je crois que pour couvrir la dépense énergétique uniquement du trafique aérien sur la terre, il faudrait recouvrir entièrement une surface comme l'europe...
encore une grande farce...
a écrit :
[center]Biocarburants: quand le rêve écologique tourne au désastre[/center]
31 janvier 2008 -
La Presse
Philippe Mercure
Kalimantan
Propres, les biocarburants? En Indonésie, ils soutiennent une industrie qui pollue des dizaines de fois plus que les sables bitumineux «sales» de l'Alberta.
Tellement que le pays est passé devant la Russie, l'Inde, le Japon et l'Allemagne pour devenir le troisième producteur de gaz à effet de serre de la planète après les États-Unis et la Chine.
Ce podium a de quoi désarçonner tous ceux qui brûlent de l'huile de palme dans le réservoir de leur voiture en croyant sauver la planète. Et il s'est gagné sans cheminées, à l'insu d'à peu près tout le monde.
Comment? En plantant des palmiers sur des tourbières - des terres humides souvent recouvertes de forêt pluviale. Pour rendre ces terrains propres à l'agriculture, les entreprises coupent d'abord la forêt, puis évacuent l'eau en creusant des canaux.
Le hic: la tourbe est un réservoir naturel de gaz carbonique. Lorsqu'on l'assèche, elle se décompose. Et libère dans l'atmosphère du carbone qu'elle a mis des milliers d'années à stocker.
Ce phénomène invisible est souvent suivi d'un autre, qui lui, ne passe pas inaperçu: le feu. La tourbe sèche y devient vulnérable, et les agriculteurs n'hésitent pas brûler eux-mêmes leurs terres pour les «nettoyer» avant d'y planter des palmiers.
Ces feux, dont on perd souvent la maîtrise, libèrent aussi du gaz carbonique à grands coups de mégatonnes. Certaines années, les satellites signalent plus de 60 000 incendies dans la seule île de Bornéo.
La fumée dégagée est parfois telle qu'elle recouvre une bonne partie de l'Asie du Sud-Est, causant des tensions politiques entre l'Indonésie, la Malaisie et Singapour.
Les chiffres ont été dévoilés pour la première fois en décembre 2006 par deux organisations néerlandaises, Wetlands International et Delft Hydraulics. Aujourd'hui, ils font consensus parmi la communauté internationale.
Chaque année, les tourbières ravagées de l'Asie du Sud-Est rejettent 2 milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère. De ce nombre, 90% proviennent de l'Indonésie.
Ces mégatonnes de carbone représentent l'équivalent de 8% des émissions mondiales de carburant fossile. Et elles sont déjà 25 fois plus élevées que ce que les sables bitumineux «sales» de l'Alberta émettront en 2015, selon les chiffres de l'Institut Pembina.
Loin de ralentir, la tendance va en s'accélérant. Les tourbières sont souvent situées dans des régions reculées, si bien que seulement 25% des plantations d'huile de palme y sont actuellement installées.
Mais l'industrie commence à manquer de terres faciles d'accès. Et selon Wetlands International, malgré des lois qui l'interdisent, la moitié des nouvelles plantations de palmiers à huile se font maintenant dans des tourbières gorgées de carbone.
a écrit :
[center]Les scientifiques s'interrogent sur l'intérêt écologique des agrocarburants[/center]
LE MONDE | 01.02.08 |
GRENOBLE ENVOYÉ SPÉCIAL
Comment a-t-on pu s'engager aussi rapidement dans la production d'agrocarburants ? C'est la question qu'ont fini par se poser, un peu interloqués, les quelque cinquante chercheurs et experts participant à un séminaire sur "Agrocarburants et développement durable" organisé à Grenoble par le service de la recherche du ministère de l'écologie les lundi 28 et mardi 29 janvier.
En 2003, les principaux pays occidentaux ont engagé des plans ambitieux de développement des agrocarburants. Depuis lors, les études se sont succédées qui, pour l'essentiel, en ont démenti l'intérêt environnemental. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l'ONU, l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et la Chambre des communes britannique ont produit des rapports à la tonalité critique, ainsi que nombre d'articles scientifiques.
"Les études de bilan énergétique des filières présentent des écarts gigantesques", a souligné Jean-Christophe Bureau, de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA). On va ainsi d'un gain de onze unités d'énergie produites pour une consommée dans la chaîne de production des agrocarburants, à une perte de seize unités ! "L'analyse globale de ces études, a poursuivi M. Bureau, conduit à conclure que le coût de la tonne de rejets de CO2 évitée (par substitution aux hydrocarbures d'origine fossile) est bien supérieur à ce qui est recommandé." Il atteint 300 euros pour l'éthanol d'origine végétale, quand le prix de référence en France est de 25 euros.
