excipients et médicaments

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 12 Jan 2007, 07:08

sur le site du CNRS:

a écrit :

Paris, 11 janvier 2007

[center]Excipients : vers une nouvelle génération de médicaments[/center]


Un médicament, qu'est-ce que c'est ? Toujours le résultat d'un subtil mariage entre une molécule – le principe actif, c'est lui qui soigne – et un excipient adapté – composé neutre dans lequel on incorpore le principe actif pour le rendre absorbable par l'organisme. On obtient ainsi le comprimé, la gélule ou le sirop désiré. Et si en lieu et place de ces excipients neutres, on utilisait des matériaux biodégradables ? C'était déjà possible pour certains principes actifs, cela l'est désormais pour beaucoup d'autres ! L'équipe de Didier Bourissou, du Laboratoire hétérochimie fondamentale et appliquée (CNRS/Université Toulouse 3), est en effet parvenue à mettre au point un nouveau procédé de synthèse de ces matériaux, augmentant ainsi significativement leur diversité.


Jusque à présent, en pharmacologie, on utilisait déjà certains polymères biodégradables, comme les polyesters(1), en tant qu'excipients. Mais cela n'était possible que pour certaines molécules de principes actifs, des anti-cancéreux ou l'hormone de croissance par exemple. Et dans le domaine de la chirurgie : le secret des fils résorbables réside en effet dans l'usage de ces mêmes polyesters.

Quel est le principe de ces médicaments « nouvelle génération » ? L'excipient biodégradable, qui renferme en lui le principe actif, se présente par exemple sous forme d'implant – un bâtonnet d'un millimètre de diamètre et d'un centimètre de long environ– à glisser juste sous la peau. L'opération, réalisée par un médecin, ne dure que quelques minutes. La particularité de ces polyesters : ils sont hydrolysables, autrement dit détruits par l'eau. Pas de chance pour eux, nos organismes en regorgent. C'est ainsi que l'excipient va progressivement se décomposer, en une semaine, un mois ou un trimestre, selon sa nature, libérant le principe actif qu'il contient. D'où le grand avantage de la technique : les excipients biodégradables permettent l'administration de médicaments à libération prolongée et contrôlée. Un vrai confort en cas de maladie chronique, puisqu'elle évite une prise fréquente et répétée de médicaments. Autre point positif : la diminution des effets secondaires. Court-circuitant la voie digestive, le principe actif passe directement dans le sang. Ce qui permet également de réduire sa quantité puisqu'il n'y a plus à pallier la destruction partielle subie par la molécule quand elle traverse cette même voie digestive.

Au vu de ces avantages, pourquoi ne pas étendre la technique à un large éventail de principes actifs ? Parce que jusque-là, on ne savait fabriquer ces polymères biodégradables qu'à partir de deux monomères (les unités de base des polymères) dérivés de l'acide lactique et de l'acide glycolique. Imaginez, c'est un peu comme si pour faire un collier de perles on ne disposait que de perles vertes et de perles rouges. Et de la même manière qu'un tel bijou bicolore n'ira pas avec n'importe quelle tenue, les polyesters obtenus ne s'allient pas avec n'importe quel principe actif. Sans compter qu'à partir de ces monomères peu réactifs dérivés de l'acide lactique et de l'acide glycolique, la préparation industrielle des polymères nécessite des temps de réaction longs et des températures élevées (de l'ordre de quelques heures à 140-160°C).

C'est là que l'équipe de Didier Bourissou entre en scène avec une idée : pourquoi ne pas changer recette et ingrédients pour faciliter l'accès à ces polyesters et augmenter leur diversité ? Et à force d'essais, ils y parviennent ! En collaboration avec la société Isochem, ils mettent au point un nouveau procédé de synthèse de ces polymères. Celui-ci implique de nouvelles briques élémentaires, les O-carboxy anhydrides, beaucoup plus réactives – d'autres perles pour notre collier en somme - ce qui permet de préparer les polyesters dans des conditions de laboratoire beaucoup plus douces (de l'ordre de quelques minutes à 25°C). Et surtout, d'aboutir à une variété bien plus large, démultipliant les chances qu'un principe actif puisse trouver son excipient biodégradable. Ces résultats prometteurs ont conduit au dépôt de deux brevets.

Progrès indéniable dans le quotidien des patients, cette technique pourrait aussi trouver des amateurs du côté des grands groupes pharmaceutiques en apportant une véritable plus-value aux médicaments traditionnels par le biais de formulations à libération prolongée.

Ce travail a été réalisé dans un contexte de très forte compétitivité internationale et s'inscrit dans le cadre du programme interdisciplinaire « chimie pour le développement durable » du CNRS.


Notes :
1) Polymères obtenus par assemblage de fonctions acides et alcools, les monomères (les unités de base des polymères) sont reliés entre eux par des liaisons ester

Références :
An Activated Equivalent of Lactide toward Organocatalytic Ring-Opening Polymerization
O. Thillaye du Boullay, E. Marchal, B. Martin-Vaca, F. P. Cossio, et D. Bourissou, J. Am. Chem. Soc. 27 déc. 2006, 128, 16442.

canardos
 
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