dans Science et Avenir:
a écrit :
[center]Faut-il renommer certains gènes?[/center]
Les gènes découverts chez la mouche drosophile reçoivent souvent des noms de baptêmes fantasques et originaux.
Tels les anthropologues qui ont surnommé l’australopithèque Lucy en référence à la chanson des Beatles*, certains généticiens se font plaisir lorsqu’ils baptisent les gènes qu’ils découvrent. Cela donne un sonic hedgehog, littéralement ‘’hérisson sonique’’, en référence à un personnage de jeu vidéo, ou encore un lunatic fringe, qui désigne une frange politique fanatique ou extrémiste, et qui est aussi le titre d’une chanson d’un groupe de rock canadien, Red Rider.
Attribués par des chercheurs qui travaillent sur la mouche drosophile, ces noms fantasques s’appliquent aux hommes lorsque le même gène est trouvé dans l’ADN humain. Cela représente pour l’instant 2% du génome humain. Et c’est là que ça coince : certains s’inquiètent de l’utilisation de ces noms en médecine. Comment annoncer à un patient qu’il est porteur d’une mutation du ‘’hérisson sonique’’ ?
Saisi par plusieurs chercheurs, le comité chargé de la nomenclature des gènes au sein de l’organisme international HUGO (Human Genome Organisation) a lancé une vaste consultation sur son site web.
Parmi les noms de gènes les plus critiqués figurent lunatic fringe, manic fringe et radical fringe, sonic hedgehog ou encore Indian Hedgehog.
Chez la drosophile certains gènes ont reçu des noms rigolos, comme groucho ou smurf, d’autres fort abscons comme mothers against decapentaplegia ou quelque peu sombre comme sex lethal. Si des gènes aux noms fantaisistes se retrouvent un jour associés chez l’homme à des mutations entraînant une maladie grave, les médecins seront peut-être dans l’embarras pour en parler aux patients.
D’après la revue Nature, la majorité des personnes qui ont donné leur avis au comité sont favorables à la désignation du gène par ses initiales, par exemple LNFG pour lunatic fringe, en donnant un nom complet plus fonctionnel. Pour l’instant il n’y a pas de consignes très strictes pour dénommer les gènes, si ce n’est éviter que les initiales aient une signification infamante dans les autres langues.
Cécile Dumas
(13/11/06)