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Une abeille méchamment trompée[/center]
Les larves de méloïdés remontent le long des tiges pour s’agglutiner au bout afin d’attirer les abeilles. (Saul-Gershenz, Millar/ PNAS)
Pour atteindre les réserves de nourriture qu’elles convoitent, les larves d’un coléoptère font croire à l’abeille mâle qu’elles sont une abeille femelle. Pour cela, elles s’agglutinent pour imiter la forme du corps de la promise et vont jusqu’à produire une substance chimique présente chez la femelle de l’abeille Habropoda pallida. C’est ce que montre les travaux de deux entomologistes californiennes, publiés cette semaine dans les PNAS.
Le comportement étonnant des larves du méloïdé américain (Meloe fransiscanus) est connu depuis longtemps. Après l’éclosion des œufs les larves quittent leur galerie souterraine et grimpent tout au bout des branches des plantes. Là elles se regroupent en imitant la forme d’une abeille. Le mâle se laisse prendre et lorsqu’il se pose sur le leurre les larves s’accrochent à lui pour se faire transporter jusqu’à une vraie abeille femelle.
Leslie Saul-Gershenz et Jocelyn Millar ont constaté que des molécules d’hexanes présentes dans la tête des abeilles et chez les larves de méloïdés avaient des profils chimiques très proches. Plus les extraits contenant cette molécule étaient concentrés, plus le leurre était efficace, ont observé les deux scientifiques.
Lorsque le mâle parasité s’accouple avec la femelle, les larves passent de l’un à l’autre et se font ainsi transportées jusqu’au nid. Là elles se nourrissent du fruit de la ponte et des réserves de nectar et de pollen amassées par l’abeille. Cette stratégie est sans doute une adaptation à un environnement difficile où la nourriture se fait rare. Ce méloïdé vit dans des dunes de sables des régions désertiques du sud-ouest des Etats-Unis, où la végétation forme de petites îles au milieu d’une mer de sable.
Cécile Dumas Science et Avenir
(12/09/06)