disparitions d'espèces

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Re: disparitions d'espèces

Message par Zelda_Zbak » 13 Juil 2018, 07:16

On s'en fout, on ne les mange pas, les rhinocéros blancs. :cry:
L'humain aime beaucoup les autres animaux... dans son assiette.

Un gars avec qui je discutais à la pause, je disais en substance : "Ces temps-ci, je me pose régulièrement la question suivante : Si je devais tuer moi-même de mes propres mains ce que je mange (avec un fusil bien sûr)... Est-ce que je mangerais pareil ? Si je devais assumer PERSONNELLEMENT de tuer tel ou tel animal pour me nourrir ?
Ben je ne mangerais plus jamais de vache, peut etre une fois par an à la grande rigueur... Mais je tuerais plus facilement du poisson. J'aurais vraiment du mal à tuer un mammifère, même petit. C'est trop mon cousin, un mammifère."

Depuis que je me pose cette question, et que j'y réponds... je mange 4 fois plus de poisson, et 4 fois moins de viande... :) mangeant davantage en accord avec mes valeurs, mes ressentis personnels. Je comprends très bien les végétariens, de ce point de vue.

Et le collègue de me répondre : "Ben oui, mais c'est parce que l'on mange du boeuf qu'il y a autant de boeufs et de vaches... On leur offre quelques années d'une douce vie, et à la fin, on les mange..." Bon, passons sur le fait que poulet en batterie, ou ferme des 1000 vaches, c'est pas du tout une douce vie, et mettons que tous les animaux que l'on mange soient élevés dans des conditions satisfaisantes pour un animal, qui n'est pas de la viande sur patte, mettons...

J'ai beau ne pas être du tout d'accord, j'avoue que l'argument me fait encore réfléchir.

Inversons le raisonnement : Si des extra-terrestres envahissaient la Terre et plus puissants que nous mais tout aussi exploiteurs, s'avisent de nous élever pour nous bouffer à terme. C'est pas joisse hein ? Combien d'entre vous répondent immédiatement : "Plutôt CREVER tout de suite !"... sur ce plan, je pense que les autres animaux sont comme nous.

Edit : tiens, tiens, je viens de planter le pitch d'un scénario de SF anti-spéciste. Aymeric Caron si tu me lis. :D
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Re: disparitions d'espèces

Message par Plestin » 13 Juil 2018, 08:10

Espérons que l'engouement planétaire pour le poisson ne mènera pas à sa disparition, ce qui modifierait encore plus les écosystèmes et ferait disparaître les si mignons mammifères :lol:
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Re: disparitions d'espèces

Message par titi » 13 Juil 2018, 10:08

Bonjour Zelda,

ton inconscient doit se rappeler la série V dans les années 80, ou le fameux "to serve man" de Twilight Zone ? :D
https://fr.wikipedia.org/wiki/Comment_servir_l%27homme

à propos des disparitions d'espèces, j'aime bien visiter régulièrement le Zoo de La Palmyre (près de Royan).
http://www.zoo-palmyre.fr/fr/zoo/lutter-contre-les-extinctions-desp%C3%A8ces

enfin, sur l'alimentation du futur, une émission amusante, surtout la partie "viande in-vitro" !
https://www.franceculture.fr/gastronomie/bientot-dans-vos-assiettes-les-proteines-du-futur

Bon appétit et bon week-end !
titi
 
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Re: disparitions d'espèces

Message par com_71 » 13 Juil 2018, 16:59

Je répète la question que je posais à l'ouverture de ce fil :

L'espèce humaine modèle, et modèlera, son environnement, c-a-d la faune, la flore, la géologie, le climat, etc. Concernant la faune, une extinction massive d'espèces peut-elle menacer l'avenir de l'humanité ? Ou bien serait à considérer simplement comme relativement dommageable, au même titre, par exemple, que l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie ?
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: disparitions d'espèces

Message par Plestin » 15 Juil 2018, 15:47

Zelda a écrit :J'aurais vraiment du mal à tuer un mammifère, même petit. C'est trop mon cousin, un mammifère.


