cancer et micro-ADN

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 21 Sep 2006, 07:18

dans le journal du CNRS:

a écrit :

[center]Cancer : la clé micro-ARN ?[/center]


L'un des secrets de la vie réside assurément dans l'« homéostasie », ce subtil équilibre entre prolifération, différenciation et mort des cellules d'un organisme. Dans ce phénomène si complexe et encore méconnu, des chercheurs viennent de pointer l'importance des micro-ARN, et plus précisément de l'un d'entre eux, « joliment » nommé miR-181. Décryptage.

Pour aborder le concept d'homéostasie, prenons le cas du muscle. Chez les mammifères adultes, on le sait capable de « régénération » : après une blessure, par exemple, des cellules précurseurs – ou myoblastes – vont se multiplier puis se spécialiser en cellules musculaires. « Tout ce mécanisme a lieu sous un contrôle très strict, explique Annick Harel-Bellan, directrice du laboratoire « Épigénétique et cancer » du CNRS à Villejuif. Et c'est ce contrôle de la prolifération et de la différenciation cellulaire qui se trouve dérégulé dans les cancers. » En étudiant les muscles de la souris, son équipe a démontré1 le rôle essentiel joué par les micro-ARN. Petit flash-back : dans les années quatre-vingt-dix, leur découverte chez le ver C. elegans s'apparente à une véritable révolution. Voilà des bouts d'ARN messagers2, qui, contrairement au dogme jusqu'alors en vigueur, ne conduisent à la synthèse d'aucune protéine. Plus étonnant : leur capacité à bloquer de manière sélective certains gènes. En 2001, le premier micro-ARN est identifié chez les mammifères ; cinq ans plus tard, on en dénombre entre 200 et 300.

Mais revenons-en à nos souris. « Nous avons d'abord regardé si certains de ces micro-ARN étaient surexprimés lors de la différenciation des myoblastes, reprend Annick Harel-Bellan. La réponse est oui, et notamment miR-181, qui intervient dans un muscle en régénération. » En fait, il réduit au silence les gènes qui bloquent la différenciation. Quid de sa cible précise ? « C'est assez compliqué, car chaque micro-ARN semble agir sur plusieurs gènes ! » Pour identifier les gènes concernés, les chercheurs sont donc partis en quête des protéines pour lesquelles ils codent. Ils ont sélectionné les candidates en s'appuyant sur des analyses de séquences établies au moyen d'algorithmes spécifiques. En gros, il s'agissait de repérer les protéines qui portaient des séquences analogues à miR-181. « Gagnante » : la protéine Hox-A11. En témoigne, dans le muscle, son niveau d'expression inversement proportionnel à celui de miR-181. Élevé dans les myoblastes, il chute en effet dès le début de leur différenciation… sous l'effet répresseur de miR-181.

Après ce lancement réussi, c'est l'heure d'un criblage systématique. « Notre projet consiste à repérer tous les micro-ARN impliqués dans divers processus, en particulier cancéreux », confie Annick Harel-Bellan. Une voie prometteuse pour mieux visualiser la « ronde des gènes » au cours d'une tumeur.

Patricia Chairopoulos

1. Nature Cell Biology, vol. 8, n° 2, mars 2006, « Letters », pp. 278-284.
2. Ces molécules forment l'étape intermédiaire entre l'ADN, dans le noyau, et la synthèse des protéines dans le cytoplasme de la cellule.

canardos
 
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