une mine de charbon géante au bangladesh

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 30 Août 2006, 14:46

dans libération, un article sur un des pires aspect de l'engouement actuel du capitalisme pour le charbon nouvelle source d'énergie bon marché:

a écrit :

[center]Un projet britannique de mine à ciel ouvert déplacerait près de 200 000 personnes. La contestation prend une ampleur nationale.[/center]

[center]Bangladesh en terrain miné[/center]


Par Christian LOSSON

QUOTIDIEN : Mercredi 30 août 2006

Si l'appétit pour l'accès à l'énergie est planétaire, ces soubresauts sont la plupart du temps régionaux et restent souvent sans écho. Les récits se multiplient où s'opposent intérêts commerciaux nationaux ou internationaux et droits des populations locales, respect de l'environnement et impératifs de développement.
Cette histoire-là se passe au nord de Dacca, à 350 kilomètres de la capitale du Bangladesh. A Phulbari, dans le district de Dinajpur. «Chaque samedi depuis quatorze mois, un comité de paysans, le Phulbari Rashka, prend la rue pacifiquement, raconte Philip Grain, de l'ONG Society for Environment and Human Development, basée à Dacca. Ils arborent des pancartes écrites à la main, lancent des slogans contre la dépossession de leur terre. Ils disent : "Nous ne voulons pas de mine de charbon à ciel ouvert qui va polluer nos rivières, détruire notre biodiversité, ruiner nos sites archéologiques."» Ils dénoncent le projet d'une houillère britannique, Asia Energy, qui entraînera, selon l'ONG, le déplacement de 40 000 personnes.

Barricades.

A fil des semaines, la lutte des communautés locales s'est régionalisée, puis nationalisée. A l'appel d'une coalition (National Committee to Protect Oil, Gas, Power, Port and Mineral Resources), ils étaient près de 50 000 manifestants, samedi. Mais la manifestation, sur fond de blocage de ponts et d'occupation de rues, s'est mal terminée. Les forces de l'ordre ont tiré sur la foule rassemblée devant les bureaux d'Asia Energy. Bilan : 7 morts, plus de 100 blessés. Lundi, les opposants à la mine ont bravé l'interdiction, porté des badges noirs et incendié les locaux de collaborateurs de la firme. Hier, ils ont à nouveau marché, érigé des barricades. Aujourd'hui, ils recommenceront. Rejoints, cette fois, par l'opposition et par des étudiants, qui appellent à une grève nationale.


Voilà huit ans qu'Asia Energy, qui a récupéré un contrat jadis passé avec une houillère australienne, est sur le coup. Avec la flambée du pétrole et la course aux matières premières, elle est sûre d'avoir trouvé un bon filon (lire ci-contre). Elle estime que les sols de Phulbari, entre 120 et 300 mètres sous terre, renferment 572 millions de tonnes de charbon de très haute qualité. De quoi générer 8 000 mégawatts pendant trente ans. Elle espère, pour un investissement total de 3 milliards de dollars, faire pleuvoir 21 milliards de dollars sur le pays tout le temps que durera l'exploitation (15 millions de tonnes en moyenne annuelle). Dont ­ seulement ­ 7 milliards pour le gouvernement, qui ne devrait percevoir que 6 % des royalties, ainsi que différentes taxes (bénéfices, droits à l'export). Dacca, qui devait donner son feu vert au printemps pour que la mine ouvre en 2007 et livre ses premiers charbons en 2008, tergiverse avec la montée de la contestation. «C'est un signal négatif pour les investisseurs potentiels», a reconnu un conseiller gouvernemental à l'énergie, Mahmudur Rahman.


«Un signal de plus de la collusion entre les élites du pays, qui, face au silence des institutions internationales comme la Banque mondiale, préfèrent fermer les yeux sur les dommages collatéraux d'un tel projet sur les populations et l'environnement», dit Philip Grain. Il a interrogé la firme anglaise et les populations locales sur ce projet de 5 900 hectares qui risque d'entraîner, selon lui, le déplacement de plus de 100 villages et de 150 000 à 200 000 personnes. Bien plus que le chiffre avancé par Asia Energy. «Les gens ne croient pas aux arguments du groupe britannique, dit-il . D'autant qu'il n'y a eu aucune étude indépendante sur l'impact d'un tel chantier dans un des rares coins du pays où il y a des terres cultivables.»


Un rapport de 2 600 pages a bien été réalisé, pendant dix-huit mois, par des experts environnementaux. Il évalue les bénéfices potentiels (infrastructures, eau potable, routes, lignes ferroviaires, allégement de la pauvreté, productivité agricole), sans parler de la création de milliers d'emplois. Mais il a un défaut : «Il a été payé par Asia Energy, assure Philip Grain. Et publié en anglais, incompréhensible pour les petits paysans et les populations indigènes.»


Corruption.

  Philip Grain, lui, rapporte l'assèchement programmé des terres, que les pompes à eau distribuées par la firme ne résoudront pas. Il fait parler des experts qui redoutent la pollution attendue du site. Il contredit le feu vert du ministère de l'Environnement en décryptant la menace sur la biodiversité. Il dénonce les tentatives de corruption de leaders locaux. Mais la lutte est difficile. «Au Bangladesh, beaucoup d'ONG, locales ou internationales, ont des champs d'action délimités par les dons d'institutions financières ou de développement. Et dénoncer de potentielles sources de revenu dans un pays très pauvre est mal vu.»

canardos
 
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