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[center]La typhoïde avance masquée[/center]
Si la typhoïde a pu se maintenir au sein de la population humaine depuis des milliers d’années, c’est que la bactérie responsable de cette fièvre a la capacité de se cacher. Elle demeure chez certains individus qui sont guéris mais continuent malgré eux à héberger le bacille et à le transmettre. Cette stratégie a sans été beaucoup plus répandue qu’on ne pense, selon des chercheurs européens qui ont menée une vaste étude de la diversité génétique des Salmonella enterica Typhi.
Plus de 20 millions de personnes sont encore infectées chaque année par les Salmonella Typhi et 200.000 en meurent. La bactérie n’est adaptée qu’à l’homme. Les excréments humains contaminent l’environnement et, dans les pays où l’hygiène est précaire, les personnes sont infectées en consommant de l’eau ou des aliments.
L’équipe de Philippe Roumagnac (Institut Pasteur, Paris) et de Mark Achtman (Max Planck Institute) ont collecté plus d‘une centaine de souches de la bactérie et comparé 200 gènes pour dresser un arbre phylogénétique des Salmonella Typhi.
La souche ancestrale serait apparue il y a 10.000 à 43.000 ans, après la sortie d’Afrique mais avant que les chasseurs-cueilleurs deviennent des cultivateurs sédentaires, expliquent les chercheurs, qui publient aujourd’hui leurs travaux dans la revue Science.
Mortelle dans 10% des cas en l’absence de traitement, la maladie se serait maintenue au sein de la population humain grâce aux porteurs asymptomatiques, précisent les chercheurs. On connaît quelques cas historiques, comme la cuisinière Mary Mallon, rebaptisée ‘’Marie typhoïde’’, qui infecta plus de deux cents personnes en Angleterre entre 1893 et 1909. Plus près de nous, des cas groupés de typhoïde se produisent parfois en France, parmi les clients d’un restaurant où un cuisinier est porteur asymptomatique de la bactérie. Une fois guéries, ces personnes continuent à excréter les bactéries dans leurs selles pendant plusieurs années.
A l’heure actuelle ce sont les pays en développement qui sont les plus touchés par la fièvre typhoïde. En Asie des souches résistantes aux antibiotiques ont émergé au début des années 90, montrent également les chercheurs, et l’une de ces souches de Salmonella Typhi commence à être retrouvée en Afrique.
Cécile Dumas
(24/11/06)