les biocarburants, vraiment écologiques?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 11 Fév 2007, 12:54

dans Futura Sciences

a écrit :

[center]Biocarburants : les dangers d'une utilisation massive[/center]

Source : CORDIS Nouvelles, le 08/02/2007


« La nouveauté que constituent les biocarburants, le large éventail de problématiques en jeu et le manque de connaissances permettant d'appréhender nombre d'entre elles, ainsi que les divergences entre les intérêts politiques et commerciaux, sont autant d'éléments qui semblent rendre difficile l'obtention d'un consensus. Il est par conséquent de plus en plus urgent de définir une orientation pour l'industrie mondiale des biocarburants qui soit à même de soutenir le développement durable », affirme Annie Dufey, auteur d'un nouveau rapport sur les biocarburants.

Le rapport, publié par l'Institut international pour l'environnement et le développement, est consacré aux avantages sociaux, économiques et environnementaux potentiels des biocarburants, mais également au tort qu'ils pourraient causer dans les pays en développement.

Les biocarburants sont des combustibles liquides fabriqués à partir de « cultures énergétiques » de types oléagineux ou féculents telles que la canne à sucre, le maïs et le soja. L'UE investit actuellement dans des travaux de recherche qui permettront de développer des biocarburants de deuxième génération - dérivés de gaz et de la biomasse - pour en faire des solutions de substitution aux hydrocarbures qui soient concurrentielles.

Mme Dufey craint qu'une hausse de la demande de biocarburants de première génération dans les pays industrialisés ait des incidences négatives sur les pays en développement. À titre d'exemple, les Pays-Bas devraient importer 80 % des charges d'alimentation nécessaires afin de réaliser l'objectif ambitieux qu'ils se sont fixé dans le domaine des biocarburants.

« Le développement rapide des biocarburants a été encouragé non seulement par les cours élevés qu'atteint le pétrole à l'heure actuelle, mais aussi en grande partie par la promesse d'une baisse des émissions de gaz à effet de serre. Les bénéfices environnementaux pourraient toutefois être réduits à néant si l'expansion du secteur entraînait une plus forte déforestation », commente Mme Dufey. « Les bénéfices au niveau du développement pourraient également être perdus si le choix des cultures venait à engendrer une concurrence autour des ressources en eau ou des terres dédiées aux cultures vivrières », écrit-elle. Les autres problèmes potentiels sont la monoculture, la dégradation des sols et la pollution de l'eau.

Sur une note plus positive, les biocarburants ont le pouvoir de réduire les émissions de gaz à effet de serre ainsi que celles de substances toxiques telles que le monoxyde de carbone, les particules et les sulfates.

L'auteur du rapport appelle les pays industrialisés à analyser les impacts mondiaux de leurs politiques nationales en matière de biocarburants et d'accorder une attention particulière au développement durable des pays en développement. Quant à ces derniers, Mme Dufey leur conseille de saisir les opportunités dès qu'elles se présentent, mais d'être conscients des coûts associés au marché des biocarburants et d'identifier ceux qui correspondent le mieux à leurs objectifs de développement durable.

Les biocarburants ont fait l'objet de débats lors d'une conférence internationale consacrée aux énergies renouvelables qui s'est tenue à Bruxelles du 29 au 31 janvier dans le cadre de la Semaine européenne de l'énergie durable.

canardos
 
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Message par canardos » 12 Fév 2007, 12:41

a écrit :

7 février 2007

[center]L’huile de palme, un cauchemar écologique[/center]

(Agence Science-Presse) -


Il y a quelques années, les politiciens et les groupes écologistes des Pays Bas se félicitaient de l’adoption rapide d’une énergie verte et durable par leurs compagnies électriques : l’huile de palme provenant de l’Asie du sud-est. Mais le rêve vert s’est transformé en cauchemar écologique.

L’équation mathématique qui avait tant enthousiasmé les Néerlandais est la suivante: puisque les biocombustibles sont dérivés des plantes, ils absorbent du carbone durant leur croissance et en relâchent dans l’atmosphère lorsqu’ils brûlent. En théorie, les émissions de gaz à effet de serre sont nulles. Mais la réalité est bien différente.

