remarque sur le discours de
l’auteur dans cet ouvrage. À notre avis, tout son exposé est dominé par une
rhétorique puisant à deux sources: le vocabulaire de la gestion et le vocabulaire
de l’informatique. Ce livre est tellement truffé de termes empruntés à la gestion
que cela devient agaçant: efficacité, rendement, mesure, stratégie, excellence,
contrôle, calcul, expertise, performance, planification, gestion, etc. On croirait lire
un rapport écrit par un comptable ou un technocrate s’apprêtant à rationaliser leur
entreprise! Il nous semble évident que l’utilisation d’un tel langage n’est pas
neutre, mais indique un engagement idéologique dont les fondements ne sont
jamais questionnés par l’auteur. Ces fondements correspondent à l’idéologie
cognitiviste telle que nous l’avons analysée dans la première partie de ce texte.
Par ailleurs, alors que le béhaviorisme assimilait les êtres humains à des pigeons
compliqués, notre auteur semble, pour sa part, les assimiler à des ordinateurs.
S’agit-il d’une métaphore? S’agit-il d’un postulat? S’agit-il d’une conception
idéologique très à la mode ces temps-ci? On ne le sait pas, hélas. Pourtant, c’est
cette assimilation qui permet à l’auteur de réduire l’enseignement à un processus
de traitement de l’information.

En conclusion, le problème central de tout cet ouvrage est d’évacuer justement
la dimension problématique des thèses et de propos de l’auteur, comme si la
vérité sortait directement de sa plume (ou de son ordinateur personnel!): il s’agit
d’un ouvrage rempli de “solutions,” mais qui ne connaît aucun véritable
problème, puisque tout est résolu d’avance grâce à la science de l’auteur. Jadis,
la théologie fonctionnait de cette façon et on appelait “croyants” ses servants.

Andler, D. (dir.). (1992). Introduction aux sciences cognitives. Paris: Gallimard.
Changeux, J. P. (1983). L’homme neuronal. Paris: Fayard.
Conseil supérieur de l’éducation. (1991). La profession enseignante: vers un renouvellement du
contrat social. Rapport annuel 1990–1991. Québec: Bibliothèque nationale.
330 ESSAIS CRITIQUES / REVIEW ESSAYS
Fodor, J. A. (1975). The language of thought. New York: Crowell.
Freidson, E. (1986). Professional powers: A study of the institutionalization of formal knowledge.
Chicago: University of Chicago Press.
Holton, G. (1981). L’imagination scientifique. Paris: Éditions Gallimard.
Jamous, H. et Peloille, B. (1970). Professions or self-perpetuated systems? Changes in the French
university-hospital system. In J. A. Jackson (Ed.), Professions and professionalization (pp.
109–152). Cambridge: University of Cambridge Press.
Minsky, M. L. (1986). The society of mind. New York: Simon and Schuster.
Moscovici, S. (1984), Psychologie sociale. Paris: Presses universitaires de France.
Popper, K. R. (1978). La connaissance objective. Bruxelles: Éditions Complexe.
Popper, K. R. (1985). Conjectures et réfutations: la croissance du savoir scientifique. Paris: Payot.
Schön, D. A. (1983). The reflective practitionner: How professionals think in action. New York:
Basic books.
Schön, D. A. (1987). Educating the reflective practionner. San Francisco: Jossey-Bass.
Shulman, L. S. (1986). Paradigms and research programs in the study of teaching: A contemporary
perspective. In M. C. Wittrock (Ed.), Handbook of research on teaching (pp. 3–36). New York:
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Sperber, D. (1987). Les sciences cognitives, les sciences sociales et le matérialisme. Le Débat, 47,
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Tardif, M., Lessard, C. et Lahaye, L. (1991). Les enseignants des ordres d’enseignement primaire et
secondaire face aux savoirs: esquisse d’une problématique du savoir enseignant. Sociologie et
Sociétés, 23(1), 55–70.
Varela, J. F. (1989). Connaître les sciences cognitives: tendances et perspectives. Paris: Éditions du
Seuil.




