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[center]La maladie d'Alzheimer pourrait être diagnostiquée plus tôt[/center]
LEMONDE.FR avec AFP | 21.12.06 |
Les chercheurs américains ont annoncé mercredi 20 décembre avoir réussi à détecter la maladie d'Alzheimer avant ses premiers symptômes chez certains patients, grâce aux technologies de l'imagerie associées à une nouvelle molécule se fixant aux protéines anormales de cette maladie dégénérative.
Les chercheurs de l'université de Californie et Los Angeles (UCLA), qui ont publié leur étude dans le New England Journal of Medicine, affirment que leur méthode permet "de voir en temps réel dans le cerveau" et d'identifier les deux principaux marqueurs de la maladie chez des sujets qui pourraient ne développer Alzheimer que plusieurs années plus tard.
"L'étude indique que nous pourrions avoir désormais un nouvel instrument de diagnostic pour détecter les prédispositions à Alzheimer afin de nous aider à identifier les personnes à risque, peut-être des années avant que les symptômes soient évidents", a déclaré le docteur Gary Small, directeur du centre sur l'âge à l'UCLA et principal auteur de l'étude.
IL N'EXISTE AUCUN OUTIL DE DIAGNOSTIC D'ALZHEIMER
Les chercheurs espèrent que ce nouvel instrument accélérera la recherche sur les traitements d'Alzheimer et permettra à terme de diagnostiquer plus tôt la maladie et de traiter les personnes à risques, leur épargnant d'importantes dégénérescences. Actuellement, il n'existe aucun outil de diagnostic d'Alzheimer, une maladie neurodégénérative chronique toujours incurable, qui entraîne une détérioration progressive des fonctions cognitives telles que l'attention, la perception, la mémoire, l'intelligence et le langage.
La nouvelle molécule parvient à associer les deux protéines caractérisant la pathologie, les dépôts anormaux ou plaques de peptiques (fragments protéiques), de bêta amyloïde, et les protéines Tau qui s'accumulent sous forme de filaments pathologiques dans les cellules nerveuses.
L'équipe de l'UCLA a expérimenté la nouvelle méthode sur un échantillon de 83 personnes et ainsi pu distinguer les patients sains de ceux présentant des risques. Les sujets se sont vu injecter un composant radioactif, avant d'être observés à l'aide d'un scanner PET (Positron Emission Tomography) et, pour 72 d'entre eux, à l'aide d'une IRM (image à résonance magnétique). Les chercheurs ont pu identifier 25 malades probables d'Alzheimer, 28 personnes souffrant de légère dégradation cognitive et 30 présentant des résultats normaux.
La méthode s'est aussi montrée efficace, selon les auteurs, pour tracer la progression de la maladie dans le temps. Des scanners ultérieurs ont été réalisés sur douze patients dont les fonctions mentales s'étaient détériorées. Or les images ont montré que plus la maladie était avancée, plus la concentration du marqueur chimique était élevée dans les zones du cerveau où s'accumulent les protéines anormales. La concentration est de 5 à 11 % supérieure à celle constatée sur les scanners précédents.
La maladie d'Alzheimer touche quelque 25 millions de personnes dans le monde, dont environ 860 000 en France. Mais avec le vieillissement de la population, la maladie et d'autres formes de démence devraient toucher 42 millions de personnes dans le monde en 2020 et plus de 81 millions d'ici à 2040, ont prédit fin 2005 douze experts internationaux dans une étude publiée dans la revue médicale britannique The Lancet.

Une image obtenue à l'aide d'un scanner PET de l'université de Californie et Los Angeles (UCLA) qui montre, à gauche, le cerveau d'un patient volontaire souffrant de troubles cognitifs légers, et à droite, le cerveau d'un patient volontaire souffrant de la maladie d'Alzheimer. Les chercheurs de l'UCLA ont dévoilé mercredi 20 décembre 2006 les résultats de leurs travaux.
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[center]Mise au point d'un premier diagnostic précoce de la maladie d'Alzheimer[/center]
LE MONDE | 26.07.06 |
Une équipe médicale internationale vient d'annoncer avoir mis au point une méthode permettant, pour la première fois, de dépister très précocement les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, une des affections neurodégénératives les plus fréquentes et qui, pour l'heure, reste incurable. Dirigée par le professeur Bruno Dubois (groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière et unité Neuroanatomie fonctionnelle du comportement et de ses troubles, de l'Inserm), l'équipe a exposé ses résultats lors du congrès mondial consacré à cette maladie, qui s'est tenu à Madrid du 15 au 19 juillet.
Depuis l'identification de la pathologie il y a un siècle, le diagnostic n'est porté que lorsque l'état de santé mentale laisse penser que les malades souffrent d'une forme sévère de démence pour laquelle aucune cause ne peut être trouvée. "J'ai toujours considéré qu'il n'y avait aucune raison de lier le diagnostic de la maladie à un stade de sévérité, explique M. Dubois. La maladie débute dès les premiers signes et c'est au médecin d'essayer de dégager la spécificité de ces premiers signes pour diagnostiquer la maladie sans attendre qu'elle devienne suffisamment avancée pour s'y intéresser. C'est comme s'il fallait attendre que les malades parkinsoniens soient grabataires pour faire le diagnostic de leur maladie. Or ce diagnostic est aujourd'hui porté au tout début de l'affection face à une forme de tremblement dite 'de repos' il faut aujourd'hui faire de même avec l'Alzheimer."
Depuis 2005, un petit groupe de spécialistes français, américains, canadiens, japonais, britanniques et néerlandais a entrepris d'étudier comment le diagnostic pourrait être porté de manière précoce. Au vu de leurs travaux, il apparaît que plusieurs années pourraient être gagnées si, abandonnant les pratiques en vigueur, les neurologues avaient recours à une nouvelle grille diagnostique. Celle-ci est centrée sur un syndrome amnésique spécifique - qui, en France, peut être fait dans n'importe quelle "consultation de mémoire" - associé à une atrophie de certaines régions cérébrales visualisées par les techniques courantes d'imagerie par résonance magnétique nucléaire. D'autres critères biologiques, obtenus par un prélèvement de liquide céphalo-rachidien, ou fonctionnels peuvent également être pris en compte.
"CADRE FLOU"
En pratique, établir un diagnostic de la maladie d'Alzheimer avant même l'apparition de la démence conduit à faire éclater le concept de Mild Cognitive Impairment (MCI), traduit en français par l'expression "troubles cognitifs légers". "Il faut savoir que le MCI est un cadre flou, hétérogène, qui renvoie à des causes très différentes (dépression, trouble vasculaire cérébral, maladies dégénératives débutantes), qui ont en commun de donner des troubles cognitifs, explique Bruno Dubois. Cette entité, notamment défendue par certains spécialistes américains, a été fortement soutenue par l'industrie pharmaceutique, qui a vu là un marché considérable. Mais, comme on pouvait le prévoir, les études d'efficacité de certains médicaments n'ont pas permis de conclure, du fait, précisément, de l'hétérogénéité du concept de MCI."
Pour M. Dubois, il faut former le corps médical à la nouvelle approche que son équipe a développée, afin, notamment, de pouvoir bientôt prescrire de manière précoce les médicaments actuellement en cours de développement. Ceux-ci seront censés ralentir le processus neurodégénératif caractéristique de la maladie d'Alzheimer, qui, dans les pays industrialisés, est aujourd'hui la première forme de démence.
Jean-Yves Nau