L’an passé, quand des scientifiques examinèrent les plantations de palmiers en Indonésie et en Malaisie, ils devinrent inquiets. La demande croissante pour l’huile de palme en Europe, suite aux subventions allouées à ceux qui se convertissaient à cette énergie propre, a entraîné le déboisement de grandes étendues de forêt équatoriale en Asie du sud-est. Des terres de tourbe furent drainées et brûlées pour faire place à toujours plus de plantations de palmiers. Des quantités importantes d’émissions de dioxyde de carbone furent rejetées dans l’atmosphère.
L’Indonésie est ainsi devenu en peu de temps, le troisième plus important producteur d’émissions de carbone après les États-Unis et la Chine. Tout ça, au nom de l’énergie durable. Beau paradoxe. «Ce constat est choquant et annule toutes les bonnes raisons qui nous ont fait choisir l’huile de palme », indique Alex Kaat, porte-parole de Wetlands, un groupe écologiste hollandais. Selon les études de certains scientifiques, la production de biocombustible, longtemps considérée comme la pierre angulaire pour l’adoption d’une énergie propre, pourrait parfois créer plus d’émissions dangereuses que les combustibles fossiles.

Les politiciens de plusieurs pays s’interrogent maintenant sur la pertinence des millions de dollars de subventions qu’ils ont accordés aux industries pour se convertir à ce combustible supposément écologique. La directive prise en 2003 par l’Union européenne, qui prévoyait que 5,75% des véhicules devraient rouler au biocombustible d’ici 2010, est pour l’instant sur la sellette.

«Si le biocombustible est produit correctement, vous pouvez réduire les émissions de carbone », explique Peder Jensen, de l’Agence européenne d’environnement, à Copenhague. « Cela dépend du type de plante utilisé et de la manière qu’elle est cultivée. Vous pouvez réduire les émissions de 90% par rapport aux combustibles fossiles ou les augmenter de 20%.»

Aux États-Unis et au Brésil, la plupart du biocarburant provient de l’éthanol, fait à partir du maïs aux États-Unis et du sucre au Brésil. En Europe, les huiles de canola et de tournesol sont utilisées. Mais la production locale de plante est insuffisante pour subvenir aux besoins énergétiques des pays européens qui ont décidé d’importer de l’huile de palme.

Le gouvernement hollandais a suspendu son programme de subventions offert aux nouveaux utilisateurs d’huile de palme. Il veut maintenant développer un système lui permettant de certifier les pays qui produisent l’huile de palme de manière responsable. Le ministre de l’environnement a aussi annoncé qu’il paierait une compensation aux Indonésiens pour les dommages que la production de l’huile de palme a pu causer à leur pays.

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Message par canardos » 23 Mars 2007, 13:45

contrairement au titre de cet article, la production de biocarburant fait flamber les prix alimentaires, notamment au mexique, ou la tortilla a augmenté de 100% et le fait de consacrer 55 millions de tonnes de mais rien qu'aux Etats Unis pour les biocarburants, et beaucoup plus demain, est en train de creer une pénurie alimentaire mondiale dont les plus pauvres seront les principales victimes....

c'est l'opération "essence contre nourriture"....


a écrit :

vendredi 23 mars 2007,

[center]La soif d'éthanol dope les prix agricoles mais pas alimentaires [/center]

Par Véronique DUPONT
PARIS (AFP) -

L'engouement mondial pour le bioéthanol a provoqué une envolée du prix du maïs qui se répercute sur les cours des denrées alimentaires, mais ne devrait pas se ressentir sur les prix de la nourriture, à de rares exceptions près comme celle de la tortilla au Mexique.

"Les biocarburants ont redéfini les prix agricoles", et devraient dans ce domaine avoir un impact important dans les quatre ou cinq ans à venir, estime Abdolreza Abbassian, de l'agence des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO).