On peut prendre ou non ce papier comme base de départ.
Wapi
 
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Message par delrina » 15 Fév 2005, 08:56

(Wapi a écrit :Mais ceci ne me paraît pas être une idée neuve...
Je crois que ce n'est pas si simple. En éducation, il y a eu quand même un "changement" dans la façon d'aborder l'apprentissage depuis quelques dizaines d'années.
Notamment ces pédagogies donnent une place différente à l'erreur et ce n'est pas négligeable.

a écrit :Le gros problème est que ce type d'enseignement fait seulement la part trop belle à l'évaluation (aux notes pour être clair), qui ont pour finalité de produire une hiérarchie entre bons et moins bons...

C'est là le problème souvent. Nous ne sommes pas dans une société où l'éducation a pour but l'émancipation des êtres humains. Alors certaines têtes pensantes se servent d'idées au départ intéressantes (s'évaluer, c'est prendre conscience d'où on en est, de ses progrès, etc...) pour développer leurs valeurs (l'élitisme, il faut mériter sa place dans la société, etc...)
C'est pour cela que c'est difficile de se situer par rapport à un courant pédagogique, car souvent il regroupe des gens sincères, soucieux de lutter contre les inégalités que génère l'école et d'autres se servent des travaux ou déclarations de ceux-ci pour justifier l'école à plusieurs vitesses ou faire des économies.
delrina
 
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Message par Wapi » 15 Fév 2005, 09:25

a écrit :C'est pour cela que c'est difficile de se situer par rapport à un courant pédagogique


C'est une sage parole, au vu du contexte actuel qui brouille tout.

Bien sûr qu'il y a eu des changements dans la pédagogie depuis quelques dizaines d'années, et je ne défends absolument pas la pédagogie "traditionnelle" par principe.

Mais je pense tout de même qu'il y a eu des "courants" plus intéressants ou plus "progressistes" que d'autres dans la façon d'envisager les rapports d'un élève au savoir.

Et que toutes les bonnes idées sont bonnes à prendre de toutes façons.

On reparlera de la pédagogie institutionnelle issue des "classes coopératives" de Pierre Freinet, Fernand Oury et quelques autres si vous voulez, peut-être sur un autre fil ?

Y a-t-il des forumeurs qui s'y connaissent un peu sur le sujet ?

Voici un lien pour commencer à se faire une toute petite première idée.

http://www.cepi.ouvaton.org/indexmm.html

Wapi
 
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Message par Wapi » 25 Mars 2005, 11:40

Bon. Puisqu'il a été question de Piaget, je mets ici un texte sur sa théorie de la pédagogie, qui ne peut toutefois être qualifiée de "cognitiviste" dans le même sens que pour Tardiff (dans l'article précédent).

a écrit :

 
JEAN PIAGET (1896-1980)


UN PSYCHOLOGUE DANS LE SIECLE DE L'EDUCATION



INTRODUCTION



Pourquoi faire place, dans un cours consacré à l'approche des doctrines éducatives dans une perspective historique, à l'œuvre de Jean Piaget ? Piaget est d'abord un psychologue pas un pédagogue.



Certes, mais :

1) L'histoire de la pédagogie et de l'enfance au 20ème siècle a dans les faits parti lié avec celle de la psychologie ;

2) La psychologie elle-même est d'emblée tributaire d'un projet implicite : mieux connaître pour mieux éduquer. Elle est "rousseauiste" sans (toujours) le savoir.

Jean Piaget n'est ni pédagogue ni spécialiste de l'éducation. Biologiste, philosophe et épistémologue, esprit universel épris de science, si ses travaux l'ont conduit à se pencher sur l'enfance et l'intelligence enfantine, c'est d'abord parce qu'il espérait y découvrir le dernier mot de la connaissance.

Qu'est-ce que connaître ? Piaget est convaincu que l'enfance détient le secret de cette question. La connaissance de l'enfance doit donc être située dans la perspective de cette interrogation philosophique. Et l'éducation en dépend.


. PSYCHOLOGIE ET PEDAGOGIE

1. Psychologue ou pédagogue ?
Chacun le sait : Jean Piaget n'est pas d'abord un pédagogue, mais un psychologue, l'un des quelques grands psychologues de l'enfance et du développement qui ont et continuent d'exercer une influence considérable dans le siècle.

