cellules souches

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par com_71 » 13 Avr 2011, 16:50

(lo a écrit :Recherche sur les cellules souches et loi de Bioéthique : contre la science, l'Église trouve l'appui du gouvernement

L'Église catholique n'aime pas la science. Ce n'est ni nouveau ni étonnant : chaque pas que l'humanité fait vers une meilleure compréhension du monde et des êtres qui le peuplent apporte de quoi faire reculer les superstitions, fonds de commerce des religions. Alors, l'Église ne voit pas d'un bon oil les avancées scientifiques et les combat avec acharnement quand cela touche à ce qu'elle considère comme ses préceptes intouchables.

L'un d'eux est le prétendu « don divin de la vie », qui ferait de Dieu le créateur de tout être humain depuis l'origine, une origine que, depuis une trentaine d'années, l'Église catholique a située au moment de la fécondation de l'ovocyte par le spermatozoïde.

Du coup, la recherche sur les cellules souches issues de l'embryon fait partie des cibles les plus récentes des attaques antiscientifiques du Vatican. Ces cellules dites « souches embryonnaires » apparaissent furtivement chez l'embryon pendant 48 heures, une semaine après la fécondation de l'ovocyte par le spermatozoïde. Ces quelques dizaines de cellules ont deux propriétés singulières : elles peuvent se multiplier à l'infini et, lorsqu'on les en empêche, donnent naissance à tous les tissus de l'organisme.

Il s'agit donc potentiellement des meilleurs outils pour cette « médecine régénératrice » grâce à laquelle on espère bientôt pouvoir traiter les patients atteints de maladies dans lesquelles une population de cellules disparaît, tel le diabète - pour les cellules du pancréas productrices d'insuline - ou l'infarctus du myocarde. On peut aussi grâce à elles, comme une équipe de chercheurs d'Évry vient de le montrer, étudier les mécanismes qui provoquent certaines maladies génétiques.

Pour faire de la recherche sur ces cellules, il faut les prélever chez un embryon voué à la destruction, un embryon « surnuméraire », comme on en produit à chaque fécondation in vitro. Il y en aurait aujourd'hui, conservés depuis des années, plus de 100 000 rien qu'en France.

Utiliser des cellules pleines de promesses pour le traitement de patients vivants, provenant d'embryons destinés à la destruction : il faut vraiment avoir l'esprit tordu pour s'opposer à cela au nom de la « défense de la vie ». Et c'est ce que fait l'Église, en jetant l'anathème sur toute recherche accomplie sur ces cellules, comme elle combat tout ce qui mettrait en cause ce qu'elle appelle « l'ouvre de Dieu », du préservatif à l'avortement, en passant par le dépistage durant la grossesse des handicaps fotaux ou d'anomalies génétiques majeures.

Pour porter sa sainte parole contre la science lors des débats autour de la révision de la loi de Bioéthique, l'Église catholique n'avait au Parlement que quelques individus situés à droite de l'UMP. Pas assez pour assurer que la recherche sur les cellules souches continue d'être bloquée, comme l'Église avait réussi à l'obtenir totalement jusqu'en 2004, et partiellement depuis. Mais s'y sont ajoutés les calculs électoraux de l'Élysée et du gouvernement. Tout comme Sarkozy a su, il y a quelques années, se déguiser en chanoine pour faire plaisir au pape, le petit monde ministériel a multiplié à l'Assemblée les génuflexions destinées à l'électorat catholique traditionaliste qu'il espère récupérer.

Au lieu de donner enfin aux chercheurs l'autorisation d'effectuer leur travail, le gouvernement a donc proposé de maintenir l'interdiction des recherches sur l'embryon, même si des dérogations sont prévues à titre exceptionnel. Pire, en réponse à la demande du lobby des députés catholiques, le projet de loi a été réécrit de telle façon que, s'il était finalement adopté, il provoquerait en pratique l'arrêt de la moitié des programmes de recherche sur les cellules souches embryonnaires, du fait d'obstacles insurmontables introduits dans les démarches réglementaires.

Il y a des coups de pied aux c. bénis qui se perdent, comme à ceux qui le leur lèchent.