En un an, les cours du maïs ont doublé, atteignant plus de 4 dollars le boisseau, dopés par la demande d'éthanol et une récolte médiocre.

Depuis 2002, la production d'éthanol aux Etats-Unis augmente de 20% par an. Le premier producteur et exportateur au monde de maïs cherche à diminuer sa dépendance aux hydrocarbures et entend consacrer désormais 25% de son maïs à l'éthanol.

Environ un cinquième de la production américaine l'an dernier, soit 55 millions de tonnes de maïs, ont ainsi été transformées en éthanol.

Les éthanols sont issus du maïs, du blé mais aussi encore de la betterave ou canne à sucre. Le procédé consiste à en extraire le sucre, pour le faire ensuite fermenter. La combustion ultérieure du biocarburant obtenu, mélangé à de l'essence classique, est censée réduire de 60% les rejets de CO2.

La hausse du prix du maïs se répercute sur d'autres denrées alimentaires, car elle encourage les fermiers à cultiver du maïs au détriment du soja, du blé, du coton, entre autres, soulignent les experts.

Au Mexique, l'envolée des cours du maïs a fait grimper en quelques mois de 40% à 100% le prix de la tortilla, base de l'alimentation de 50 millions de Mexicains, et d'après Joe Victor, analyste chez Allendale, elle a aussi entraîné une hausse de plus de 10% du prix des oeufs.

Les industries pétrolières en ont fait l'un de leurs arguments pour défendre leur pré carré.

Toutefois, selon Philippe Chalmin, professeur d'économie à Paris Dauphine, "il y a de moins en moins de liaison entre les prix agricoles et ceux des aliments" car les produits consommés proviennent de plus en plus des industries de transformation.

"La part du blé dans le pain ne représente que 4% du prix final du pain", renchérit-on à l'Association générale des producteurs de blé (AGPB).

L'envolée du prix du maïs, l'une des principales nourritures animalières, se répercute en revanche largement sur la filière agricole, notamment sur les marges des éleveurs.

Alain d'Anselme, président de l'Association pour le développement des carburants agricoles, fait aussi valoir que la hausse du prix de certaines matières alimentaires pourrait stimuler leur production dans des pays en développement qui, jusqu'alors, ne pouvaient concurrencer l'agriculture subventionnée des pays développés. Ce qui pourrait rééquilibrer l'offre et la demande.

L'AGPB met aussi en avant qu'"on a en France 1,2 million d'hectares de terres en jachère", qui peuvent permettre "de satisfaire l'approvisionnement des usines de biocarburants sans provoquer de tensions sur les marchés alimentaires".

Au niveau mondial, Philippe Chalminil estime toutefois qu'il n'y a pas de réserves de surfaces agricoles et que le fait d'avoir consacré l'an dernier 55 millions de tonnes de maïs à la production d'éthanol aux Etats-Unis est "absurde".

L'efficacité environnementale du bioéthanol à base de maïs est en outre contestée car sa production nécessite beaucoup d'eau et de pétrole, et son efficacité énergétique est moindre que celle de l'essence classique, affirment ses détracteurs.



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Message par canardos » 03 Avr 2007, 15:01

voila un interview qui montre que le détournement d'une partie de l'agriculture mondiale vers la production de biocarburants se fera au détriment de la production alimentaire et des plus pauvres qui verront monter les prix et souffriront de disettes et de famines....

le nouveau slogan des verts sera "mettez du carburant vert dans votre voiture, c'est autant que les indiens n'auront pas!"

a écrit :

Michel Griffon, responsable du département Ecosystèmes et développement durable à l'Agence nationale pour la recherche

[center]"Une compétition entre cultures alimentaires et énergétiques"[/center]

LE MONDE ECONOMIE | 02.04.07 |

Les besoins en carburant issu de la biomasse risquent-ils d'être assouvis aux dépens des besoins alimentaires ?

La population mondiale devrait atteindre un maximum, avant de régresser, en 2050. Pour nourrir alors 9 milliards de personnes, il faudra doubler la production agricole. Mais l'agriculture mondiale ne pourra assurer à la fois l'alimentation, la production en carburant et la préservation de la biodiversité.

