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Le lundi 11 juin 2007
[center]Les orangs-outans menacés par la déforestation en Indonésie[/center]
Arthur Max
AP La Haye
La disparition de la forêt tropicale indonésienne se produit à un rythme plus rapide que prévu et menace la survie à long terme des orangs-outans, avertit un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) publié lundi.
Selon le PNUE, la forêt tropicale indonésienne disparaît 30% plus vite que les experts ne le pensaient jusqu'ici en raison de l'exploitation forestière illégale dans les parcs nationaux. Quelque 2,1 millions d'hectares de forêt sont coupés chaque année dans l'archipel et ces arbres représentent une valeur marchande de quatre milliards de dollars (trois milliards d'euros).
Il ne reste plus qu'environ 7000 orangs-outans à Sumatra et 50 000 à Bornéo. «Les populations (de ces primates) chutent de manière spectaculaire», souligne Melanie Virtue, du Programme survie des grands singes du PNUE. Le nombre d'orangs-outans de Sumatra a chuté de 91% en un siècle, selon Ian Redmond, membre du même programme.
Les primates qui fuient les zones forestières surexploitées se retrouvent dans des «camps de réfugiés» gérés par le PNUE. Ces refuges en abritent un millier aujourd'hui, selon le rapport, qui évoque également une augmentation du trafic de jeunes orangs-outans vendus illégalement à des zoos privés ou à des parcs animaliers.
Des prévisions antérieures estimaient que la forêt tropicale indonésienne serait sérieusement dégradée d'ici 2032. Mais selon de nouvelles projections basées sur des données satellitaires, 98% des forêts en plaines seront détruites d'ici 2022 et de nombreuses zones protégées auront disparu au cours des cinq prochaines années, précise le rapport publié à l'occasion de la 14e conférence de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction), organisée à La Haye. La CITES interdit le commerce des orangs-outans sauf autorisation spéciale.
Selon le rapport, les exploitants forestiers illégaux opèrent dans 37 des 41 parcs nationaux indonésiens. L'habitat des primates souffre également de la pression exercée par les propriétaires de plantations, qui coupent la forêt pour faire pousser à la place des palmiers à huile afin de répondre à une demande croissante pour les biocarburants.
«Nous exhortons les pays consommateurs à faire davantage pour garantir que le bois qu'ils importent est légal», souligne Mme Virtue. Le rapport estime que jusqu'à 88% des arbres indonésiens sont coupés illégalement avant d'être ensuite habituellement exportés à l'étranger sous forme de bois ou utilisés comme pâte à papier.
«La survie des orangs-outans et des forêts tropicales de l'Asie du sud-est dans leur ensemble dépend en dernier lieu du soutien international et de la coopération régionale, en particulier de la part des pays importateurs de bois», souligne l'ONU dans un communiqué.