cigarettes profits et santé publique

[canardos]

un article de la presse canadienne qui montre comment les trusts du tabac font la promotion de systemes d'aération qu'ils savent inefficaces pour empecher l'interdiction du tabac dans les lieux publics.

FUMÉE DE CIGARETTES

Les systèmes de ventilation sont inefficaces

André Noël

La Presse

Des chercheurs révèlent que British American Tobacco (BAT), la maison mère de la compagnie canadienne Imperial Tobacco, a entre les mains des études prouvant que les systèmes de ventilation sont inefficaces pour éliminer la fumée de cigarettes. Pourtant, l'entreprise en fait la promotion pour mieux s'opposer à l'interdiction de fumer dans les lieux publics.

«Le plan de filtration d'air de British American Tobacco: un écran de fumée», titre le British Medical Journal dans son numéro d'aujourd'hui. Les auteurs de l'article citent des documents d'entreprise internes qui ont été divulgués récemment. Selon ces documents, BAT sait très bien que les systèmes de ventilation et de filtration d'air sont loin d'éliminer la fumée.

«Et pourtant, BAT fait une promotion active de ces technologies auprès de l'industrie de l'hospitalité (restaurants, bars, hôtels) depuis le milieu des années 90, ajoutent les auteurs. Des documents montrent aussi que les stratégies de BAT pour promouvoir ces initiatives dans le monde entier étaient comprises à l'interne comme des solutions viables pour contrer les restrictions de fumer.»

En 1993, la société Colt International, fabricant de systèmes de ventilation, de chauffage et d'éclairage, a fourni un appareil de filtration d'air à BAT afin que ses scientifiques en évaluent la capacité à retirer les particules en suspension, qui donnent à la fumée de tabac son odeur et son apparence si caractéristiques.

«BAT a déterminé que l'appareil était efficace à seulement 34 % pour retirer les particules en suspension provenant de la fumée de cigarettes.

Elle a rapporté que l'appareil était de peu d'utilité pour retirer les substances gazeuses toxiques de la fumée, dont le monoxyde de carbone et les composés organiques volatils, mais qu'il réduisait de façon significative les aspects visibles et l'odeur de la fumée, en d'autres mots, les particules qui peuvent être vues et senties.»

Malgré ces résultats, BAT a conclu que l'appareil constituait un «mécanisme peu coûteux pour retirer la fumée de tabac secondaire». Un scientifique de BAT, Nigel Warren, a aussi établi que le système de filtration d'air offrait l'avantage à la compagnie de «nier le besoin d'interdiction de fumée dans le monde entier».

En juin 2000, BAT a joint ses efforts à un groupe de consultants pour installer des tables pour fumeurs, fabriquées à l'origine par Colt, dans un bar de l'aéroport international de Birmingham. Ces tables donnaient l'impression d'aspirer la fumée. Le chimiste Nigel Warren s'est montré enthousiaste: «Jusqu'à hier, cet aéroport avait une politique d'interdiction totale de la fumée! Quel plaisir d'assister au décrochage de l'écriteau interdisant de fumer en lettres rouges.»

De nombreuses recherches prouvent que la seule façon de protéger la santé des occupants d'un local fermé est l'interdiction de fumer, et non l'installation de systèmes de ventilation, souligne le British Medical Journal. Cette constatation est aussi faite par l'American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers.

Au Canada, Imperial Tobacco, une filiale de BAT qui produit les cigarettes de marque Du Maurier, Player's et Matinée, a participé au financement de groupes militant pour les systèmes de ventilation et contre l'interdiction de fumer, comme Monchoix.ca et l'Association canadienne Air pour tous.

Ces groupes mènent actuellement une campagne de relations publiques pour convaincre la population et le gouvernement québécois qu'il faut abolir la loi qui interdira de fumer dans les bars et les restaurants à compter du 31 mai. Selon Arminda Mota, vice-présidente de Monchoix.ca pour le Québec, «le gouvernement ferait mieux d'encourager les propriétaires et les exploitants de commerces à aménager des fumoirs confortables et bien ventilés dans leurs établissements».