un pied dans la piste, un pied dans la tombe

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 30 Sep 2006, 06:54

dans le Monde:

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[center]Dopage : le danger de mort[/center]

LE MONDE | 29.09.06 |


Qu'est-ce qu'un produit dopant ? Une substance susceptible d'améliorer la performance grâce à son pouvoir pharmacologique et dont l'usage est considéré comme contraire à l'"esprit" sportif, entendu comme le respect des règles garantissant l'équité de la compétition. Mais la traque des tricheurs ferait presque oublier que le dopage présente aussi, et surtout, un risque pour la santé des athlètes. Un danger qui peut être mortel.

Le 13 juillet 1967, le Britannique Tom Simpson s'écroule sur les pentes du mont Ventoux, à 36 ans, en pleine étape du Tour de France, terrassé sous l'effet combiné de l'abus d'amphétamines et de la forte chaleur. Quelques mois plus tard, le Comité international olympique (CIO) publie la première liste des substances interdites (amphétamines, stimulants et analgésiques narcotiques), à l'occasion des Jeux olympiques d'hiver de Grenoble. Depuis, la liste des produits prohibés s'est étoffée, mais aussi celle des sportifs disparus prématurément.

1998. La sprinteuse américaine Florence Griffith-Joyner décède à 38 ans d'une attaque cérébrale durant son sommeil. L'autopsie, comme très souvent dans les cas de mort subite, ne permet pas de faire le lien avec une éventuelle consommation de produits dopants. Cependant, les performances hors normes de "Flo-Jo", détentrice depuis 1988 de deux records du monde inaccessibles (10 s 49 sur 100 m et 21 s 34 sur 200 m), et sa transformation morphologique avaient alimenté les soupçons sur une préparation à base de stéroïdes anabolisants. Or leur administration favorise le risque d'attaque cardiaque ou cérébrale en augmentant le taux de cholestérol.

2001. L'ancien recordman du monde du 10 000 m, Richard Chelimo, meurt à 29 ans d'un cancer du cerveau. "Dans les années à venir, beaucoup d'athlètes vont mourir à cause du dopage, réagit le double champion olympique marocain, Hicham El Guerrouj, après la disparition du fondeur kényan. Croyez-moi, il y aura encore d'autres morts prématurées."

En 1990, la fédération néerlandaise de cyclisme avait ouvert une enquête après les morts suspectes, par arrêt cardiaque, de sept de ses coureurs dont celles de Johannes Draaijer, à 27 ans, de Connie Meijer, à 25 ans, médaillé bronze aux mondiaux de 1987, et de Bert Oosterbosch, à 32 ans, vainqueur de trois étapes du Tour. Les autopsies n'avaient rien révélé, mais la veuve de Johannes Draaijer, 130e du Tour 1989, avait affirmé que son mari prenait de l'érythropoïétine (EPO) et souhaité que sa mort serve d'avertissement. Injectée sous sa forme synthétique, l'EPO - normalement sécrétée par les reins - possède la particularité d'augmenter la concentration de globules rouges dans le sang. Très prisée des sportifs parce qu'elle permet d'améliorer le transport de l'oxygène vers les muscles et donc les capacités d'endurance, elle majore les risques d'accidents cardio-vasculaires en rendant le sang plus épais. Dans un article du New England Journal of Medecine, le docteur Allan J. Ersley expliquait, dès 1991, que la prise d'EPO par les athlètes pouvait être "responsable de thromboses mortelles".

Les morts suspectes ne concernent pas que des cyclistes. En Italie, le procureur adjoint de Turin, Raffaele Guariniello, qui s'est rendu célèbre en enquêtant sur les pratiques pharmacologiques de la Juventus, mène depuis plusieurs années une étude épidémiologique sur les joueurs du Calcio. Sur 24 000 footballeurs ayant évolué en 1re, 2e et 3e division entre 1960 et 1990, le juge a répertorié 400 décès et en a jugé plus de 70 suspects. Parmi ces morts suspectes, l'étude relève un nombre anormalement élevé de leucémies et de cancers du foie, du pancréas ou du colon. Des maladies que favorise la prise de stéroïdes anabolisants ou d'hormones de croissance. L'étude a également mis en évidence la forte proportion de joueurs atteints de sclérose latérale amyotrophique (SLA), une pathologie neurologique qui entraîne une paralysie progressive des muscles.

Selon la recension effectuée par Raffaele Guariniello, plus de trente footballeurs sont morts de cette maladie. Ainsi de l'ancien joueur de la Fiorentina, Giuseppe Longoni, décédé en mars, à 63 ans, ou de l'ancien défenseur de la Sampdoria de Gênes, Gianluca Signorini, disparu en 2002, à 42 ans.


MIRACULÉ


Dans un article publié dans la revue Lancet Neurobiology en 2003, des chercheurs italiens suggèrent qu'une activité physique intense associée à la prise abusive de médicaments peut expliquer le développement de la SLA chez les footballeurs. Une piste prise au sérieux par le procureur adjoint de Turin, qui teste actuellement sur des rats de laboratoire les cures médicamenteuses administrées aux joueurs entre 1960 et 1990.

