L'Afrique première victime du réchauffement de la Terre

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Combat » 10 Nov 2006, 06:23

NAIROBI (AFP) - jeudi 09 novembre 2006 - 9h30 - Sécheresses récurrentes, diminution du rendement des cultures céréalières, Lagos qui pourrait être partiellement engloutie par les eaux: l'Afrique, continent le plus pauvre, est aussi le plus vulnérable au réchauffement de la Terre, causé en partie par les pays industriels.
"La pauvreté et le changement de climat sont inextricablement liés. Ce sont les pauvres du monde qui souffrent déjà de façon disproportionnée des effets du réchauffement climatique", fait valoir l'organisation Christian Aid dans un rapport publié en mai 2006.

"L'Afrique est probablement le continent le plus vulnérable à tous les effets négatifs du changement climatique et celui qui est confronté aux plus grands défis d'adaptation", complète Oxfam dans un document paru en octobre 2006.

Cette vulnérabilité extrême s'explique par le fait que 70% de la population africaine vit de l'agriculture, dont les rendements dépendent à plus de 95% des eaux de pluies, selon les Nations unies.

Le réchauffement de la Terre a déjà de multiples conséquences sur le continent noir. Comme dans le centre du Kenya, à Mtitoandei: cette région fertile s'est largement asséchée en dix ans en raison de la raréfaction des pluies. Le nombre d'agriculteurs y est passé de 300 à 2 en une décennie, selon Oxfam.

"Le réchauffement va au-delà des variations attendues par les processus naturels, ce qui renforce l'idée que les gaz à effet de serre (essentiellement liés à la combustion des énergies fossiles, comme le gaz, le pétrole et le charbon) sont impliqués", explique l'organisation humanitaire britannique.

Et les conséquences du changement climatique pourraient être bien plus catastrophiques à l'avenir pour l'Afrique.

"Le rendement des cultures céréalières baissera de 5% (...) d'ici aux années 2080", estime un rapport des Nations unies.

"Le nombre de personnes menacées par des inondations côtières passera de 1 million en 1990 à 70 millions en 2080", ajoute ce document publié à l'occasion de la 12e conférence internationale sur le climat qui se tient à Nairobi du 6 au 17 novembre.

"Quelque 185 millions de personnes en Afrique sud-saharienne seulement pourraient mourir de maladies directement attribuables au changement de climat d'ici la fin du siècle", comme le paludisme ou la malnutrition, selon Christian Aid.

Le changement climatique, qui "limite le développement en Afrique", a le "potentiel" encore bien pire de "saper" les quelques améliorations enregistrées dans certains pays du continent, met en garde le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Le paradoxe est que l'Afrique est touchée de plein fouet par le réchauffement alors qu'elle est le continent habité qui produit le moins de gaz à effet de serre (GES).

Devant ce tableau alarmant, des voix se sont élevées cette semaine à la conférence de Nairobi pour réclamer des mesures en faveur des pays en développement.

L'Afrique manque notamment cruellement de stations météorologiques pour élaborer des scénarios climatiques et des stratégies d'adaptation, souligne l'ONU.

De son côté, l'Union européenne (UE) attend de la conférence des initiatives "pour encourager une distribution plus équitable des projets destinés à réduire les émissions" de GES en vertu du Mécanisme de développement propre (MDP).

Le MDP, prévu dans le protocole de Kyoto, permet aux gros pollueurs de financer des projets de développement propre - comme l'utilisation de l'énergie éolienne - dans les pays du Sud pour compenser leurs émissions de GES, et permet ainsi d'injecter de l'argent dans l'économie locale.

Aujourd'hui, "seuls 9 des quelque 400 projets MDP enregistrés jusqu'à présent se trouvent en Afrique", regrette l'UE.


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Combat
 
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Message par canardos » 10 Nov 2006, 17:31

a écrit :

Le vendredi 10 novembre 2006


[center]Cri d'alarme des Masaïs du Kenya, victimes du réchauffement de la Terre[/center]

Agence France-Presse

Nairobi


Les Masaïs du Kenya ont réclamé vendredi une «action urgente» pour lutter contre le changement climatique dont ils s'estiment «les premières» victimes, alors que cette communauté d'éleveurs ne contribue pas ou peu au réchauffement de la Terre.

«Ma population ne roule pas en 4X4 (...), ne part pas en week-end, en vacances en avion, mais ressent les effets du changement climatique», a lancé Sharon Looremetta, une Masaï membre de l'organisation non-gouvernemantale Practical Action basée en Grande-Bretagne.

«C'est une injustice énorme et nous appelons à une action urgente», a-t-elle insisté lors d'une conférence de presse organisée en marge de la 12e conférence internationale sur le climat, qui se déroule du 6 au 17 novembre au Kenya.

Les Masaïs, une tribu essentiellement installée au Kenya et en Tanzanie voisine, «sont les premiers et les plus touchés par le changement climatique», provoqué essentiellement par les émissions de gaz à effet de serre liées à la combustion d'énergies fossiles (charbon gaz, pétrole), a-t-elle affirmé.

