Néandertal, Sapiens et Denisova

[Vania]

La génétique redessine le peuplement de l’Asie et de l’Océanie

Dans l'American Journal of Human Genetics, une équipe internationale de généticiens révèle le croisement,  dès -44.000 ans, en Asie du sud-est, d’Homo sapiens avec l’Homme de Denisova – un humain ‘archaïque’ fossile découvert ces dernières années. Avec deux conséquences : l’immense étendue de l’habitat de cette espèce fossile, et le fait que l’occupation de l’Asie s’est faite via plusieurs vagues de migration.

Initiée et dirigée par l’Institut Max Planck (Liebzig, Allemagne), avec la collaboration de l’École de médecine d’Harvard (États-Unis) et de multiples autres institutions d’Europe et d’Asie, une étude génétique a passé au crible le génome de dizaines de populations actuelles d’Asie du sud-est et d’Océanie. Par des procédés statistiques et informatiques complexes, les chercheurs ont rapproché ces données de celles issues du séquençage du génome de l’Homme de Denisova, un homininé fossile distinct de Néandertal et de sapiens, découvert (sous la forme d’une simple phalange !) ces dernières années en Sibérie.

L’équipe tire de cette recherche plusieurs résultats. Les dénisoviens et les Homo sapiens se sont hybridés dès - 44.000 ans. En Asie du sud-est, certaines populations actuelles, seulement, portent la trace de ces croisements, preuve que ces rencontres ont eu lieu ici et là, sur place, et non sur une route migratoire empruntée par tout le monde : l’Homme de Denisova vivait donc de la Sibérie, où son fossile a été trouvé, jusqu’au sud-est asiatique.

Une migration en plusieurs vagues

D’autre part, ces sapiens partageant l’habitat des Dénisoviens sont d’une autre lignée que les Indonésiens et les Chinois d’aujourd’hui, dont les ancêtres sont arrivés plus tard : une colonisation de l’Asie en plusieurs vagues, donc, déjà supposée au vu de travaux archéologiques antérieurs, mais établie pour la première fois génétiquement.

L’apport d’ADN denisovien, enfin, déjà montré chez les habitants actuels de la Nouvelle-Guinée, apparaît également chez les Aborigènes d’Australie, les ‘Négritos’ Mamanwa des Philippines, et plusieurs autres populations du sud-est asiatique et de l’Océanie.

Le lien : http://www.maxisciences.com/homme/la-genet...e_art17212.html

J'ai encore en tête le film auquel avait contribué Yves Coppens, "l'Odyssée de l'espèce", et où il expliquait que l'impossibilité de procréation entre Sapiens et Néandertal était l'une des raisons de la disparition de ces derniers. Là, les découvertes récentes semblent aller dans le sens de croisements entre les espèces humaines, en y ajoutant une troisième espèce.
L'idée de croisements ayant abouti à l'Homo Sapiens actuel ne me gène pas. Mais la création d'une troisième espèce, Denisova, à partir d'une seule phalange... L'échantillon statistique est tellement faible. Et l'on ne possède mais même pas un individu complet.
Y-a-t-il des copains qui ont une idée sur la question?

[canardos]

le croisement sapiens Neanderthal n'est pas démontré par cet article ni par un article récent sur le peuplement le plus ancien de l'Australie.

ce que ces études nous démontrent c'est que le peuplement du monde par Sapiens à partir de l'Afrique ne s'est pas fait en une seule vague partie il y a 50000 ou 60000 ans d'Afrique mais que Sapiens dont les spécimens les plus anciens datent de 200000 ans dans l'Est Africain a peuplé le monde en plusieurs vagues dont les plus anciennes sont parties des dizaines de milliers d'années avant....

l'hypothèse soutenue actuellement par le plus grand nombre de paléontologistes c'est que les denissoviens appartenaient à ces premières vagues d'homo sapiens archaïques qui se sont répandues en Asie et en Océanie et qui se sont ensuite mélangées aux vagues plus nombreuses arrivées des dizaines de milliers d'années plus tard.

ce scénario permettrait d'expliquer l'existence de séquences d'ADN non présentes dans les populations africaines sans recourir à la thèse de l'hybridation avec d'autres especes d'homo comme les Homo Erectus évolués d'Asie ou les Néanderthaliens d'Asie Centrale et d'Europe.

ce qui n'exclut pas une telle hybridation mais qui la rend encore plus difficile à démontrer.

[shadoko]

Et l'on ne possède mais même pas un individu complet.

Les cas où on possède un individu complet sont très rares, non?

le croisement sapiens Neanderthal n'est pas démontré par cet article ni par un article récent sur le peuplement le plus ancien de l'Australie.

Et qu'en est-il des études génétiques qui avaient trouvé un bout de génome commun, il y a peut-être un ou deux ans, je ne me rappelle plus?

[Vania]

Merci pour vos réponses, les copains.

QUOTE

Et l'on ne possède mais même pas un individu complet.

Les cas où on possède un individu complet sont très rares, non?

Oui, tu as raison, un individu complet est très rare. Il est cependant possible, à partir des restes de plusieurs individus différents appartenant à une même espèce d'en restituer la morphologie. Ce qui me gène avec cette "nouvelle espèce" Denisova, c'est qu'elle vient d'être inventée à partir d'une seule phalange et d'une dent, appartenant semble-t-il à deux individus différents. D'après ce que j'ai compris, les résultats génétiques s'appuient sur la seule phalange. Cela paraît bien peu pour créer une nouvelle espèce. Certes, les résultats génétiques de cette phalange ont été comparés au séquençage de l'ADN de sapiens et à celui de néandertal, mais celui-ci n'est connu qu'à 60%, si j'ai bien compris. Ce qui me gène aussi, c'est la rapidité avec laquelle ces premières découvertes sont interprétées (peut-être surinterprétées?). Et en cela, je préfère la prudence avec laquelle les chercheurs du CERN, dans un autre domaine, ont publié leurs résultats bruts, tels qu'ils étaient.

Sur l'hypothèse d'un croisement entre néandertal et sapiens, j'ai trouvé cet article, datant de mai 2010 : http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2...ec-sapiens.html

l'hypothèse soutenue actuellement par le plus grand nombre de paléontologistes c'est que les denissoviens appartenaient à ces premières vagues d'homo sapiens archaïques qui se sont répandues en Asie et en Océanie et qui se sont ensuite mélangées aux vagues plus nombreuses arrivées des dizaines de milliers d'années plus tard.

ce scénario permettrait d'expliquer l'existence de séquences d'ADN non présentes dans les populations africaines sans recourir à la thèse de l'hybridation avec d'autres especes d'homo comme les Homo Erectus évolués d'Asie ou les Néanderthaliens d'Asie Centrale et d'Europe.

Ces gènes attribués à néandertal chez sapiens peuvent-ils provenir non forcément de l'aval, d'un métissage entre sapiens et néandertal, mais de l'amont, d'un patrimoine génétique plus ancien, du à un ancêtre commun?