l'anti lucky luke

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 08 Sep 2006, 14:19

dans Libération:

a écrit :

Une molécule en phase d'essais contre l'éjaculation précoce.
Traiter ceux qui jouissent plus vite que leur ombre




Par Corinne BENSIMON
QUOTIDIEN : Vendredi 8 septembre 2006


L'éjaculation précoce, c'est une affaire sérieuse. On le comprendra tout de suite en ouvrant le numéro de l'hebdomadaire médical britannique The Lancet, qui paraît aujourd'hui. Entre un article scientifique sur l'amélioration du système de santé au Mexique et un autre sur la prévention des hépatites, le journal publie douze pages d'une étude conduite par le Groupe d'étude de la dapoxétine relatant par le menu les performances de cette nouvelle molécule dans le traitement de l' «éjaculation prématurée sévère ou modérée». On perdra jusqu'à l'ombre du sourire dès la seconde ligne de l'article en lisant que ce mal est le mieux partagé des mâles puisqu'il toucherait «entre 21 et 33 % des hommes», nous disent les auteurs de cette étude américaine, dirigée par le Dr Jon Pryor de l'université du Minnesota, à Minneapolis (Etats-Unis). Nul doute, une pilule contre un trouble qui atteint plus d'un quart des hommes de la planète ­ plus leurs partenaires ­ a un avenir sonnant et trébuchant dans les pharmacies et sur l'Internet. Si elle y parvient un jour.
Viagra. L'aventure est engagée puisque l'article relate les résultats d'essais cliniques de phase 3 (tolérance et efficacité), précise qu'une demande d'autorisation de mise sur le marché est déjà en route aux Etats-Unis et en Europe, et que le dossier est soutenu par le groupe Johnson and Johnson. Après le Viagra contre les défaillances de l'érection masculine, la dapoxétine pourrait être la seconde entrée au rayon des médicaments du plaisir sexuel.

Une heure avant.

C'est à la classe pharmaceutique des antidépresseurs qu'appartient cette molécule qui prend le problème... à la tête. Elle provoque dans le cerveau une concentration de sérotonine, un neuromédiateur dont le surplus altère le système nerveux de telle sorte qu'in fine les contractions rythmiques des muscles du petit bassin responsables de l'expulsion du sperme sont ralenties. Cet acheminement saccadé constitue la «seconde phase de l'éjaculation», comme l'explique François Giuliano, directeur scientifique de Pelvipharm, une société française dédiée à la recherche de thérapeutiques des troubles sexuels, la première phase étant la sécrétion et l'émission du sperme dans l'urètre. Ainsi, la dapoxétine, en une pilule prise une heure avant le rapport, ralentit le transport spermatique au profit des transports amoureux. Joli. Mais évidemment très relatif. Quel est donc l'étalon dans cette histoire ? Comment évaluer ce qui est «précoce» et ce qui ne l'est pas ?

François Giuliano, qui est urologue et a présenté en avril dernier une enquête sur l'appréciation subjective et objective de l'éjaculation par 1 200 hommes de cinq pays européens, explique que plusieurs dimensions sont prises en compte pour définir la précocité : d'une part la souffrance exprimée par le patient qui se plaint d'être trop rapide et de ne pas pouvoir contrôler son plaisir, d'autre part le temps qui s'écoule entre le moment de la pénétration et l'éjaculation. La durée est mesurée le plus prosaïquement du monde en demandant aux couples volontaires de lancer le chrono au moment de l'acte, et de l'arrêter l'affaire conclue. «La répétition du geste durant plusieurs semaines permet de l'oublier et de ne pas biaiser l'observation», assure François Giuliano.

«Pas de norme».

Le Groupe d'étude de la dapoxétine a sélectionné ses éjaculateurs prématurés en suivant les recommandations proposées par la FDA (Food and Drug Administration) américaine : à moins de deux minutes, c'est précoce. «C'est arbitraire, il n'y a pas de norme, l'appréciation est individuelle et culturelle», estime François Giuliano. Selon l'expert de Pelvipharm, l'étude menée sur les cinq pays européens montre qu'en France, on se dit précoce si l'éjaculation survient en moins de quatre minutes. En Pologne et en Angleterre, le seuil tombe à deux minutes. Et certains hommes trouvent que trente secondes, c'est normal. «C'est une question de rapport au partenaire, aussi», ajoute François Giuliano. La dimension du problème, hors les bénéfices pharmaceutiques potentiels, est donc très relative. De même que les bienfaits de la dapoxétine, dont certains effets secondaires sont très peu érotisants : nausées dans 8 à 20 % des cas, diarrhées, maux de tête... Restent alors les bonnes vieilles méthodes «psychologiques» préconisées sur tous les sites Internet. Exemple : la technique ­ certes risquée ­ de diversion mentale qui consiste à penser très fort à sa belle-mère...

canardos
 
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