Hugues JACKSON
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par luc marchauciel » 13 Avr 2011, 19:31

Ce sujet fait l'objet du principal dossier du numéro de ce mois de La Recherche, avec notamment une interview de Marc Peschanski (de l'équipe d'Ivry auteure de la découverte évoquée dans l'article)
luc marchauciel
 
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Message par Matrok » 13 Avr 2011, 19:45

Sur un sujet proche, on pourra lire cet article du blog Sciences² : Des cellules souches contre la maladie de Steinert.

L'article donne notamment un lien vers un Mémo à propos de la révision de la Loi de Bioéthique à l’Assemblée Nationale (février 2011), article 23 concernant la recherche sur les cellules souches embryonnaires, rédigé par Marc Peschanski et Cécile Martinat.
Matrok
 
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Message par luc marchauciel » 05 Sep 2011, 17:02

Il n'y a pas de fil ouvert sur la loi de bioéthique, alors je poste ici, vu que c'est de ça dont il s'agit largement dans cette loi.
Voici le point de vue que vient de publier Jacques Testart dans le Monde. Je comprends pas tout dans les détails, mais il me semble bien que dans l'ensemble il voit une logique eugéniste partout et n'aime pas par exemple les diagnostics prénataux, et il trouve que les députés n'ont pas assez cédé aux pressions de la droite catholique [ce sont eux les "citoyens" qui ont milité pour un durcissement de cette loi] pour pourrir la vie aux chercheurs et aux médecins [ce qu'il appelle lui les "lobbys"]

http://jacques.testart.free.fr/index.php?post/texte888

a écrit :

Ne laissons pas les lobbies et les praticiens dicter leur loi à la bioéthique-

Le Monde, 1er septembre 2011


L’Assistance médicale à la procréation (AMP) s’est imposée à la société avant toute prescription éthique, à l’exception des principes généraux pour respecter la personne en milieu médical.C’est dire que le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), né en 1983 soit un an après le premier bébé fivète (fécondation in vitro et transfert d’embryons) français, a dû répondre à bien des questions créées par les perspectives et les inquiétudes induites par les nouveaux modes de procréation. Les élaborations du CCNE ont largement influencé la « loi de bioéthique » de 1994, puis sa version révisée en 2004. Mais certaines questions, telle celle de l’anonymat du donneur de gamètes, n’ont émergé qu’à l’occasion de la révision de 2011 alors que la pratique de l’insémination avec donneur (IAD) avait précédé d’une décennie celle de la fivète. C’est que les praticiens des Centres d’étude et conservation du sperme (cecos) avait produit leur propre réglementation et résistent 30 ans plus tard à toute remise en cause . Ainsi, le législateur n’a encore jamais examiné une autre pratique des cecos, pourtant à l’origine d’un eugénisme consenti et non violent par la formation de « couples reproducteurs » en usant de certains critères pour attribuer un donneur de sperme à chaque femme inséminée. Le fait qu’une telle hégémonie éthique ne puisse plus être revendiquée par les acteurs contemporains de la fivète est déjà un résultat positif du remue ménage citoyen, médiatique et institutionnel autour des faits et promesses de l’AMP. Pourtant, les débats et leurs traductions juridiques sous-estiment encore des conséquences importantes de ces innovations comme le bien authentique des enfants ainsi créés ou les bouleversements anthropologiques prévisibles. Ces conséquences sont masquées par des arguments d’utilité : principalement satisfaire le « projet parental » et respecter la « liberté de recherche ». Alors, on peut fabriquer des enfants privés d’origine, ou triés dans l’éprouvette, mais aussi utiliser les embryons humains comme un matériau expérimental ordinaire afin de juguler la « fuite des cerveaux » ou le « retard dans la compétition internationale »… Les rapports entre science et éthique dont se saisissent les parlementaires en ces saisons de révision législative mobilisent toujours les lobbies professionnels et religieux mais, en 2011, les pressions des praticiens l’ont largement emporté sur celles des catholiques. Ainsi le vote des députés fut précédé par l’annonce opportune de la naissance d’un bébé-médicament, et celui des sénateurs par la forte médiatisation de résultats scientifiques obtenus avec des cellules embryonnaires.