Cette influence est multiple, et on n'en finirait pas d'en suivre la trace. Multiple et conflictuelle, dans la mesure où l'opposition à, comme l'engagement en faveur de la "rénovation" pédagogique se sont souvent exprimés sous la bannière de l'œuvre psychologique de Piaget.

Deux exemples pour illustrer cette place de Piaget dans la rénovation pédagogique :

La psychologie piagetienne a été le fondement de l'enseignement de ce qu'on appelait "la psychopédagogie" dans les Ecoles Normales dans les années 70.
Le développement des didactiques, particulièrement de la didactique des sciences et de la didactique des mathématiques, doit beaucoup à la psychologie génétique et au modèle piagetien de développement.
On remarquera que Piaget propose moins une théorie de l'apprentissage qu'un théorie du développement.

On remarquera aussi que Piaget appartient à la lignée de ces "savants" (médecins, biologistes, psychologues.) dont le rôle est essentiel dans le développement de l'éducation nouvelle.

Comprendre l'influence de Jean Piaget en pédagogie, c'est donc du même coup s'interroger sur le rôle, la place de la psychologie en éducation, s'interroger sur ses relations avec la pédagogie moderne.
L'importance de Piaget, c'est en fait celle que notre siècle aura accordé (accorde encore ?) à la psychologie de l'enfant, comme fondement scientifique et même axiologique à la pédagogie et à l'éducation.
L'intérêt qu'on peut et doit porter à Piaget, du point de vue de l'histoire des doctrines éducatives, c'est celui qu'il faut absolument accorder à ce trait majeur de la pédagogie moderne : l'assomption du psychologue dans l'éducateur.
2. L'engagement pédagogique du pédagogue

Piaget dont l'œuvre écrite est immense n'a pas beaucoup écrit dans le domaine de la pédagogie et de l'éducation proprement dites.

Parmi les quelques textes, il faut particulièrement retenir :

- Psychologie et pédagogie

- Où va l'éducation ?

Mais l'engagement et l'implication du psychologue dans les questions d'éducation (par exemple dans le cadre de l'UNESCO entre 1946 et 1950, où il est sous directeur général chargé de l'éducation) et dans le courant de l'éducation nouvelle sont sans faille.

C'est que Piaget conçoit l'éducation et la pédagogie comme une sorte de psychologie appliquée. Bien sûr, la pédagogie n'est pas directement déductible de la psychologie ; éduquer est une tâche et un métier à part entière qui requièrent une réflexion, une recherche, une pratique spécifiques ; mais ses principes en découlent.



La pédagogie serait à la psychologie ce que la médecine est à la physiologie. Piaget emploie souvent cette comparaison : le pédagogue doit connaître la psychologie comme le médecin doit connaître la physiologie.

La psychologie a ainsi un rôle de catalyseur, de stimulateur de réformes, d'expertise scientifique.

Piaget accepte de s'aventurer sur le terrain de l'éducation en espérant "contribuer à améliorer les méthodes pédagogiques et à l'adaptation officielle de techniques mieux adaptées à l'esprit de l'enfant", comme il l'écrit dans son Autobiographie.

Ce qui nous intéressera donc, du point de vue de l'histoire des doctrines éducatives, par-delà Piaget, c'est le fil rouge qu'est la psychologie dans l'histoire de la pédagogie moderne.
 

II. DE LA PSYCHOLOGIE A LA PEDAGOGIE : L'EXEMPLE DE L'EDUCATION MORALE

Pour montrer comment Piaget conçoit le passage psychologie - pédagogie, on choisira volontairement un domaine qui n'est pas le plus souvent évoqué : celui de la formation morale.

On s'occupe plus volontiers de ce qui concerne l'éducation intellectuelle. Mais sur ce terrain là, le lien psychologie - pédagogie nous paraît si assuré, si certain, si "évident", que nous ne le voyons plus, que nous ne l'analysons plus. Passer sur le terrain de la formation morale est donc une utile opération de "décentration".

1. L'étude du jugement moral chez l'enfant

Un livre de Piaget "Le jugement moral chez l'enfant" et une conception de la moralité (1932) seront ici examinés.

Il s'agit d'un ouvrage qui connaît et conserve une grande influence auprès des psychologues et des éducateurs, notamment anglo-saxons.

