maladie d'Alzheimer et alimentaion

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Le mardi 13 février 2007

[center] Alzheimer: la mauvaise alimentation mise en cause[/center]

François Gougeon
La Tribune
Sherbrooke


Malgré plein d'hypothèses très sérieuses, le mystère persiste au sujet de la maladie d'Alzheimer, qui entraîne la destruction de cellules essentielles au bon fonctionnement du cerveau. Et parmi ces hypothèses, jusqu'à quel point l'alimentation est-elle en cause?

«Dans la maladie d'Alzheimer, plusieurs facteurs peuvent jouer, comme la génétique, l'environnement, l'hygiène de vie... Et je suis convaincu que la mauvaise alimentation, comme l'absence d'acides gras qu'on retrouve dans le poisson, joue un rôle», soumet le physiologiste et spécialiste en nutrition Stephen Cunnane.

Et c'est justement dans le but de déterminer ce lien qu'il dirige depuis trois ans une importante chaire canadienne de recherche sur le métabolisme et le vieillissement du cerveau. L'alimentation fait partie des travaux de son équipe.

Oméga 3

«La consommation d'oméga 3, qu'on retrouve dans le poisson, semble prémunir contre l'Alzheimer. Certains indices sont assez évidents. Par exemple, au Japon, en Islande et en Norvège, qui sont trois pays à forte consommation de poissons, la prévalence (de la maladie d'Alzheimer) est très faible. À l'inverse, dans un pays comme les États-Unis, qui est le champion de la non-consommation de poissons, c'est là qu'il y a le plus d'Alzheimer... Mais c'est quoi le lien exactement? Est-ce que la culture, par exemple, n'interfère pas également, avec le fait que les Japonais marchent plus et ont des habitudes de vie plus saines que les Américains? C'est cela qu'on veut analyser entre autres», explique le spécialiste que le Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUGS a eu la chance de recruter à Toronto.

«Tout comme pour le bébé dont on sait clairement maintenant qu'une saine alimentation va assurer la bonne croissance du cerveau, l'impact de l'alimentation est là aussi pour le cerveau vieillissant», dit encore M. Cunnane à propos de sa recherche très pointue. Plusieurs paramètres seront mesurés: la conversion par oxydation des acides gras en «carburant» pour le cerveau, l'utilisation de glucose et de bêta-hydroxybutyrate pour le cerveau, la contribution des acides gras et du cholestérol aux mécanismes de neurotransmission et ainsi de suite.

Si ça peut sembler du chinois pour le commun des mortels, l'idée au bout du compte c'est de rendre service à du vrai monde, des gens atteints d'Alzheimer. Par exemple avec des recommandations alimentaires pour prévenir le mal, un diagnostic plus précoce, la mise au point de médicaments adéquats. Bref, le maintien de l'autonomie cognitive chez l'aîné.

«C'est terrible cette maladie. C'est pas un processus normal du vieillissement... Une personne a travaillé toute sa vie, arrive à la retraite et pouf! L'Alzheimer se déclare. C'est une triste agonie dans la perte de mémoire, du langage, du raisonnement... Je suis confiant qu'on va un jour mieux maîtriser cette maladie mais les recherches sont longues. Il faut dire aussi que par rapport à d'autres pathologies, comme le cancer ou les maladies du coeur, on s'intéresse de façon plus marquée à l'Alzheimer depuis peu de temps. On a beaucoup de rattrapage à faire», a aussi fait valoir le spécialiste, également directeur intérimaire du Centre de recherche sur le vieillissement.

450 000 Canadiens de plus de 65 ans en sont atteints

La maladie d'Alzheimer, qui est la forme la plus courante des maladies neurodégénératives, compte pour environ 64 pour cent de tous les cas de maladies cognitives irréversibles au Canada.

Toujours selon des données de différentes études compilées par la Société Alzheimer du Canada, voici quelques autres faits saillants:

- Un Canadien sur 13 de plus de 65 ans et un sur trois de plus de 85 ans sont présentement atteints de la maladie d'Alzheimer ou d'une affection connexe;

- Il est estimé que 450 000 Canadiens de plus de 65 ans vivent avec la maladie qui affecte les femmes pour les deux tiers, soit environ 300 000;

- Bien que la génétique joue un rôle dans la maladie, la forme héréditaire ne compte que pour environ cinq à sept pour cent des cas;

- Plus du cinquième des familles canadiennes (21%) comptent une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer;

- Évalué à 5,5 milliards $ en 2000 au Canada, le coût économique lié aux soins des personnes atteintes d'Alzheimer va monter en flèche: à cause du vieillissement de la population, dans 25 ans, cette maladie et les affectations connexes risquent de devenir le fléau économique, social et sanitaire le plus important en matière de santé au pays.

- Il n'existe présentement aucun traitement curatif pour cette maladie dégénérative et mortelle mais seulement des médicaments portant sur certains symptômes.