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[center]Les aérosols: des grains de sable dans le cycle de l’eau[/center]
Il pleuvrait moins sur certains sommets chinois à cause de la pollution de l’atmosphère par de très fines particules, les aérosols, qui interfèrent avec la formation des nuages, selon une étude menée par des chercheurs israéliens et chinois. Dans les régions semi-arides où les populations dépendent de ces précipitations pour leur approvisionnement en eau, ce processus augmente les risques de sécheresse.
Daniel Rosenfeld (Hebrew University of Jerusalem) et ses collègues ont utilisé les données enregistrées depuis 1954 par la station météorologique du Mont Hua, en Chine, pour évaluer l’impact des aérosols sur les pluies en altitude. Ces petites particules, d’origine naturelle (volcan, désert) ou humaine (combustions, poussières industrielles), ont un effet refroidissant, car elles bloquent en partie le rayonnement solaire. Elles modifient aussi la formation des nuages. L’hypothèse retenue par Rosenfeld est que plus le nombre de particules augmentent dans un nuage, plus la taille des gouttes diminuent. Or il faut que les gouttes soient suffisamment grosses pour que la pluie tombe. Les aérosols auraient donc la capacité de diminuer les précipitations.
De fait, les chercheurs ont constater qu’à 2.000 mètres d’altitude, sur le Mont Hua, dans le centre du pays, les pluies avaient diminué de 20% au cours des 50 dernières années. Dans le même temps, la visibilité depuis le sommet s’est réduite, passant de 38 km en 1954 à 20 km aujourd’hui. En Chine le développement économique effréné et l’absence de régulation ont entraîné une augmentation rapide de la concentration d’aérosols atmosphériques. Sur le Mont Hua, les jours où le brouillard dû aux aérosols est le plus dense, les précipitations chutent de 50%.
Ces résultats, publiés dans la revue Science du 9 mars 2007, s’ajoutent à d’autres travaux montrant l’impact des aérosols sur le cycle de l’eau. Cependant, leur action est complexe et ne peut se résumer à une seule relation de cause à effet.
La nature des aérosols est variée : les particules issues des sables du Sahara n’ont pas la même composition que les particules émises par l’industrie ou les feux de biomasse. Certains aérosols, riches en carbone, ont un fort effet de réchauffement dans leur environnement immédiat et peuvent au contraire favoriser les précipitations lorsqu’ils rencontrent des masses d’air chaud et humide.
Autre source de complexité : contrairement aux gaz à effet de serre, les concentrations d’aérosols dans l’atmosphère varient très fortement dans le temps et dans l’espace. Ces particules peuvent voyager des milliers de kilomètres et agir très loin de leur lieu d’origine. Enfin, leur action n’est pas toujours directe : en modifiant la température des océans et la vitesse des vents, les aérosols agissent aussi par ricochet sur le cycle hydrologique de la planète.
Quoi qu’il en soit, les aérosols ne peuvent pas seulement être considérés comme ‘’rafraîchissants’’ pour la planète, comment le Pr Rosenfeld. En réduisant les précipitations sur les sommets, ils pourraient tout autant contribuer à l’avancée du désert que le réchauffement climatique.
Cécile Dumas
Sciences et Avenir.com
(12/03/07)