Le juge a également consigné les témoignages de plusieurs footballeurs de cette génération. "Je suis un miraculé, a concédé Giovanni Galeone, aujourd'hui entraîneur d'Udinese. Avec tous les produits que j'ai pris quand j'avais 20 ans, je suis heureux d'être en vie." Ancien coéquipier de Gianluca Signori, Giovanni Ziviani met en garde : "Qui sait ce qui arrivera dans vingt ans aux garçons qui sont, aujourd'hui, bourrés d'EPO et d'hormones de croissance ?"



Stéphane Mandard

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et:

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[center]Polémique médicale sur le "dopage thérapeutique"[/center]

LE MONDE | 29.09.06 |


En octobre 2005, le skieur américain Bode Miller se fait remarquer en appelant à légaliser le dopage : "Sous la supervision d'un médecin ou de chercheurs, même un produit comme l'EPO pourrait minimiser le risque de problèmes de santé à long terme et éviter les risques de blessures."

Deux mois plus tard, trois spécialistes en bioéthique et physiologie, Bengt Kayser, Alexandre Mauron et Andy Miah lui emboîtent le pas dans un article publié dans la revue médicale The Lancet. Les trois chercheurs soutiennent que "la guerre antidopage induit plus de problèmes de santé qu'elle n'en prévient" en maintenant les pratiques dopantes dans la clandestinité et considèrent qu'"un médecin du sport devrait être libre dans ses choix thérapeutiques afin de minimiser l'impact sur la santé de la pratique du sport de haut niveau" (Le Monde du 17 janvier). A l'instar du docteur Eufemiano Fuentes, soupçonné d'être au centre du vaste réseau de dopage sanguin démantelé à Madrid avant le Tour de France, plusieurs médecins qui préparent des athlètes professionnels invoquent un "dopage thérapeutique" pour atténuer les effets présumés néfastes du sport intensif sur la santé.

Ces prises de position ont suscité la réaction agacée du directeur médical de l'Agence mondiale antidopage (AMA), Alain Garnier, dans une lettre ouverte adressée mi-août "à ceux qui suggèrent un dopage médicalisé". "Est-ce qu'un médecin confronté à des pratiques de torture devrait proposer une assistance médicale afin de les rendre moins destructrices pour l'individu ?, interroge le docteur Garnier. Evidemment non, mais ceux qui proposent un dopage médicalisé suivent pourtant la même logique erronée."

Directeur de l'Institut Baron Maurice de Rotschild pour la recherche et le traitement des addictions et membre du groupe prospective du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD), William Lowenstein plaide, lui, pour une "alliance thérapeutique" avec les sportifs qui se dopent.

"D'un point de vue sanitaire, un médecin ne peut pas cautionner le dopage thérapeutique, mais s'il se retrouve confronté, par exemple, à un patient qui se bourre de corticoïdes, il devrait pouvoir lui conseiller de prendre du potassium pour lui éviter une fibrillation ventriculaire et un risque de mort subite, estime William Lowenstein. Or, au nom de l'éthique sportive, on est trop dans le tout-répressif." Le spécialiste des addictions compte des sportifs de haut niveau parmi les clients de sa clinique de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). "Comme on l'a fait par le passé avec les toxicomanes, il faut que les médecins trouvent une place d'alliance, de confiance, qui ne soit pas une place de complicité, estime William Lowenstein. Car il est nécessaire de développer, à côté de la répression et de la prévention, une politique de soins et de réduction des risques."



Stéphane Mandard

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Message par bennie » 30 Sep 2006, 13:54

C'est intéressant.

Le problème du dopage est qu'il est intimement lié à la recherche de performance, mais surtout au fric, qui corrompt l'esprit sportif.

Rechercher la performance, le dépassement de soi est naturel pour le sportif, de haut nveau qui plus est.
Bien évidemment la triche n'est pas tolérable.

Quand un produit est interdit, le prendre consiste à tricher, c'est réglé.

Mais au dela de cette évidence, jusqu'où peut-on aller dans la recherche de la perf?
Il existe des tas d'entrainements pour s'améliorer, pour reculer les stades (anaérobie, seuils de douleur,..), pour préparer son organisme à encaisser... on appelle cela l'entraînement. Mais oxygéner son sang via une machine est-ce du dopage, est-ce dandereux, est-ce de la triche? ...


La limite entre le dopage et l'entrainement semble naturellement être dépassée quand la pratique du sport détruit l'organisme au lieu de l'entretenir!

Pour info,
au marathon de la Rochelle qui se court bientt, j'ai lu que les organisateurs ont prévu de contrôler les coureurs professionnels et n'ont pas invité les coureurs déjà convaincus de dopage lors de courses précédentes.
bennie
 
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