«On a eu très peu de pluies ces trois dernières années, les animaux meurent, les enfants ne vont pas à l'école, les femmes passent la plupart du temps à la recherche de l'eau et pas dans des activités économiques pour gagner leur vie», a ajouté Mme Looremetta, le cou orné de colliers de perles colorées, caractéristiques des Masaïs.

«Les enfants abandonnent l'école», car «ils marchent beaucoup à la recherche d'eau et de pâturage» pour leurs bêtes, qui sont leurs principales ressources a-t-elle expliqué.

Samedi, des agriculteurs, des éleveurs, dont des Masaïs, et des enfants participeront à une marche organisée dans la capitale kényane contre le changement climatique.

Les Masaïs, éleveurs semi-nomades, sont environ 500 000 au Kenya et environ 3,5 millions vivent dans le nord de la Tanzanie.


canardos
 
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Message par canardos » 20 Nov 2006, 14:42

a écrit :

[center]L'Afrique a tout à perdre au changement climatique, mais manque de moyens pour y faire face[/center]

LE MONDE | 17.11.06 |

L'Afrique est certainement le continent qui a le plus à perdre du changement climatique. C'est ce qu'indiquent deux études qui viennent d'être présentées à Nairobi (Kenya) à l'occasion de la conférence des Nations unies qui doit se clore vendredi 17 novembre.

Le premier de ces textes, rendu public par le secrétariat de la Convention sur le climat, est une synthèse des résultats des recherches relatives aux effets du changement climatique sur ce continent. Le constat n'est guère brillant. A en croire les auteurs de ce rapport, "le climat africain devrait devenir plus variable et connaître des événements météorologiques plus fréquents et plus graves".

  La décrue des précipitations, déjà observée au XXe siècle, devrait se poursuivre. L'Afrique n'étant pas un ensemble uniforme, l'est du continent présente un régime pluvial stable, tandis que le Sahel a connu de grandes variations dans les dernières décennies. Au nord de cette zone, on observe d'ailleurs depuis quelques années de meilleures pluies.

La tendance dominante est cependant au réchauffement et à une baisse des précipitations qui devraient aggraver l'accès à l'eau. En 2025, quelque 480 millions d'Africains risquent de connaître de réelles difficultés parce qu'ils vivront dans des régions aux ressources en eau insuffisantes. 70 millions d'autres, vivant dans les zones côtières, devront sans doute les quitter, en 2080, du fait de la montée du niveau de la mer.

Tout aussi grave, la superficie des terres souffrant de "graves limitations environnementales" devrait progresser au sud du Sahara, passant de 80 000 à 600 000 km2. Ainsi, "les impacts du changement climatique pourraient largement bloquer les efforts de développement dans des secteurs-clés", prévient le rapport.

L'agriculture, déjà fragile, devrait en pâtir un peu plus alors qu'elle constitue l'activité de 70 % des Africains. Une dégradation de la sécurité alimentaire est donc à craindre alors même que la demande dans ce domaine va doubler dans les trente prochaines années du fait de l'augmentation de la population, qui, en plus, risque d'être confrontée à l'expansion de certaines maladies - choléra, paludisme - favorisées par le changement climatique.

La seconde étude, publiée par l'Institut international de recherche sur le bétail (ILRI), souligne la vulnérabilité des systèmes agricoles africains. Les effets négatifs du changement climatique se combinent, note un des auteurs, Mario Herrero, avec les autres faiblesses structurelles de l'Afrique : "densité des populations, mauvaise organisation de l'accès au marché, dégradation des ressources naturelles".

Mais "paradoxalement, remarque Monique Barbut, présidente du Fonds pour l'environnement mondial, ce sont les pays en développement les plus pauvres qui doivent s'adapter, alors qu'ils ne contribuent pratiquement pas aux changements climatiques, puisque leurs économies n'émettent que de faibles quantités de gaz à effet de serre".

Pour l'instant, les instruments mis en place par le protocole de Kyoto ne semblent pas d'un grand secours pour l'Afrique. Il s'agit principalement du "mécanisme de développement propre" (MDP), par lequel des firmes occidentales financent des projets environnementaux dans des pays du Sud en échange de "crédits d'émission" à négocier sur le marché du CO2. Mais, sur plus de mille projets en cours, 9 seulement concernent des pays africains. Quant au Fonds d'adaptation, que les discussions de Nairobi ont permis de définir, il ne dispose pas d'un financement important.

Reste la voie offerte par les technologies douces et à bas coûts, tel que la "récolte" des eaux de pluie. Une étude du Centre mondial d'agroforesterie, publiée pendant la conférence de Nairobi, note que son application pourrait soulager l'Afrique de son stress hydrique.

Mais, pour mettre en avant ces technologies simples, il faut des moyens et des structures de diffusion qui font trop souvent défaut sur ce continent.

Hervé Kempf

canardos
 
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