Notre examen prendra largement appui sur l'analyse que consacre Olivier REBOUL à ce problème : Les valeurs de l'éducation, Paris, PUF, 1992, p. 111 et suivantes.

a) A quoi s'intéresse le psychologue dans cette étude ? Sur quoi porte l'investigation psychologique ? Sur l'aptitude enfantine à prononcer des jugements moraux. Non pas la morale que l'école ou la famille enseignent, mais bien la morale "spontanée" de l'enfant lui-même, à travers les jugements qu'il porte de lui-même sur ce qui est bien et ce qui est mal, et selon son âge, à travers les différents stades de sa croissance.

La distinction de stades d'évolution du jugement moral chez l'enfant sera l'une des conclusions majeures de l'étude.

B) Quelle conclusion le psychologue tire-t-il de cette étude ? Une leçon de pédagogie ! Une conception de l'éducation morale démocratique étayée sur l'évolution "naturelle" du jugement moral chez l'enfant.

c) Examinons les investigations auxquelles procède le psychologue : l'observation des activités spontanées et celle des comportements et propos dans des situations-problèmes provoquées par l'expérimentateur.

L'observation des activités spontanées. Comment les enfants se comportent lorsqu'ils jouent aux billes ? Comment se conduisent-ils par rapport à la règle du jeu ? Le psychologue éventuellement participera au jeu pour mieux observer
Piaget observe alors les variations de comportements des joueurs selon les âges, pose des questions : l'origine du jeu, les règles, la tricherie.

Soit la question : "Peut-on changer les règles du jeu ?". Les réponses permettent de distinguer des stades :

- 5/6 ans : "Non, changer les règles serait tricher !". Pourquoi ? Parce que dans l'esprit de l'enfant de cet âge, tout se passe comme si les règles avaient été posées par une autorité extérieure et supérieure : "les messieurs de la commune", "le bon dieu" (cf. p.38/40). Commentaire de O. Reboul, p. 112 : "On voit que ces chers petits donnent totalement raison à Durkheim".



(Exercice de "révision" en forme de clin d'œil : en vous reportant au cours sur Durkheim, expliquez ce commentaire.)

- 11/12ans : A l'autre bout, la réponse est tout autre : "Comment ça a commencé les règles ? - C'est des garçons qui se sont entendus entre eux et qui les ont faites? - Pourrais-tu inventer encore une nouvelle règle ? - Peut-être (…) - On pourrait jouer comme ça ? - Oh oui ! - C'est une règle juste comme les autres ? - Les gamins pourraient dire que c'est pas très juste, parce que c'est de la chance. Pour qu'une règle soit bonne, il faut que ce soit de l'adresse. - Mais si tout le monde jouait comme ça, ce serait une vraie règle, ou pas ? - Oh ! oui, on jouerait aussi bien avec ça qu'avec les autres règles". (p. 45). Donc, la règle a une valeur parce qu'elle a des motifs rationnels et qu'elle est admise par tous les joueurs.



Deuxième méthode d'investigation, la situation-problème. Raconter aux enfants une histoire qui fait problème, et leur demander quelle serait pour eux la bonne solution.


La première histoire est une comparaison entre deux enfants : Jean, qui absolument sans le faire exprès, a renversé un plateau et cassé 15 tasses ; Henri, qui, pour voler de la confiture, a cassé une tasse.
Question : est-ce que les deux enfants sont "la même chose vilains" et sinon, lequel est "le plus vilain" ? (p.92/93)

Réponses :

- Les plus petits, jusqu'à 7 ans : il faut punir celui qui a cassé 15 tasses ! L'idée est donc celle d'une culpabilité objective. La faute se mesure aux conséquences physiques, matérielles, objectives, et non pas à l'intention.

- Les plus grands : Il faut punir celui qui a volé. C'est l'intention qui compte.

D'autres histoires posent le problème du mensonge. Comparaison entre deux mensonges : X est rentré de l'école en disant à sa mère qu'il avait obtenu de bonnes notes=85 Y ayant eu très peur d'un chien raconte chez lui qu'il "a vu un chien gros comme une vache". Le quel des deux est "le plus vilain" ?

