a écrit :Mobilisation des opposants à la construction du site de fusion, lors des réunions publiques.
Dans le désordre des débats organisés sur le projet Iter
Par Michel HENRY
samedi 11 février 2006
Avignon envoyé spécial
ouf : le troisième débat public sur le projet de réacteur thermonucléaire expérimental Iter s'est déroulé sans encombre, jeudi soir, à Avignon. Le premier, à Aix-en-Provence, le 26 janvier, a dû être annulé: des opposants avaient envahi la salle pour empêcher un débat qu'ils estiment sans objet, le projet Iter étant déjà sur les rails. Le deuxième, à Sainte-Tulle, près de Manosque, a eu lieu sous protection des gendarmes, le 2 février. Des heurts, sans gravité, se sont produits, car la salle avait été bourrée «de membres et retraités du lobby pronucléaire», selon le réseau Sortir du nucléaire, ce qui a empêché les opposants d'entrer.
Jeudi, la réunion d'Avignon a été déplacée de l'université au parc des expositions, «afin que soit mis en place un dispositif policier, ce qui n'est pas possible dans un site universitaire», ajoute Sortir du nucléaire. Mais la police n'était finalement pas visible. «On laisse les portes ouvertes, sans recours à un dispositif de sécurité», expliquait Patrick Legrand, président de la commission particulière du débat public (CPDP), qui dirige le débat. Cela dit, quelques personnes en civil ressemblaient fort à des policiers... Mais le calme a régné. Les opposants avaient levé le pied ils se préparent pour la prochaine réunion du 23 février à Marseille, où ils appellent à manifester en nombre.
Jeudi, une opposante a dénoncé «cette mascarade» : «Les citoyens français méritent autre chose», a-t-elle ajouté. «Mascarade? Nous en déciderons à la fin, pas sur des a priori», a rétorqué Patrick Legrand, de la CPDP. Un participant a moqué un débat auquel ne participent, côté officiel, que «des scientifiques favorables à Iter», alors que, par exemple, le prix Nobel de physique Pierre-Gilles de Gennes s'est exprimé contre le projet.
Les opposants posent une question simple : à quoi sert le débat, puisque la décision de construire Iter a été prise le 25 juin ? «On nous dit qu'il reste des choses à débattre mais on ne veut pas discuter des restes. On veut parler du gros gâteau d'Iter», indique Stéphane Lhomme, porte-parole de Sortir du nucléaire, qui réclame la dissolution de la CPDP.
Pour sortir de cette situation conflictuelle, la CPDP a proposé aux opposants... «un débat sur le débat». Une réunion en ce sens a eu lieu, jeudi, à Marseille. Pour le président de la CPDP, les contestations montrent que «le débat sur Iter est souhaitable, souhaité, productif et utile» (1). Stéphane Lhomme y trouve lui aussi une utilité. «Il montre combien les décisions sur Iter sont antidémocratiques. Ça relance la mobilisation», se réjouit-il.
La CPDP a prévu une quinzaine de réunions publiques jusqu'au 6 mai, pour un coût total de 1 million d'euros, «l'équivalent de 100 mètres d'autoroute», selon Patrick Legrand. Beaucoup moins cher qu'Iter : le projet international, qui vise à mettre au point l'énergie de fusion (comparable à celle que produisent le Soleil et les étoiles), est évalué à 9,9 milliards d'euros. Les travaux de construction, à Cadarache (Bouches-du-Rhône), doivent débuter vers 2007, l'exploitation vers 2015, pour une éventuelle production d'électricité expérimentale vers 2040.
(1)
www.debatpublic-iter.org et
www.sortirdunucleaire.org