l'alcool mal combattu

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 12 Sep 2006, 19:40

dans le Monde:

a écrit :

[center]L'alcool, un danger mal combattu[/center]

LE MONDE | 12.09.06 |

La France a un problème avec l'alcool. Il suffit de comparer les indicateurs de morbidité et de mortalité liés à l'alcoolisme à la faiblesse de la politique de santé publique mise en oeuvre dans ce domaine pour s'en convaincre. Dans son Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié mardi 12 septembre, l'Institut de veille sanitaire (InVS) rappelle qu'avec 45 000 décès annuels, l'alcool demeure la deuxième cause évitable de mortalité (après le tabac) et est directement responsable de 14 % des décès masculins - dont plus de la moitié avant 65 ans - et de 3 % des décès féminins. A cela s'ajoutent une quantité de problèmes sociaux et sanitaires, troubles mentaux, violences - notamment conjugale - et accidents liés à une consommation excessive.

C'est le professeur Didier Houssin, directeur général de la santé, qui signe l'éditorial du BEH en appelant de ses voeux "une politique de santé publique à la hauteur des enjeux posés". Fin juin, lors des premières rencontres parlementaires "Alcool et prévention" - au titre sans équivoque, "L'alcool en France : un coût dénié" -, M. Houssin avait regretté qu'"on s'accroche aux soi-disant bénéfices d'une consommation faible d'alcool" en oubliant que la loi de santé publique d'août 2004 "a fixé comme objectif une réduction de 20 % de la consommation par habitant d'ici à 2008". Comme l'a résumé le député (UMP, Bas-Rhin) Yves Bur, par ailleurs fer de lance de l'interdiction du tabac dans les lieux publics, "on inscrit dans la loi des objectifs et après on les oublie". Ou bien on les applique en partie. Ainsi, alors que l'arrêté rédigé par le ministère de la santé sur les modalités d'inscription d'un message rappelant la toxicité de l'alcool pour le foetus sur toutes les bouteilles d'alcool (Le Monde du 10 mai) est bloqué à Matignon, l'Institut national de prévention et d'éducation pour la Santé (Inpes) va diffuser, du 13 septembre au 16 octobre, des annonces "Zero alcool pendant la grossesse" dans les journaux et des courriers de sensibilisation seront adressés aux gynécologues, sages femmes et PMI.

BAISSE DE LA CONSOMMATION

Avec 13 millions de consommateurs réguliers et près de 5 millions d'alcoolo-dépendants, la France est le sixième pays consommateur d'alcool, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle était en première position au début des années 1960. En moins d'un demi-siècle la consommation par habitant "a été divisée par deux, une diminution presque exclusivement liée à la réduction de l'usage du vin", indique l'Observatoire français des drogues et toxicomanies.

Mais derrière cette baisse importante, se cachent de fortes différences de comportements et un usage problématique qui ne se modifie pas. Ainsi, rappelle le BEH, "le niveau de mortalité qui est lié à l'alcool reste en France l'un des plus élevés de l'Union européenne avec une surmortalité masculine due à l'alcoolisme de 30 % supérieure à la moyenne européenne".

Les risques de répercussion sur la santé (cirrhose, problèmes cardiovasculaires, cancers) commencent à partir de deux ou trois verres par jour et s'amplifient considérablement au-delà de cinq. Parmi les décès attribuables à l'alcool, les cancers des voies aérodigestives supérieures arrivent en tête (16 000 décès), suivis des affections digestives (8 200), des maladies cardiovasculaires (7 600) et des accidents avec notamment plus de 2 200 accidents de la route. En terme de prise en charge sanitaire, le BEH indique qu'en 2004, "près de 99 000 hospitalisations en rapport direct avec une consommation excessive d'alcool ont été recensées, dont près de 60 500 pour intoxication aiguë". Tandis que les politiques peinent à s'attaquer à ce secteur sensible, les entreprises de spiritueux déploient leur savoir-faire pour séduire un public jeune à travers de nouveaux cocktails aromatisés prêts à l'emploi. Les linéaires regorgent de nouvelles bières fortes et de bouteilles "fluos" renfermant par exemple des mélanges de vodka, malt et pamplemousse.

Pour tenter de parvenir à l'objectif fixé dans la loi de santé publique, des états généraux de l'alcool seront organisés en novembre afin de "replacer le problème de l'alcool au centre des débats publics". Lors des rencontres parlementaires, Didier Houssin a rappelé que "les stratégies les plus efficaces sont connues : diminuer l'accessibilité à l'alcool et augmenter sa taxation". Soulignant que, jusqu'à présent, les politiques sanitaires "se sont centrées sur des populations particulières - les jeunes et les femmes enceintes", il recommande que les actions de prévention "s'attaquent désormais de manière globale au problème de la consommation d'alcool" même si cette vision "n'arrange pas les industries alcoolières".