Réponses :

- 7/8 ans : Tous les enfants de cet âge disent que "le plus vilain" est celui de la vache ! "Pourquoi c'est le plus vilain ? - Parce que ce n'est pas vrai. - Et celui des bonnes notes ? - Il est moins vilain. - Pourquoi? - parce que sa maman aurait cru. Parce qu'elle voulait croire au mensonge". (6 ans, p. 117). On est toujours du côté de la "culpabilité objective".

- 11/12 ans : Ce n'est que vers cet âge que l'enfant comprend le caractère intentionnel du mensonge.

Piaget étudie également le sens de la sanction et de la faute : Un écolier, n'ayant pas fait ses devoirs, raconte qu'il était malade. Méfiante, la maîtresse prévient les parents. Trois punitions sont ptoposées aux enfants : 1) copier 50 fois un poème ; 2) "le mettre au lit avec une petite purge" (sic !) ; c) ne pas le croire le lendemain quand il rapportera une bonne note.

Réponses :

- Les petits adoptent la première punition. "C'est ce qui puni le plus". Conception expiatoire de la punition.

- Les grands choisissent b et c. La punition a un rapport précis à la faute.


2. Conséquences éducatives

De 5 à 12 ans, l'enfant passerait d'une morale de la contrainte à une morale de la
réciprocité.

Ce passage est spontané : il correspond au développement intellectuel de l'enfant.
La coopération entre égaux (comme dans le jeu) favorise ce passage.
Au contraire, la morale de la famille, des institutions adultes, de l'école qui les reprend et les aggrave entrave le développement démocratique spontané.
Eduquer, c'est permettre à ce mouvement vers la coopération et la démocratie de s'accomplir et de porter ses fruits.
Plutôt que d'imposer de l'extérieur des règles et des contraintes, une autorité formelle, il faut que l'école utilise la ressource éducative naturelle qu'est la vie de groupe spontanée des enfants.

La vraie éducation morale est alors dans le jeu. L'école doit se mettre à l'école du jeu : apprentissage du respect d'autrui, du contrat, de la justice distributive, de la coopération.

La classe, l'école, doivent devenir une société de libre coopération.

On retiendra et analysera l'argument clé de Piaget : En rester à une morale de la contrainte, de l'autorité, de la règle, du devoir, etc., c'est empêcher l'accès à l'autonomie morale véritable, c'est maintenir l'enfant dans le premier stade, celui du "réalisme moral". La morale sociale instituée est en fait du côté de l'archaïque, de l'infantile (conséquence : la "peur du gendarme", bien éloignée de la responsabilité et d el'autonomie du citoyen !).
On notera qu'il y a bien là une critique de fond de l'éducation morale selon Durkheim. (Rappel : chez Durkheim, la morale est morale de la règle, de la discipline. L'éducation est alors intériorisation des règles extérieures, posées par la société. Intériorisation "vécue", affective, et rationnelle par l'explication des règles et de la nécessité de l'obéissance. Pour Durkheim, l'éducation morale devait être l'intériorisation des normes et des valeurs qui assurent la cohésion sociale et règlent les comportements individuels). On a donc bien là deux anthropologies politiques, deux conceptions opposées de la démocratie et de l'éducation à la démocratie. La discussion de ces thèses - on ne les mènera pas ici renvoie à la philosophie de l'éducation.

Ce qu'on retiendra, du point de vue de l'histoire des idées et des doctrines éducatives : chez Piaget, le développement psychologique est bel et bien devenu la norme de l'éducation.


III. LE PSYCHOLOGUE ET L'EDUCATION INTELLECTUELLE.

Développer ce chapitre relèverait plutôt du cours de psychologie de l'enfant. On s'y reportera donc. On se contentera ici d'une évocation nécessaire pour éclairer l'histoire des idées et des doctrines éducatives modernes.


Ce qui vaut sur le plan de l'éducation morale vaut a fortiori pour l'éducation intellectuelle ; le développement de l'éducation morale selon Piaget découle du développement intellectuel.

Piaget avait bien entendu commencé par là : l'étude de l'intelligence et de la pensée enfantines.

