dans Science et Avenir:
a écrit :
[center]Une question de maturité[/center]
Des chercheurs ont réussi à améliorer la vue de souris atteintes de maladies de la rétine en transplantant directement dans l’œil des cellules sensibles à la lumière, les cônes et les bâtonnets, prélevées sur des rongeurs nouveau-nés. Ces travaux, publiés aujourd’hui par la revue Nature, montrent que la réussite dépend de la maturité des cellules et que les cellules souches ne sont pas toujours les plus efficaces.
La dégénérescence des cônes et des bâtonnets, les cellules photoréceptrices de la rétine qui transforment la lumière en influx nerveux, conduit à la cécité. C’est ce dont souffrent les millions de personnes atteintes de rétinite pigmentaire ou de dégénérescence maculaire (DMLA). Plusieurs équipes ont tenté d’implanter des cellules souches rétiniennes mais sans obtenir de résultats probants pour remplacer les photorécepteurs perdus. Cependant ces cellules peinent à s’intégrer dans le milieu et à établir des connexions avec les neurones.
L’équipe de Robin Ali (UCL Institute of Ophthalmology, Londres, GB) a découvert qu’il valait mieux implanter des cellules dites ‘’précurseurs’’ que des cellules indifférenciées. Les ‘’précurseurs’’ sont des cellules déjà programmées pour devenir des photorécepteurs mais pas encore fonctionnelles. Les chercheurs ont pu les prélever sur des souris âgées de seulement 3 à 5 jours. Une fois transplantées dans la rétine des souris aveugles, ces cellules ont survécu, sont devenues des cônes et des bâtonnets et surtout se sont intégrées et ont établi suffisamment de connections avec les neurones pour transmettre les signaux au cerveau, expliquent Ali et ses collègues britanniques et américains.
Pour trouver les mêmes cellules chez l’homme, il faudrait les prélever sur des fœtus au cours des six premiers mois de grossesse. Avant de tenter l’expérience sur l’être humain, les chercheurs devront donc trouver le moyen de produire ces cellules ‘’précurseurs’’ à partir de cellules souches.
Ces travaux pourraient avoir d’importantes répercussions pour les maladies dégénératives du système nerveux central, comme Parkinson ou Alzheimer, que les scientifiques espèrent soigner un jour en apportant de nouvelles cellules. Jusqu’à présent les essais de thérapie cellulaire n’ont pas été concluants. Les cellules implantées n’étaient peut-être pas à maturité.
Cécile Dumas
(09/11/06)