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[center]Un même parent, un même lieu.. et pourtant deux espèces[/center]
Voilà deux espèces de palmiers et deux espèces de poissons d’eau douce en apparence banales qui apportent des exemples peu commun de l’apparition d’espèces différentes à partir d’un ancêtre commun sur un même site géographique. Les deux équipes qui publient aujourd’hui leurs travaux dans la revue Nature pensent ainsi apporter des preuves vraiment solides de l’existence de la spéciation dite sympatrique.
La théorie dominante parmi les spécialistes de l’évolution est celle de la spéciation allopatrique, qui explique l’apparition d’une nouvelle espèce par l’isolement géographique. Certains biologistes défendent cependant l’idée de la spéciation sympatrique, liée à une adaptation différente d’un individu. Cependant les exemples sont difficiles à trouver.
L’équipe de Vincent Savolainen, du Jardin botanique royal de Kew (GB), a étudié l’ADN de deux palmiers du genre Howea qui poussent sur l’île australienne de Lord Howe, et en déduisent que le palmier frisé a évolué à partir de l’howéa de Forster il y a 1 à 2 millions d’années. Les deux espèces cohabitent mais le palmier frisé est plus adapté aux sols acides et fleurit six semaines après l’autre.
L’équipe d’Axel Meyer, de l’université de Constance (Allemagne), s’est elle intéressée à deux espèces de cichlidés d’un petit lac du Nicaragua. Ce lac de cratère a 23.000 ans d’histoire. Or les chercheurs ont constaté, en étudiant l’ADN mitochondrial d’Amphilophus zaliosus, qu’il avait évolué il y a 10.000 ans à partir de l’autre espèce, Amphilophus citrinellus. Bien que très proches génétiquement, ces deux cichlidés ne peuvent se reproduire ensemble et forment bien deux espèces différentes.
Déterminer l’importance de ce phénomène de spéciation sympatrique et sa place dans l’évolution n’est pas simple. En effet prouver que deux espèces ont émergé dans un même lieu est plus facile sur une petite île ou dans un petit lac que dans un vaste écosystème. Il serait par exemple intéressant de déterminer si la spéciation sympatrique explique l’incroyable diversité des cichlidés des grands lacs africains.
Cécile Dumas
(09/02/06)