Fustigeant le nouveau Conseil de la modération et de la prévention dans lequel les défenseurs de la viticulture sont surreprésentés, le professeur Claude Got déplore que "les politiques de santé publique soient bloquées". "Il n'y a plus qu'un secteur où des évolutions sont acceptées, assure-t-il : la sécurité routière".

Sandrine Blanchard



a écrit :

[center]L'alcool continue à tuer, même si sa consommation baisse[/center]

LEMONDE.FR avec AFP | 12.09.06 |


L'alcool continue de faire plusieurs dizaines de milliers de morts par an en France, même si sa consommation est en baisse, selon un "état des lieux" dressé dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) dans son numéro de mardi 12 septembre, et réalisé par le ministère de la santé et l'Institut de veille sanitaire. En comptant les seuls "décès directement imputables à l'alcool", c'est-à-dire résultant de cirrhose (8 515), cancers des voies aérodigestives supérieures (10 481) et psychose alcoolique, l'Inserm (recherche médicale) en a recensé plus de 22 000 en 2002.


Mais 45 000 décès annuels pouvant avoir l'alcool comme "cause associée", dont 7 100 accidents et empoisonnements, 7 600 dus à des maladies cardiovasculaires et 16 000 à des cancers des voies aérodigestives supérieures (bouche, pharynx, œsophage, larynx), ont été comptabilisés en 1995, selon une autre étude.

Près de dix millions de Français consomment de l'alcool au moins trois fois par semaine et 6,4 millions tous les jours. Près des trois-quarts des consommateurs quotidiens sont des hommes, rappelle l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), en soulignant que la consommation totale a été divisée par deux en près d'un demi-siècle.

LA NOTION DE "CONSOMMATION PROBLÉMATIQUE"

Les différences entre générations sont marquées : parmi les usagers quotidiens d'alcool, 56 % sont des hommes et 23 % des femmes âgés de 65 à 75 ans, contre 5 % d'hommes et moins de 1 % de femmes entre 20 et 25 ans.

Peu nombreux à boire chaque jour de l'alcool, les jeunes seraient plus fréquemment ivres que leurs aînés : 14 % des Français disent avoir été ivres au cours des douze derniers mois, mais la proportion grimpe à 48 % parmi les hommes de 20 à 25 ans et 20 % parmi les femmes de cet âge, selon le Baromètre santé 2005. D'où la notion de "consommation problématique" à prendre comme indicateur, selon les chercheurs, plutôt que de se référer à la consommation régulière.

Le premier objectif de la loi de santé publique du 9 août 2004 est de diminuer de 20 % la consommation annuelle moyenne d'alcool par habitant. Il faudrait la faire passer de 10,7 litres d'alcool pur par an et par habitant en 1999 à 8,5 litres d'ici à 2008.

RAPPEL DES DANGERS LIÉS À LA CONSOMMATION D'ALCOOL

Exception faite des femmes enceintes, pour lesquelles la suppression totale des boissons alcoolisées est recommandée pour éviter tout syndrome d'alcoolisation fœtale, les dangers d'une consommation d'alcool inférieure à 20 grammes par jour (moins de deux verres) semblent minimes.

De 20 à 50 grammes par jour, les risques de cirrhose et de complications cardiovasculaires (hypertension artérielle, accident vasculaire cérébral) sont accrus. Au-delà de 50 g/jour, ces risques sont amplifiés, et celui de développer un cancer des voies aérodigestives supérieures double par rapport aux non-consommateurs d'alcool.

La consommation d'alcool peut aussi s'avérer problématique chez les personnes âgées, plus vulnérables physiquement, surtout si elle est associée à la prise de médicaments psychotropes. La consommation à risque toucherait 2 % à 14 % de l'ensemble des plus de 65 ans, mais jusqu'à un quart des personnes âgées vivant en institutions.

Plus de 2 200 décès annuels sur les routes françaises sont attribuables à l'alcool, selon l'étude SAM (2001- 2003), dont le BEH rappelle les conclusions. L'interdiction générale de la vente d'alcool aux moins de 16 ans serait diversement interprétée et appliquée par les débiteurs de boissons. D'où la nécessité, souligne dans le BEH le directeur général de la santé, Didier Houssin, "de rappeler les termes de la législation, voire de poser la question de sa clarification".

canardos
 
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