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mercredi 22 novembre 2006,
[center]Repérer des régions de l'ADN variant d'un homme à l'autre pour mieux soigner [/center]
Par Annie HAUTEFEUILLE
PARIS (AFP) - Pour faciliter la découverte de gènes de prédisposition à différentes maladies, une équipe internationale de chercheurs a élaboré une carte de régions du génome variables d'une personne à l'autre, selon des travaux rendus publics mercredi.
Certains segments se trouvent recopiés de multiples fois sur les longs fils d'ADN, mais le nombre de ces copies, leur localisation, peuvent varier d'un individu à l'autre. Même situés hors des gènes eux-mêmes, ces segments transposés ou supprimés (délétions) peuvent avoir une influence sur leur expression et donc sur le fonctionnement de l'organisme.
Maladies d'Alzheimer, de Parkinson, susceptibilité à un des virus du sida (VIH-1), réactions individuelles aux médicaments ou à certains autres produits de notre environnement pourraient être liées à ce type de différences génétiques, expliquent des chercheurs dans la revue scientifique britannique Nature.
Sur les longs fils d'ADN blottis au coeur de chacune des nos cellules, le programme génétique dépend de l'ordre dans lequel se succèdent quatre motifs chimiques élémentaires appelées bases (G pour guanine, A pour adénine, C pour cytosine, T pour thymidine, sont les quatre lettres de cet alphabet).
De larges portions d'ADN situées entre les gènes (dit ADN non-codant) avaient, dans un passé récent, été traitées avec mépris d'ADN "poubelle", car sans fonction identifiée.
A peine achevés les programmes de décryptage "lettre" à "lettre" du génome humain, des équipes de chercheurs ont entrepris de le cartographier, ADN-non codant compris, pour y établir des sortes de balises, afin d'accélérer le repérage de gènes de susceptibilité à différentes maladies.
Le projet du Consortium international Hapmap lancé en 2002, associant secteur public et privé de recherches avec des équipes de six pays (Canada, Chine, Japon, Nigeria, Royaume-Uni, Etats-Unis) s'inscrit dans ce cadre.
Pour avoir le plus large éventail possible de variations génétiques au sein de la population humaine, les chercheurs ont utilisé des échantillons de sang de 269 volontaires, dont l'anonymat a été préservé, originaires de quatre régions du monde : des Japonais de Tokyo, des Chinois Han de Pékin, des Yoruba d'Ibadan au Nigeria et des résidents de l'Utah dont les ancêtres venaient d'Europe du Nord ou de l'Ouest.
Plus d'un million de variations ponctuelles (portant sur une seule lettre ou base) appelés SNP (polymorphisme simple nucléotide) avaient déjà été repérées voici un an. Ces résultats sont confirmés et même étendus à 1,5 million de SNP, d'après une des études publiées mercredi.
Utilisant le même échantillon de population que le projet Hapmap, Matthew Hurles (Welcome Trust Sanger Institute, Cambridge, Royaume-Uni) et des chercheurs américains, canadiens, japonais et espagnols ont cherché à repérer des variations concernant de larges segments d'ADN contenant au moins un millier, voire des millions de paires de bases chacun.
Duplications multiples, insertions, délétions de ces segments sont appelés variations du nombre de copies (CNV). Plus de 1.400 CNV ont été repérées, couvrant 12% du génome humain, soit beaucoup plus qu'escompté. Elles contiennent des centaines de gènes et autres éléments fonctionnels, selon l'étude publiée dans Nature.
"En étudiant davantage d'individus en bonne santé de différentes populations, nous découvrons des séquences d'ADN complètement nouvelles, qui étaient absentes des individus ayant servi au projet de séquençage du génome humain", a souligné le Pr Charles Lee (Harvard Medical School, Boston, Etats-Unis).