En effet. Tu es un mammifère. Je suis un mammifère. Nous sommes tous des mammifères. Le mammifère c'est à la fois toi, ton frère et ton cousin ;)

Zelda a écrit :je mange 4 fois plus de poisson, et 4 fois moins de viande...


Tu peux sans crainte manger des mollusques céphalopodes (calmars, seiches, poulpes...) car non seulement tu auras moins de scrupules à ce qu'on les tue que si c'était un mammifère, mais en plus, au contraire de la plupart des poissons, ils prolifèrent et semblent profiter du réchauffement climatique et de la disparition de leurs prédateurs... (Mais si je te dis que les poulpes sont capables de résoudre des problèmes, est-ce que tu les regardera toujours de la même façon ?)


com_71 a écrit :L'espèce humaine modèle, et modèlera, son environnement, c-a-d la faune, la flore, la géologie, le climat, etc. Concernant la faune, une extinction massive d'espèces peut-elle menacer l'avenir de l'humanité ? Ou bien serait à considérer simplement comme relativement dommageable, au même titre, par exemple, que l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie ?


Je crois que pour l'instant, personne n'est en mesure de répondre à cette question, car les paramètres sont trop nombreux. Pourtant, c'est LA question en ce qui concerne le devenir de l'espèce humaine... (hormis bien sûr celle du changement de société).

Il y a plusieurs sens au mot "disparition" ou "extinction" : la disparition totale d'une espèce dans toute son aire géographique, ou seulement une partie, et la raréfaction, c'est-à-dire la disparition progressive mais qui n'est pas encore totale, la forte baisse de l'effectif d'une population donnée. Les deux sont importantes, et la seconde peut-être plus que la première : qu'il subsiste quinze représentants d'une espèce autrefois nombreuse importe peu, sur le plan de l'impact écologique c'est comme si elle avait déjà disparu. Moins de lapins de garenne (même s'ils sont encore communs) a beaucoup plus d'impact que la disparition d'une variété rare d'oiseau à queue verte quand il subsiste son cousin à queue bleue.

Ce qu'on peut néanmoins dire, c'est que :

- "L'équilibre de la nature" dont nous abreuvent beaucoup d'écologistes et la plupart des médias est un mythe. Il n'y a pas d'équilibre, ou alors, un équilibre très instable et ce, depuis l'origine de la vie sur terre. Les espèces apparaissent, évoluent ou disparaissent le plus naturellement du monde. Mais le phénomène est en général assez lent. Quand une série d'événements catastrophiques vient rompre cet état de choses et provoquer une extinction de masse, les cartes se redistribuent ensuite au profit d'espèces nouvelles ou d'une partie des anciennes qui ont survécu.

- Une particularité de la vague d'extinctions en cours due à l'activité humaine, c'est sa très grande rapidité qui rend impossible l'évolution ou l'adaptation des espèces qui se reproduisent lentement (ex. : éléphants, baleines, rhinocéros...) La planète future sera sûrement vide de grands mammifères mais plus que jamais pleine de mouches, moustiques, cafards, rats et souris...

- Lorsque des espèces disparaissent, il n'est pas rare que d'autres en profitent et prennent leur place (occupent leur niche écologique), parfois au point de proliférer, mais ça n'est pas toujours le cas.

- La disparition de certaines espèces ou sous-espèces est juste dommageable - par exemple, le rhinocéros blanc du Nord, ou tel (hypothétique) perroquet à tête rouge - mais sans impact sur l'environnement si on les remplace par des rhinocéros blancs du Sud ou presque la même variété (hypothétique) de perroquet mais à tête jaune. C'est comme implanter dans les Pyrénées des ours bruns de Slovénie pour ranimer l'ancienne souche d'ours brun des Pyrénées aujourd'hui presque éteinte.