Les praticiens de l’AMP font preuve d’ une éthique corporatiste agressive et obtiennent progressivement tout ce qu’ils revendiquent . Pour le cru 2011 : recours aux cellules embryonnaires sans qu’il soit nécessaire d’en montrer préalablement l’intérêt dans un modèle animal ou sur d’autres cellules souches, anonymat maintenu des donneurs de gamètes malgré les protestations véhémentes d’enfants nés de ces pratiques depuis quelques décennies. Sur d’autres thèmes où les intérêts des professionnels sont moins marqués, comme l’AMP pour des couples homosexuels ou la gestation pour autrui, on a pu voir des gynécologues exprimer des soucis éthiques variés. Afin que la réflexion du législateur soit correctement éclairée il faudrait prendre en compte les conflits d’intérêts de presque tous les experts auditionnés par les commissions parlementaires, et aussi disposer d’un observatoire indépendant afin de connaître la réalité des pratiques.


Il est question de ne plus réviser les lois de bioéthique régulièrement (tous les 5 ans) car l’Agence de biomédecine (ABM) est supposée assez vigilante sur l’ évolution des pratiques pour alerter le Parlement si une situation nouvelle le justifie. C’est oublier que l’ABM, créée en 2004 pour réglementer les activités autorisées par la loi, n’a pas montré beaucoup d’exigence vis à vis des praticiens et dispose déjà de bien des prérogatives, certaines au détriment du CCNE, au point que des analystes ont pu la qualifier de « biopouvoir » (1). Par ailleurs, quelles que soient les critiques qu’on peut avancer sur les conditions actuelles d’élaboration de la loi, le temps de sa révision est le moment unique où les citoyens sont réellement informés des pratiques et de leurs résultats et où s’affichent dans les médias des controverses nécessaires sur les sujets sensibles.


Il faut relever la timidité des élus pour aborder certains thèmes de façon prospective, c’est à dire en prévoyant les nouvelles problématiques éthiques qu’ouvrent des technologies autorisées ou en cours de réalisation. Ainsi pour le DPI (diagnostic génétique préimplantatoire) qui devrait se faire largement eugénique dés qu’on parviendra à éviter aux femmes les servitudes actuelles de la fivète tout en décuplant le nombre des embryons à trier. Ainsi pour la congélation des ovules, propice aussi bien à la production difficilement contrôlable d’embryons « clandestins » susceptibles de trafics ou de manipulations, qu’à la grossesse après la ménopause. Ainsi pour la possible transformation de cellules banales en cellules à propriété procréatrice. Ne devrait-on pas affronter en amont ces situations plus ou moins imminentes plutôt que se préparer à constater encore que la science est allée plus vite que l’éthique ? Cette impression de coller à la réalité seulement au moment et à l’endroit où elle s’impose joue aussi pour l’affirmation d’une éthique hexagonale dans une planète sans frontières. Certes, la fière proclamation de principes largement bafoués chez de proches voisins est méritoire mais est-elle tenable quand s’accroît le tourisme procréatif ou les collaborations médicales , même au delà de l’Europe, pour assurer les phases complémentaires de l’AMP chez un même couple ? On peut ici s’interroger sur la réalité des prétendues « différences culturelles » qui justifieraient les disparités éthiques en Europe. Des pays aussi divers que la Grande-Bretagne, la Grèce, Israël ou l’Espagne autorisent depuis longtemps l’AMP post mortem ou pour des célibataires et bien des actes prohibés à Paris sont accessibles à Bruxelles… La révision législative récente consacre la fin de la bioéthique à la française, une évolution qui était prévisible et qui annonce le nivellement à venir sur une ligne européenne autour des moins disants éthiques en vigueur ici ou là. Comme si l’agitation bioéthique n’avait pour but que de différer les innovations problématiques jusqu’à l’usure du trouble moral, jusqu’au mûrissement des esprits pour leur acceptation indolore. Cette bioéthique se construit à force de pragmatisme et de logiques concurrentielles plus que d’analyses morales et de convergences humanistes. Elle vise ainsi à abolir toute « autolimitation de la puissance » (Sylvianne Agacinski) par une volonté mimétique de « progrès », et de sacrifier des acquis civilisationnels à la satisfaction d’exigences individuelles. C’est le cas pour la banalisation de l’eugénisme, désormais mou et consensuel, pour la location du corps des femmes les plus démunies aux fins d’assurer la grossesse des autres, pour la vente de gamètes (pas seulement sur internet), ou pour ces combinaisons procréatives à acteurs multiples qui font les délices des médias. Il semble que nos institutions composent avec le possible et n’osent pas poser d’ interdits définitifs comme on su le faire pour condamner par exemple l’esclavage ou le racisme. Toute violence de portée anthropologique, issue de pratiques nouvelles et entraînant des conséquences collectives, devrait pourtant être considérée comme il est arrivé récemment pour les violences écologiques : s’il est possible d’imposer des mesures pour limiter les changements climatiques et maintenir la biodiversité, des droits de l’espèce humaine ne pourraient-ils être énoncés et défendus afin de limiter certaines satisfactions des individus qui contreviendraient au bien de l’humanité.