L'impact environnemental du développement projeté des agrocarburants est notable. En Europe, il se ferait par mise en culture des jachères. "Or de nombreuses espèces de plantes ou d'oiseaux sont déjà en situation précaire. Les mesures de protection ont beaucoup bénéficié des jachères, a indiqué Serge Muller, de l'université de Metz. Le développement des agrocarburants est incompatible avec l'engagement international qu'a pris la France de stopper l'érosion de la biodiversité en 2010."
Des résultats surprenants sont apparus. Ainsi, en raison d'une mauvaise combustion, certains agrocarburants pourraient conduire à une augmentation des émissions de polluants atmosphériques, comme le protoxyde d'azote. De même, du fait que le colza absorbe mal l'engrais azoté, son développement en culture énergétique risque de provoquer une augmentation des pollutions de l'eau.
Quant aux agrocarburants dans les pays tropicaux, s'ils présentent des rendements énergétiques bien meilleurs (notamment la canne à sucre), leur développement se produit en partie par la déforestation. La concurrence avec les cultures alimentaires peut aussi être nuisible aux plus pauvres, en poussant les prix alimentaires à la hausse. En revanche, bien conduite, l'utilisation de la biomasse pourrait fournir des emplois aux paysans du Sud, qui en manquent cruellement, a souligné l'économiste Ignacy Sachs.
En fait, le développement des agrocarburants a été largement motivé par la volonté de soutenir les céréaliers, mis à mal des deux côtés de l'Atlantique par la baisse des subventions. "Quand la décision a été prise en 2003 en France de lancer le plan, dit Claude Roy, coordonnateur interministériel pour la biomasse, on n'a pas mesuré tous les impacts sur les marchés agricoles ou sur la biodiversité. Mais ces molécules sont aussi utiles pour la chimie : la vraie logique, c'est d'aller vers la chimie verte."
Il reste que, concernant la prévention du changement climatique, les agrocarburants semblent d'un intérêt limité. "Le meilleur moyen est en fait de diminuer la consommation d'énergie", a résumé Patrick Criqui, de l'université de Grenoble. Une autre conclusion du séminaire a été la faiblesse des outils d'évaluation environnementale, sociale et économique, qui conduit les politiques à prendre des décisions mal informées.
Hervé Kempf
a écrit :
[center]Les biocarburants coresponsables de la crise alimentaire, selon la Banque mondiale[/center]
LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 04.07.08 |
ntre 2002 et février 2008, la production et l'utilisation de biocarburants ont contribué à une flambée des prix des denrées alimentaires, révèle une étude confidentielle de la Banque mondiale publiée vendredi 4 juillet par le quotidien britannique The Guardian. Selon ce journal, l'étude a été conduite par un économiste de renom, Don Mitchell, et celle-ci n'a pas été rendue publique en raison de la charge polémique de ses conclusions.
Le résultat de cette enquête démontre, en effet, que les biocarburants sont responsables de la hausse des prix des denrées alimentaires de 75 % sur la période étudiée, un chiffre très loin des estimations jusqu'ici avancées. Ces résultats vont aussi à l'encontre des affirmations du gouvernement américain selon lesquells les agro-carburants ne contribueraient qu'à une hausse de 3 % des prix des denrées alimentaires.
Cette étude va accentuer la pression sur les gouvernements qui prétendent réduire leurs émissions de gaz a effet de serre et réduire leur dépendance vis-à-vis du pétrole.
UN FAISCEAU DE PHÉNOMÈNES
"Sans l'augmentation des biocarburants, les stocks mondiaux de blé et de maïs n'auraient jamais chuté aussi sensiblement et la hausse des prix due à d'autres facteurs aurait été modérée", peut-on lire dans le rapport rendu en avril aux responsables de la Banque mondiale.
La hausse généralisée des prix des denrées alimentaires a plongé depuis le début de l'année plus de cent millions de personnes dans les rues à travers le monde. Selon des experts, cette crise mondiale est le résultat d'un faisceau de phénomènes : sécheresse en Australie, flambée du prix du pétrole, utilisation croissante des terres pour la culture de biocarburants et spéculation sur le marché des matières premières.
La divulgation de ce rapport intervient alors que les chefs d'Etat et de gouvernement des pays industrialisés du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) se pencheront, du 7 au 9 juillet à Toyako, dans l'île de Hokkaïdo, au Japon, sur cette question de la crise alimentaire, et tenteront d'y apporter une réponse globale.
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