Pourquoi ?

On pense que la planète est assez vaste et la marge de progression des rendements suffisante pour couvrir tous les besoins. Même si Malthus a eu finalement tort (ndlr : en prévoyant que la planète ne pourrait pas nourrir l'accroissement de la population au XIXe siècle), il faut tout de même savoir que les conditions climatiques, la nature des sols, la présence d'eau, la durée des périodes de moisson, rendent inégales les performances des terres cultivables selon les continents. Lorsqu'elles sont encore disponibles ! Aujourd'hui 75 % des terres cultivables sont déjà utilisées en Asie, 87 % en Afrique du Nord et de l'Ouest, 53 % en Russie, 44 % en Europe, en Amérique du Nord et au Japon. En revanche, il existe d'importantes marges de manoeuvre en Amérique latine (19 %) et en Afrique subsaharienne (22 %). Mais ce serait au prix de la déforestation de l'Amazonie et du bassin du Congo ! Au total, la montée des biocarburants va se traduire par une compétition pour la terre entre cultures alimentaires et cultures énergétiques. La rareté de l'énergie risque de créer une rareté alimentaire. Du moins pour les dix à quinze prochaines années, le temps que soient mises au point des espèces végétales dédiées à la production de biocarburants, ou encore des technologies permettant de traiter l'ensemble de la biomasse, ce qui allégera d'autant la pression sur les cultures alimentaires.


En attendant, quelles seront les évolutions majeures à attendre en matière agricole ?

Tout d'abord, la montée des prix, que l'on observe déjà pour le maïs, peut être à la fois une chance et un problème. Un problème pour les 200 millions de personnes sous-alimentées, dont la plupart vivent dans les zones urbaines ; une chance pour les 2,5 milliards d'agriculteurs pauvres, qui peuvent bénéficier d'un effet de richesse, non sans conséquences positives pour la croissance mondiale. Mais la volatilité des prix peut modifier en permanence les arbitrages entre marchés alimentaire et énergétique, ce qui nécessite une intervention accrue des Etats. Le gouvernement indien a ainsi, à l'inverse de ses homologues malaisien ou indonésien, renoncé à créer une filière biocarburants à base d'huile de palme, car cela aurait fait monter les prix de cette huile indispensable à la friture des aliments, le meilleur antibactérien dans les pays d'Asie du Sud et du Sud-Est.

Une hausse des prix modifierait aussi la donne des négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) : les prix pourraient se rapprocher des coûts de production de l'agriculture euro-américaine, ce qui ne justifierait plus les subventions, et permettrait en échange de débloquer les discussions sur la libéralisation des services. Mais on peut craindre aussi que le Nord ne taxe les biocarburants du Sud pour protéger, à nouveau, ses agriculteurs.


Qui seront, géographiquement, les gagnants et les perdants de ces évolutions ?

Les zones tropicales humides, qui bénéficient d'une production en continu, de coûts de production peu élevés et de terres disponibles, seront plus compétitives que nos zones tempérées. Si le Brésil, grâce à son agro-business, peut en tirer parti, c'est beaucoup moins sûr pour l'Afrique. D'autant que les grandes firmes pétrolières vont se lancer dans une course à la terre, pour créer ex-nihilo des plantations qui ne profiteront pas forcément aux agriculteurs africains de base, sauf à organiser ces derniers comme on l'a fait pour le coton. Et à plus long terme, le changement climatique pourrait modifier la donne, en permettant la mise en exploitation des terres en Russie, Chine du Nord et dans le nord du Canada, alors que le Brésil et l'Afrique souffriront de sécheresse ! Les Canadiens s'y préparent déjà.



Propos recueillis par Antoine Reverchon

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CV

2005
Michel Griffon dirige le département Ecosystèmes et développement durable à l'Agence nationale pour la recherche, et préside le Comité scientifique et technique du Fonds français pour l'environnement mondial.

