par canardos » 09 Jan 2006, 08:45
1 000 000 000 d'hommes vivent des produits de la peche et risquent de voir leurs ressources alimentaires disparaitre dans les prochaines années.
comme quoi, contrairement à ce que pense zelda, on ne peut opposer la satisfaction des besoins de la population et l'environnement....l'une et l'autre sont totalement liées
dans Liberation:
[center]Pêche. Selon deux études, leurs poissons auraient disparu à plus de 98% en vingt ans.[/center]
[center]Grands fonds en voie de désertification[/center]
par Denis DELBECQ
QUOTIDIEN : lundi 09 janvier 2006
Il aura fallu moins de vingt ans. Dix-sept exactement, pour conduire plusieurs espèces de poissons des grands fonds du nord-ouest de l'Atlantique au bord de l'extinction. Une étude canadienne publiée jeudi dans Nature montre que les populations de hoki (Antimora rostrata), de grenadiers de roche (Coryphaenoides rupestris), de berglax (Macrourus berglax), de tapir à grandes écailles (Notocanthus chemnitzi) et de raie à queue épineuse (Bathyraja spinicauda) ont chuté de 87 % à 98 % entre 1978 et 1994. Pire, en agglomérant ces résultats avec ceux d'une autre étude portant sur 1995-2003, la population du grenadier de roche aura chuté de 99,6 % entre 1978 et 2003... L'étude suggère que les cinq espèces répondent désormais aux critères qui permettent à l'Union internationale pour la protection de la nature de placer un animal (ou un végétal) sur sa liste rouge, et donc d'interdire son exploitation. Elles seraient, dans l'Atlantique Ouest, en situation plus critique que le panda.
Hécatombe.
La pêche en eau profonde s'est fortement développée depuis les années soixante-dix au fur et à mesure de la réduction des prises en surface... et de l'amélioration des techniques de pêche. Les grenadiers sont généralement pêchés entre 600 et 800 mètres de profondeur, quand d'autres prises sont capturées jusqu'à 2 500 mètres, rappelle Jennifer Devine, de la Memorial University (Terre-Neuve), et coauteure de l'étude. Une profondeur qui explique le peu de données disponibles sur les stocks de poissons qui y vivent, souligne David Griffith, le secrétaire général du Conseil international pour l'exploration de la mer (ICES), un organisme scientifique qui conseille les institutions européennes en matière de pêche (1). Mais les spécialistes avaient prévenu il y a longtemps : la pêche massive des espèces de grande profondeur provoquera rapidement une hécatombe dont les effets se feront sentir pendant des décennies. Pour une raison très simple : ce sont des poissons à croissance lente et de grande durée de vie, et aussi à maturité sexuelle tardive. De plus, les espèces profondes ont une faible fécondité.
«Contrairement aux morues, dont les générations se renouvellent au bout de sept-huit ans, rappelle Jennifer Devine, les espèces que nous avons étudiées voient leurs générations se régénérer entre dix-sept et vingt et un ans...» Ce qui ne rend pas la scientifique très optimiste sur l'avenir de ces poissons. «Le moratoire sur la morue, décrété en 1992 à Terre-Neuve, n'a pas permis de rebond depuis. Si on décrétait un même moratoire sur la pêche profonde, on ne verrait donc pas d'amélioration pendant au moins cent ans !»
Pour Jennifer Devine et ses collègues, la question d'un moratoire n'est donc pas à l'ordre du jour. Ils préfèrent mettre en avant l'idée de «sanctuaires pour protéger leurs forêts coralliennes et les zones qui servent de nurserys aux poissons menacés». Mais la chercheuse estime qu'une «pêche soutenable» de ces espèces n'est peut-être pas viable économiquement. «Compte tenu de leurs caractéristiques biologiques, une pêche raisonnable donnerait trop peu de prises pour être rentable.»
Exploitation. Compte tenu aussi que l'hécatombe se produit à l'échelle d'une seule génération de ces espèces d'eau profonde, l'ICES penche pour une quasi-interdiction de leur pêche. «Notre dernier avis adressé à la Commission européenne, en octobre dernier, recommande des quotas très bas jusqu'à ce que la preuve soit faite qu'on peut exploiter ces espèces de manière durable», affirme David Griffith, qui ajoute qu'il faut interdire toute nouvelle exploitation d'espèce d'eau profonde. Beaucoup sont d'ailleurs des pêches sans véritable valeur commerciale, des victimes collatérales de la quête de flétan du Groenland et du sébaste, par exemple. En Atlantique Est, l'ICES s'avoue très inquiet pour les populations de certains requins d'eau profonde.
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