Au risque de choquer encore plus la pensée de gauche dominante, je pense qu'il faut aussi remettre en cause le "principe de précaution" , dont tout le monde fait comme si c'était une notion claire qui allait de soi. Evidemment, il faut être prudents, c'est pas le problème, mais en quoi l'idée d'un "principe" aide à penser concrètement ce qu'est la prudence dans un cas précis et concret ?
Je m'explique...
De deux choses l'une :
-soit le principe de précaution signifie qu'il faut être prudent et ne pas faire n'importe quoi, et tout ça ne va alors pas pisser très loin et on ne voit pas en quoi il a été un progrès d'inscrire ça dans notre glorieuse constitution. En gros, cela veut dire qu'il faut procéder à une évaluation comparatives bénéfices attendus/ risques estimés avant d'introduire une nouveauté. Mais dans ce cas, là, il faut tenir compte aussi du risque à ne pas introduire la nouveauté...
- soit, et c'est comme ça qu'il est compris de fait, le principe signifie qu'il faut s'abstenir d'introduire une nouveauté si on n'a pas la garantie absolue de son inocuite, si on n'a pas prouvé l'absence de risques. Ex : non aux OGMs, parce que personne n'a prouvé qu'ils sont inoffensifs sur le long terme, alors abstenons nous. Sauf que, ce genre de preuve d'une non existence est une impossibilité logique pure et simple cf le blog de Txi aujourd'hui :
http://imposteurs.over-blog.com/article-18722122.html
Le principe de précaution, tel qu'il s'est développé et consitutionnalisé, est donc une entrave à l'innovation, quelque chose d'assez conservateur... sur lequel là aussi l'article de LO aurait aussi mieux fait de ne pas s'appuyer.
Sa transposition en politique n'aurait d'ailleurs rien de bon : "OK, le capitalisme c'est pas terrible, mais franchement, une révolution, ça fait trop de changement d'un coup, on ne sait pas ce que ça pourrait donner, ça pourrait libérer des forces ensuite incontrôlables, on ne maîtrise pas assez les forces sociales pour se lancer dans une telle aventure, et quand on a l'expérience du Goulag derrière soi, on se dit qu'au nom du principe de précaution, il vaut mieux s'abstenir tant qu' on n'a pas la preuve absolue de l'absence de stalinisme à long terme..."
Bref, ce principe ne nous disant rien de concret sur une situation concrète, il est au mieux inutile, au pire conservateur. Voir à ce sujet :
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article286