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Message par canardos » 29 Avr 2007, 06:47

ça se confirme, les biocarburants se developpent au détriment des cultures alimentaires et sont en train de faire flamber les prix en appauvrissant et en affamant les populations des pays pauvres....

dans actualités news environnement:

a écrit :

[center]Bioéthanol : 200 kg de maïs pour remplir votre réservoir ![/center]

- 28 avril 2007 (Par Salim A. Bourras)


Grâce à la hausse des prix du pétrole et à l’augmentation des subventions gouvernementales pour les énergies alternatives, l’éthanol est devenu le biocarburant le plus en vogue aux Etats-Unis et en Europe. Fin 2006, pas moins de 110 raffineries d’éthanol étaient en activité aux Etats-Unis, et une centaine devrait voir le jour dans les 18 prochains mois, annonce la Renewable Fuels Association.

Selon les estimations, et si tous ces projets arrivent à terme, la capacité de production d’éthanol des Etats-Unis dépassera les 42 millions de litres par an en 2008. Lors de son dernier State of the Union (Etat de l’Union), le président George W. Bush annonçait 130 millions de litres de carburants renouvelables par an d’ici 2017, soit plus de cinq fois les niveaux de production actuels.


En Europe les biocarburants sont revenus sur le devant de la scène en 2003. En effet, c'est à cette date que deux directives européennes ont défini un cadre et des objectifs d'utilisation. La première, du 8 mai 2003, a permis de fixer des objectifs indicatifs d’incorporation dans les carburants d’origine fossile. De 2 % en 2005, le taux devra passer à 5,75 % dès 2010. D'après la réglementation européenne actuelle, les biocarburants peuvent être déjà utilisés en mélange à hauteur maximum de 5 % de biodiesel dans le gazole et de 5 % d'éthanol ou de 15 % d'ETBE dans l'essence, sans nécessité de le mentionner. La seconde mesure, du 27 octobre 2003, vise à permettre une défiscalisation de ces biocarburants incorporés.

Dans le monde, les principaux producteurs de Bioéthanol sont les Etats-Unis (près de 200 millions d’hectolitres en 2006) et le Brésil (près 170 millions d’hectolitres en 2006). Ces deux pays sont par ailleurs des « modèles » d’agriculture industrielle, très mécanisée et tournée vers la monoculture, l’intensification et les biotechnologies modernes. En 2006, la production mondiale de bioéthanol dépassait 497 millions d'hectolitres (MhL). Le Brésil et les Etats-Unis en assuraient à eux seuls près des trois quarts.

Ce boom du bioéthanol s’appui sur une industrie fortement dépendante des millions de dollars de subventions de l’Etat, et donc de l’argent du contribuable, et pas seulement qu’aux Etats-Unis. Selon certaines estimations, la production d’éthanol devrait représenter la moitié du maïs consommé aux Etats-Unis d’ici quelques années. La demande de maïs pour l’éthanol devrait réduire sensiblement les approvisionnements domestiques en 2007 au point que des Etats, tels que l’Iowa, ne puisse plus être autosuffisants. Rappelons que la saison agricole 2006 à été la troisième saison la plus productive en maïs, avec des niveaux jamais atteint depuis 1995.

Cette demande énorme pour l’industrie de l’éthanol retenti comme une onde de choc à travers tout le système alimentaire planétaire. Les Etats-Unis assure 40 pour cent de la production mondiale de maïs et plus de la moitié de toutes ses exportations. En mars 2007, son prix a dépassé les 170 dollars la tonne, son niveau le plus élevé en 10 ans. Les prix du blé et du riz sont eux aussi revus à la hausse, car ces deux denrées qui se substituent plus largement aux maïs, sont de moins en moins plantées par les agriculteurs qui décident de se tourner vers la plante carburant, plus lucrative. Ainsi, on assiste à une expansion du maïs au dépend des autres plantes alimentaires.