Avec les mêmes méthodes : des observations, des questionnements, des situations-problèmes. Exemples : étude des "structures logiques élémentaires" et de leur développement ; étude de la représentation de l'espace chez l'enfant ; étude du raisonnement, de la formation du symbole chez l'enfant, etc.


Et les mêmes conclusions :

- L'intelligence se développe par stades (des paliers d'intégration) caractéristiques de classes d'âge.

- Le développement conduit "naturellement" (c'est-à-dire si le mécanisme à l'œuvre joue normalement n'est pas entravé) du "réalisme" à la pensée formelle.

- Le développement de l'enfant (de l'individu) rappelle le développement de l'espèce (l'humanité historique). Les enfants retrouvent des phases antérieures de l'histoire.

Et les mêmes conséquences éducatives et pédagogiques.
On le voit clairement dans les propositions que faisaient à l'époque - les années soixante-dix - les psychologues du laboratoire de Piaget invités par le canton de Genève à étudier une rénovation de l'enseignement des sciences dans les écoles primaires :

- Laisser libre cours à l'activité (action intériorisée) des élèves, moteur du développement.

- Mettre en place des situations de jeu et d'exploration qui permettent aux élèves de faire surgir des "problèmes spontanés".

- Accepter que les acquisitions soient moins commandées par un programme "extérieur" que par un mouvement intérieur. Le maître saura toujours s'accommoder des programmes. On aura reconnu là une formulation de la "révolution copernicienne " en éducation. D'où l'intérêt pour la pédagogie par objectifs, les référentiels d'objectifs.

- Discuter avec la classe les situations-problèmes explorées ; confronter les analyses et points de vue.

- Concevoir et conduire la classe en apprentissage comme une "société de libre coopération".

- Reconnaître le rôle et l'importance du groupe des pairs dans l'apprentissage.

Rôle de l'enseignant comme accompagnateur, catalyseur, fournissant des contre-exemples.
Un principe, que Piaget empruntait à Papert et aimait à répéter, pourrait résumer tout cela : "Chaque fois qu'on apprend quelque chose à un enfant, on l'empêche de l'inventer". On voit bien que c epoint de vue ne va pas de soi et pose de nombreux problèmes !



CONCLUSION

Que demeure-t-il aujourd'hui de l'influence de Piaget dans les conceptions éducatives ?

Sa place est trop importante pour prétendre la résumer !

Nous sommes vraisemblablement moins enclins aujourd'hui à situer l'éducation dans le prolongement de la psychologie du développement. Les dimensions sociales, politiques, institutionnelles, éthiques de l'éducation nous apparaissent avec insistance.

Sans doute faut-il alors distinguer deux aspects :

- un aspect scientifique, celui des prolongements contemporains de la psychologie piagetienne, multiple et foisonnant ;

- celui de l'histoire des idées éducatives en liaison avec l'histoire de la société. Sur ce plan, comme le notaient Philippe Raynaud et Paul Thibaud, la conception de Piaget est très caractéristique du monde moderne et de la place qu'il aura fait à l'individu :

"La pédagogie moderne, telle qu'elle se développe de Peztalozzi à Piaget, repose sur ce qu'on peut appeler un " renversement copernicien " dans la définition des tâches de l'école : au lieu de partir des exigences abstraites ou externes de la société ou de l'école pour définir l'enseignement que l'on doit donner aux individus, on part des "besoins" de ces derniers pour créer un milieu éducatif où ils pourront réussir les " apprentissages" nécessaires à leur " développement " .

Philippe RAYNAUD et Paul THIBAUD,
La fin de l'école républicaine, Paris, Calmann-Levy, 1990,p.58.



BIBLIOGRAPHIE

PIAGET J. Psychologie et pédagogie (1935, 1965), Paris, Denoël, Bibliothèque Médiations, 1969.

PIAGET J. Où va l'éducation ? (1948, 1972, pour l'UNESCO), Paris, Gallimard, Col. Folio/essais, 1988.

DOLLE J.M. Pour comprendre Jean Piaget, Toulouse, Privat, 1974.

MAURY L. Piaget et l'enfant, Paris, PUF, col. Philosophies, 1984.



Plus ici sur Piaget :

http://www.yrub.com/psycho/piaget.htm

et là :

http://www.yrub.com/psycho/piaget.htm
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