- Les extinctions de la faune et de la flore sont liées, et il y a des liens plus ou moins étroits entre différentes espèces qui font que la disparition de certaines peut entraîner la disparition d'autres. Dans le Nord Pacifique, la disparition des baleines a entraîné un changement de comportement des orques qui se sont rabattus sur les phoques, et, ces derniers disparaissant à cause de la surpêche des poissons dont ils se nourrissent, les orques s'en prennent à la loutre de mer qui disparaît d'autant plus vite. Or, la loutre de mer est l'un des rares prédateurs des oursins ; les oursins prolifèrent et détruisent les grandes forêts d'algues qui abritent de nombreuses espèces de poissons ou d'autres animaux, tandis que la prolifération de certains planctons est susceptible d'influer sur le réchauffement climatique etc.

- Au-delà de la disparition de certaines espèces, ce qui est le plus préoccupant c'est la baisse considérable de la population d'espèces toujours présentes et qui ne vont pas forcément disparaître, mais, ayant des effectifs bien moindres, ne peuvent plus jouer leur rôle dans des régions entières. Le lapin de garenne est un animal qui dans certaines régions, parce que ses prédateurs (renards, rapaces...) ont disparu, prolifère et dévaste les cultures ; dans d'autres régions, il disparaît (à cause de maladies et de la disparition de son habitat), au point que sa réintroduction est à l'étude : fin 2017, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) l'a classé comme une espèce "quasi-menacée" pour cette raison ; et sa raréfaction dans certaines régions risque de causer l'extinction totale du lynx ibérique, de l'aigle de Bonelli voire du hibou grand-duc. Si ces extinctions totales surviennent, peut-être que le lapin proliférera à nouveau et dévastera à nouveau les cultures...

- Le fractionnement des milieux naturels ou l'isolement dû à l'insularité, par exemple, sont particulièrement propices, d'une part (à l'échelle de l'évolution) à l'apparition de nouvelles espèces, d'autre part (dans les circonstances d'aujourd'hui) à leur plus grande fragilité. C'est pourquoi nombre d'espèces éteintes vivaient dans de tels lieux isolés. Il faut bien voir que dans certains archipels, dans une famille d'animaux, il y a parfois une espèce par île, voire davantage.

- L'impact des disparitions (ou raréfactions) d'espèces sur l'homme est très variable. La disparition d'un animal depuis longtemps rarissime n'a aucune incidence. La raréfaction du poisson du fait de la grande pêche par des navires "occidentaux", met en difficulté la population des villages de pêcheurs de la côte sénégalaise et est un facteur de conflit avec des pêcheurs de zones plus lointaines, ou encore d'émigration vers les villes ou vers l'étranger, alors même que dans les années 1970 la pêche avait constitué une bouffée d'oxygène et un lieu de reconversion pour des agriculteurs sénégalais victimes de la sécheresse. Autre scénario, la raréfaction de la morue au large de la Nouvelle-Ecosse (une province du Canada) à la fin des années 1980 a d'abord provoqué du chômage dans les ports de pêche locaux, puis la prolifération de certains crabes et crevettes a ouvert la voie à un nouveau type de pêche qui a relancé un peu l'économie locale.

- Une grande partie des plantes est dépendante d'animaux pour sa reproduction. Si ces plantes disparaissent, leurs pollinisateurs (surtout des insectes) peuvent disparaître aussi, et inversement, car bien des insectes pollinisateurs sont spécifiques d'une seule plante. Ce qui est en question ici, c'est à la fois la survie de bien des écosystèmes mais aussi, la capacité à maintenir dans le futur suffisamment de productions végétales pour garantir l'existence de l'homme. Toutefois, l'essentiel de l'alimentation humaine repose sur un tout petit nombre de végétaux (blé, riz, maïs, pomme de terre...) et d'animaux. Reste à savoir si cela peut suffire à maintenir en vie l'espèce humaine, et ça n'est pas certain. De plus, la fragilité du modèle saute aux yeux (qu'une épidémie inédite vienne à détruire massivement une espèce végétale, et c'est la famine assurée).

Voilà en tout cas une contribution au débat.
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Re: disparitions d'espèces

Message par com_71 » 20 Juil 2018, 16:51

Merci pour cet éclairage... ;)
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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