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Le vendredi 30 mars 2007
[center]Alzheimer: un nouveau vaccin suscite espoir et scepticisme[/center]
Louise Leduc
La Presse
Des souris japonaises ont fait le tour du monde, hier, répandant l'espoir d'un vaccin miraculeux contre la maladie d'Alzheimer. Pas si vite, disent des spécialistes d'ici qui confirment néanmoins un réel bouillonnement de la recherche sur cette maladie dégénérative.
L'agence de presse britannique Reuters révélait hier qu'une équipe de chercheurs japonais a mis au point un vaccin contre la maladie d'Alzheimer qui s'est révélé efficace sur la souris. Sur 14 souris modifiées génétiquement, en fait.
Des essais cliniques sur les humains suivront, «possiblement cette année», a dit Takeshi Tabira, directeur de l'Institut national des sciences de la longévité, au Japon.
Judes Poirier, directeur du Centre d'étude sur le vieillissement à l'hôpital Douglas, a accueilli cette nouvelle avec d'autant plus de scepticisme qu'il revient d'un congrès mondial sur la maladie d'Alzheimer au cours duquel «les compagnies pharmaceutiques, qui sont soumises à des contrôles plus sévères que des chercheurs universitaires, ont rappelé que le risque d'hémorragies cérébrales demeurait un frein majeur».
C'est qu'il y a un très malheureux précédent. Il y a quatre ans, en Europe, un vaccin contre l'Alzheimer a été testé. «Sur quelque 200 personnes, trois sont mortes et une vingtaine d'autres sont tombées dans le coma», poursuit le Dr Poirier.
Les vaccins contre la maladie d'Alzheimer, «ce n'est pas de l'eau bénite, résume le Dr Serge Gauthier, directeur de l'Unité de recherche sur la maladie d'Alzheimer au Centre McGill d'études sur le vieillissement. L'immunothérapie pour traiter la maladie d'Alzheimer, c'est ce qu'il y a de plus risqué. L'effet du vaccin dure de deux à trois semaines. Si le patient réagit mal, on ne peut pas lui retirer le produit.»
Les vaccins précédemment testés ont bel et bien porté atteinte aux plaques d'amyloïde qui causent problème chez les gens atteints de la maladie d'Alzheimer. L'ennui, c'est que le «lavage de cerveau» ne s'est pas limité, jusqu'ici, aux plaques maudites, mais a affecté le cerveau dans son ensemble.
De la souris à l'humain, il y a par ailleurs un pas et c'est particulièrement vrai pour les souris transgéniques sur lesquelles on parvient encore très mal à reproduire la maladie d'Alzheimer. Dans le meilleur des cas, si les vaccins et l'immunothérapie de façon générale se révélaient utiles, ils ne le seraient que sur des sujets déjà atteints de la maladie et que sur des sujets de moins de 65 ans, aux premiers stades de la maladie, selon le Dr Gauthier.
Des raisons d'espérer
Malgré tous ces bémols, il reste que la recherche sur la maladie d'Alzheimer est bouillonnante.
D'ici quelques semaines paraîtront les résultats de la pharmaceutique Neurochem sur des pilules qui visent à favoriser le nettoyage local de neurones. D'ici 2008, on aura aussi les résultats d'une étude de Pfizer sur des réducteurs de cholestérol - le cholestérol étant aujourd'hui considéré comme l'un des facteurs contribuant à l'apparition de la maladie d'Alzheimer. L'entreprise Elan planche quant à elle sur un vaccin passif. «On n'en est plus à l'étape de trouver des pilules pour contrôler les symptômes de la maladie d'Alzheimer, mais on en est vraiment à s'attaquer au processus, à la source du problème», dit le Dr Poirier.