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[center]Vive compétition masculine chez l’australopithèque robuste[/center]
Chez des australopithèques qui vivaient il y a près de 2 millions d’années, les mâles se battaient-ils pour prendre la tête d’une sorte de harem de femelles ? Telle est l’hypothèse émise par des anthropologues.
Chez les gorilles, le dimorphisme sexuel très marqué est associé à une forte compétition entre mâles pour contrôler un ‘’harem’’. L’australopithèque robuste (en haut) avait-il un comportement comparable? (haut:© Science/ bas: Ron Ritchie)
Non contents d’étudier sous toutes les coutures les restes fossilisés de nos ancêtres, les anthropologues aimeraient connaître leurs comportements sociaux, savoir par exemple comment hommes et femmes nouaient leurs relations les plus intimes. Pour cela, ils ont peu d’indice à se mettre sous la dent, si ce n’est l’estimation de la croissance des individus et la taille relative des squelettes féminins et masculins. Ces différences de taille sont considérées comme révélatrices des comportements sexuels. C’est ainsi que des chercheurs suggèrent que chez les australopithèques robustes (Australopithecus ou Paranthropus robustus), qui vivaient il y a 1,5 à 2 millions d’années, les mâles se disputaient l’ascendant sur des groupes de femelles.
Pour arriver à cette hypothèse, Charles Lockwood (University College London, GB) et ses collègues d’Afrique du Sud ont comparé la morphologie de 35 fossiles (19 crânes et 16 mâchoires) de P. robustus mis au jour sur plusieurs grands sites paléontologiques sud-africains. Les chercheurs ont observé une grande différence de taille entre les individus jeunes et les individus adultes chez les mâles, suggérant que leur croissance était très longue et qu’ils n’atteignaient que tardivement leur pleine maturité (1).
Chez les primates actuels, cette croissance tardive des mâles est associée à une importante différence de taille entre mâle et femelle. Ce dimorphisme sexuel est ainsi très marqué chez les gorilles, où les mâles achèvent leur croissance longtemps après que les femelles ont commencé à se reproduire. Les gorilles sont en compétition pour devenir le mâle dominant d’un groupe de femelles.
Partant de ce schéma, Lockwood et ses co-auteurs suggèrent que les australopithèques robustes mettaient eux aussi en œuvre cette stratégie de type ‘’harem’’. Une hypothèse qui repose pour l’instant sur l’étude de dents et de crânes et sur des estimations du dimorphisme sexuel chez les australopithèques qui ne font pas toujours l’unanimité. Reste néanmoins cette question importante pour comprendre l’évolution humaine : à partir de quand se sont vraiment réduites les différences de taille entre l’homme et la femme ? Car, contrairement à ce que certains pourraient penser, le dimorphisme sexuel est faible chez Homo sapiens.
Cécile Dumas
Sciences et Avenir.com
(05/12/07)
(1) étude publiée dans la revue Science datée du 30 novembre