de l'eau liquide sur la lune?

[canardos]

[center]L'eau, liquide toujours invisible[/center]

LE MONDE | 04.01.07 |


Mars Global Surveyor (MGS) s'est effacée sur une dernière larme. Des gouttes d'un liquide qui a coulé brièvement au flanc d'un ravin martien. Quelques jours après l'annonce de la perte de contact entre la NASA et sa plus ancienne sonde sur place, arrivée en 1997, la publication, dans Science du 8 décembre, de plusieurs photos prises par MGS a relancé les spéculations sur la présence actuelle d'eau liquide sur la planète.

Les clichés, pris à six années de distance (1999 et 2005), montrent l'apparition de dépôts clairs dans la pente de deux cratères. Ni la nature, ni l'origine de cet écoulement ne sont toutefois démontrés. S'il devait s'agir d'un ruissellement d'eau, certains chercheurs estiment qu'il proviendrait de la fonte de glaces mêlées à de la poussière, au cours d'un réchauffement passager. D'autres avancent l'hypothèse d'une résurgence d'une nappe enfouie.

Depuis août 2005, le radar Marsis, embarqué à bord de la sonde européenne Mars express, recherche justement ces nappes souterraines. Sans succès pour l'instant. Marsis a bien repéré des couches de glace enfouies sous le pôle Nord. Mais rien de liquide. Au contraire : ses derniers résultats, publiés dans Nature du 14 décembre, confirment que les grandes plaines du Nord, qui furent interprétées comme le fond d'un ancien océan, se sont formées sans intervention aquatique. Déjà, l'équipe française du spectromètre Oméga avait montré qu'en surface, aucun matériau n'avait subi d'altération due à l'eau. En profondeur, Marsis a repéré de larges bassins d'impact enterrés, qui témoignent de la violence du bombardement d'astéroïdes qu'a subi Mars lors des premiers âges du Système solaire, il y a plus de 4 milliards d'années. Depuis, ces cratères très anciens ont été recouverts par des laves, sans doute remontées par des failles et par des sables que les vents ont déposés. L'eau liquide, si elle subsiste sur la Planète rouge, doit être cherchée ailleurs.

Jérôme Fenoglio