La recherche d’un consensus minimal sur des limites concrètes à l’instrumentalisation de l’humain ne semble pas progresser dans les institutions européennes ou internationales en charge des régulations de la bioéthique. Il ne s’agit pas de décréter un alignement immédiat des pratiques au niveau mondial, au risque d’une morale totalitaire, mais de s’accorder au sein de l’espèce sur les acquis de quelques millénaires auxquels nous sommes attachés pour la suite du monde. « A quoi a t-on le droit d’habituer l’homme ? de le forcer à s’habituer ?» demandait Hans Jonas. Pour répondre à cette question la bioéthique doit être mise en démocratie, seule voie pour différencier le « bien commun » des intérêts particuliers comme des dogmes exprimés par des groupes agissants. Contrairement à d’autres secteurs d’activité, ces lobbies reflètent des idéologies plus que des intérêts économiques, et les divergences éthiques traversent les partis politiques. C’est en quoi les questions de bioéthique, où la subjectivité l’emporte encore sur le mercantilisme organisé, sont propices à des procédures impliquant une véritable participation des citoyens. Ce que pourraient permettre des jury citoyens mais à condition que l’organisateur respecte un protocole strict et prenne au sérieux les choix exprimés, ce que n’ont pas su réaliser les Etats Généraux de la bioéthique en 2009. Instituer des conventions de citoyens (2) dans tous les pays européens (pour commencer) pourrait faire apparaître des convergences entre les populations, convergences actuellement masquées par les influences nationales de personnalités ou de groupes organisés. Une telle approche recèle ce qu’on peut faire de plus ambitieux et de plus objectif dans la recherche nécessaire d’une bioéthique commune.





(1) E Hirsch et P Le Coz . L’Agence de la biomédecine : menace d’un biopouvoir en France. Le Quotidien du médecin, 16 novembre 2010.


(2) Il s’agit d’un protocole précis pour qu’un groupe diversifié d’une quinzaine de personnes choisies au hasard puisse être complètement informé et émette des choix dénués de conflit d’intérêts. Voir sur le site Sciences Citoyennes
luc marchauciel
 
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Message par canardos » 07 Sep 2011, 17:50

ca fait belle lurette que Testard, brulant ce au'il a adore du temps ou il etait chercheur a l'INRA et participait a lq naissance du premier bebe eprouvette francais est devenu le defenseur farouche des conceptions les plus retrogrades des chretiens les plus fqnatiques qui veulent interdire au nom des droits de l'embryon tout diagnostic prenatal a but therapeutique et toute recherche sur les cellules souches embryonnaires.

pas etonnant que tous les representants des religions, tous les bigots qui entourent sarkozy et les plus retrogrades de l'UMP le mettent depuis des annees dans tous les comites et commissioms qui s'occupent de bioethique.

maia arriver a doubler sarkozy et l'ump sur la droite en reprochant a la nouvelle loi bioethique qui interdit les recherches sur les cellules souche embryonnaires d'etre trop complaisante avec les chercheurs et les medecins qui aident les parents a pouvoir eviter de donner naissance a des enfants gravements hqndicapes lorsque les risques genetiques sont importants, il faut le faire.

et dire que ce type aurait ete d,extreme gauche dans un lointain passe.

total mepris
canardos
 
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