pénurie de goemon en Bretagne

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 27 Août 2006, 18:54

dans le Monde:

a écrit :

Les côtes bretonnes perdent leur couverture de goémon

LE MONDE | 26.08.06 |
VANNES CORRESPONDANT


e goémon disparaît-il des rochers ? C'est la question qui se pose en Bretagne. Il a fallu l'oeil aiguisé de spécialistes du littoral pour déceler les premiers indices du phénomène.

Auguste Le Roux, ancien enseignant-chercheur de la station biologique de l'île Bailleron, dans le golfe du Morbihan, a, en 2004, lance un pavé dans la mare. Sur la pointe de Kerpenhir, à Locmariaquer, des rochers sont perdent leur couverture algale. "A Bailleron, où je n'étais pas retourné depuis deux ans, dit-il, j'ai vu des cailloux complètement décapés."

 

Que ces Fucus et Ascophyllum, tellement indissociables des rochers, viennent à disparaître, on ne l'avait pas imaginé. Et pourtant, "c'est bien une réalité", confirme Patrick Le Mao, coordinateur du projet Rébent (Réseau benthique) créé à l'initiative de l'Ifremer pour suivre sur le littoral l'évolution des organismes vivant dans l'eau.

Selon une analyse menée par le CEVA (Centre d'étude et de valorisation des algues) de Pleubian, des images prises par les satellites Spot, entre la fin des années 1980 et le début de 2000, montrent une diminution de 39 % des algues côtières à Bréhat et de 40 % entre le golfe du Morbihan et Sarzeau.

Autre témoignage de cette dégradation : l'étude que vient de mener un océanographe indépendant d'Auray (Morbihan), Sylvain Chauvaud, et qui atteste que le goémon se réduit progressivement. Ce spécialiste de cartographie par télédétection a recoupé, entre le golfe du Morbihan et le Finistère nord, des photos aériennes réalisées en 1970, 1990 et 2000.

"Le premier travail a été de les rendre superposables avec une précision de deux mètres", explique-t-il. Résultats de cette comparaison : un recul important du goémon de côte en Bretagne sud : - 62 % à Saint-Gildas-de-Rhuys, - 65 % à Groix, - 32 % à Hoëdic, - 46 % à Plouhinec.

En revanche sur la pointe de la Bretagne, à Sein, à Molène, à Plouguerneau, les rochers ont gardé leur chevelure. Autre constat : ce phénomène s'accompagne de la colonisation des rochers mis à nu par des coquillages (patelles, balanes et huîtres).


RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE


Pour expliquer ces changements, les responsables du programme Rébent et Sylvain Chauvaud avancent les mêmes hypothèses. D'abord le changement du climat. Il pourrait entraîner une élévation de la température de l'eau préjudiciable à la flore marine sauf dans le Finistère, où le phénomène est moins marqué sans doute grâce à des eaux plus froides. L'insolation pourrait, elle aussi, aussi avoir un effet sur ces espèces découvrantes, estime Patrick Le Mao.

Autre hypothèse soulevée : une modification de la direction moyenne des vents et donc de la houle qui est passée d'ouest à sud-ouest, affectant ainsi plus le littoral sud-breton. Or quand les rochers sont battus par la mer il n'y a pas d'algues. Les responsables du Rébent pensent aussi que la répétition des fortes tempêtes et, localement, un enrichissement en phytoplancton pourraient provoquer une diminution de l'accessibilité à la lumière.

Dernier facteur qui pourrait expliquer cette régression du goémon : des surpopulations de patelles, mangeuses d'algues. Ces fameux "chapeaux chinois", progressent démographiquement, sous l'effet probable du réchauffement climatique.

"Mais il est difficile d'établir un lien. Même si les images sont impressionnantes, ça peut être plus une conséquence qu'une cause ", analyse le coordinateur de Rébent, qui souhaite que "cette démarche soit menée au niveau national".

"L'ampleur du phénomène est telle qu'on est en train d'assister à un bouleversement de l'écosystème côtier breton, affirme Sylvain Chauvaud. Ces algues sont en effet à la base d'une chaîne alimentaire complexe qui implique, entre autres, nombre d'espèces d'intérêt économique." A savoir les crevettes, les crabes, les vers ou les puces de mer... Autant de "détritivores" qui se nourrissent d'algues décomposées et participent à leur tour à l'alimentation des poissons.

Aussi ce chercheur préconise-t-il une gestion des prélèvements. Si le goémon ne donne pas lieu à une grande exploitation, on en arrache pour le remplissage des bourriches d'huîtres ou la vente de coquillages. "Une des solutions, dit-il, serait de n'en prendre que là où il est présent en abondance."

Des quotas ont déjà été instaurés par l'Ifremer de Brest en ce qui concerne l'Ascophyllum, plus sensible en raison de son cycle de vie.



Gabriel Simon

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Lexique

Trois types d'algues sont exploités en France, essentiellement en Bretagne.



Les laminaires


65 000 tonnes sont ramassées en bateau. Après traitement en usine elles donnent l'alginate, utilisé en gélifiant, épaississant dans l'agroalimentaire.


Le goémon de côte

8 000 tonnes de Fucus et d'Ascophyllum sont coupés à la faucille par des pêcheurs à pied. Elles sont transformées en complément d'alginate et en farine d'algue pour le bétail.


Le chondrus

1 300 tonnes de cette petite algue rouge, dite "pioka", sont ramassées aux grandes marées par les gens de la côte. Elles donnent des carraghénanes, utilisés en gélifiants par l'agroalimentaire.

canardos
 
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