Selon Mark Rosegrant, directeur à l’International Food Policy Research Institute, et ses collègues, le maintient à des niveaux élevés des prix du pétrole conforte l’augmentation de ceux du maïs. Selon leurs estimations ils devraient rapidement augmenter de 20 pour cent d’ici 2010 et de 41 pour cent d’ici 2020. Le prix des gaines oléagineuses telles que le soja et le tournesol devrait augmenter de 26 pour cent d’ici 2010 et de 76 pour cent d’ici 2020. Pour le blé l’augmentation devrait être de 11 pour cent d’ici 2010 et de 30 pour cent d’ici 2020.

Pour les cultivateurs de maïs, ceci devrait ressembler au nirvana, mais pour les consommateurs, notamment dans les pays pauvres, ils vont subir une double crise due à l’augmentation conjointe des prix des aliments et de l’énergie. Selon les estimations de la Banque Mondiale, en 2001, plus de 2.7 milliards de personnes vivaient avec moins de 2 dollars par jour ; pour eux, une augmentation même marginale des prix des denrées alimentaires de base pourrait avoir un effet dévastateur. Pour donner une idée : remplir une réservoir de 90 litres par de l’éthanol nécessite 200 kg de maïs, soit de quoi produire assez de calories pour alimenter une personne pendant toute une année.

Le boom de l’éthanol sera synonyme d’augmentation des prix des aliments à travers le monde, de pauvreté et d’insécurité alimentaire. Le maïs étant une plante largement exploitée dans le transgénique, l’augmentation des superficies est aussi synonyme de plus d’OGM disséminés dans la nature. Au Canada par exemple, « le maïs représentent environ 85 % des OGM plantés au Québec, cela signifie encore plus d´OGM et plus de monoculture. Et le gouvernement fédéral continue à encourager l´éthanol-maïs » peut on lire sur greenpeace.ca. L’expansion du bioéthanol est peut aussi être synonyme de risques sanitaires. En effet, une récente étude dirigée par le professeur Mark Z. Jacobson, révèle que le bioéthanol présente autant de risques sanitaires et de pollution que l’essence. Ce carburant dit vert, pourrait être à l’origine d’une augmentation des pathologies respiratoires aux Etats-Unis, remettant en en cause l’innocuité de cette nouvelle source d’énergie présentée comme une révolution écologique.

canardos
 
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Message par Crockette » 29 Avr 2007, 16:59

encore une démonstartion évidente que les subventions jouent un rôle détourné; en fait Bové a raison sur ce problème de scultures : la concurrence devrait être abolie au profit du développement de la culture locale, vivrière dans chaque pays.

De plus la concurrence + les subventions à l'export détournent l'agriculture de sa finalité : nourrir des êtres humains et pas remplir les poches des gros exploitants.

le biocarburant c'est la plus grande farce écologique jamais organisée à l'échelle planétaire...
Crockette
 

Message par canardos » 01 Mai 2007, 17:21

remplacer la concurrence, oui, mais pas par l'autosuffisance alimentaire de chaque pays, version nationaliste du chacun pour soi, la "souveraineté alimentaire" pour reprendre le terme de la mission qu' a confié Royal à Bové, mais par la planification mondiale de la production agricole en fonction en fonction des besoins de la population avec bien sur la priorité à la production vivrière et la protection de l'environnement.

c'est seulement quand les besoins alimentaires de l'ensemble de la population seraient totalement satisfaits quantitativement et qualitativement qu'on pourrait envisager l'utilisation d'éventuels excedents pour des cultures non vivrières....
canardos
 
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Message par canardos » 14 Mai 2007, 14:51

a écrit :

[center]La bataille des biocarburants[/center]

par Gaëlle Dupont

LE MONDE | 14.05.07 |

Jusqu'à une date récente, les promoteurs des biocarburants n'avaient rencontré qu'un seul véritable obstacle : l'opposition des groupes pétroliers, peu désireux de voir leur monopole remis en question. Quelques voix avaient attiré l'attention sur de possibles dérèglements économiques et écologiques liés à la production massive de carburants issus de la canne à sucre, du maïs ou de la betterave (destinés à la fabrication de l'éthanol) et du palmier à huile, du soja, du colza, ou du tournesol (pour le biodiesel). Mais elles étaient isolées et peu audibles, au milieu des applaudissements saluant l'émergence de substituts "propres" au pétrole.

Cette époque est révolue. De nombreuses mises en garde viennent de tous les horizons. Le plus célèbre représentant de ce front est Fidel Castro. Depuis la signature fin mars d'un accord de coopération et de promotion des biocarburants entre les Etats-Unis et le Brésil, le dirigeant cubain ne cesse de s'élever contre "l'idée sinistre de convertir les aliments en combustibles", qui pourrait conduire à la "mort prématurée de milliards de personnes" par la famine.

Au même moment, George Monbiot, éditorialiste au Guardian, appelle à un moratoire de cinq ans, évoquant un "désastre écologique et humanitaire" à venir. Il existe désormais une coalition européenne baptisée "biofuelwatch", qui réclame l'abandon des objectifs fixés par l'Union européenne (10 % de carburants d'origine végétale dans les réservoirs d'ici à 2020). "Cette cible va favoriser des variétés aux rendements énergétiques faibles, déclencher de la déforestation et des pertes de biodiversité et exacerber les conflits locaux liés à l'usage du sol", écrivent les écologistes, qui ne parlent plus désormais que d'"agrocarburants".

Quel contraste avec l'enthousiasme qui prévalait jusqu'à présent ! Des biocarburants, on ne voyait alors que les avantages : réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), de la dépendance énergétique... et nouveau débouché pour les agriculteurs en quête d'une image plus verte. En France, la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, a été le plus ardent promoteur des biocarburants. Ce qui explique le volontarisme du gouvernement, qui a fixé des objectifs plus élevés que ceux de l'UE. Le président élu Nicolas Sarkozy a promis de poursuivre cette politique.

En fait, les biocarburants permettent aux élus des pays riches d'éviter d'aborder de front une question périlleuse : l'augmentation vertigineuse des émissions de GES liées aux transports et l'efficacité des déplacements des personnes et des marchandises. Un appui politique sans réserve a ancré dans les esprits l'idée que ces nouveaux carburants allaient se substituer sans dommage à l'essence et au diesel.

Or rien n'est plus faux. Tout d'abord, leur rendement énergétique est inégal. Les seules plantes véritablement performantes poussent sous les tropiques : canne à sucre pour l'éthanol, palmier à huile pour le biodiesel. Le rendement de la canne est deux fois supérieur à celui du maïs. Les méthodes de culture sont contestées. "Il serait économiquement absurde de consacrer beaucoup d'énergie à travers l'usage intensif d'engrais pour produire de l'énergie, souligne Michel Griffon, responsable du département agriculture et développement durable de l'Agence nationale de la recherche. En effet les engrais azotés sont essentiellement issus du gaz naturel, dont les prix vont augmenter. Les phosphates sont des roches fossiles et leur mise à disposition dans les exploitations agricoles représente un coût important de transport."

Les ingénieurs agronomes redoutent une course à la terre entre les "quatre F" pour Food (alimentation humaine), Feed (alimentation animale), Fiber (textile), Fuel (carburants). Alors que les biocarburants représentent moins de 1 % de l'énergie produite dans le monde, leur influence sur les cours des matières premières agricoles se fait déjà sentir. Or de nombreux pays ont fixé des objectifs de développement ambitieux pour les années à venir. "Il faudrait deux planètes pour remplir les estomacs, remplir les réservoirs et préserver l'avenir de la biodiversité", résume M. Griffon.

"POLITIQUE FOLLE"

Les forêts tropicales et les zones humides, principaux réservoirs de biodiversité, sont en première ligne. L'expansion de la culture de la canne à sucre dans le centre-ouest du Brésil aboutirait ainsi à déplacer les cultures de soja et les pâturages vers les terres occupées par la forêt amazonienne. Un raisonnement rejeté par Marcos Jank, président de l'Institut brésilien des études commerciales et des négociations internationales. "L'espace disponible au Brésil est considérable, et la production est encore peu intensive, affirme M. Jank. On passe de systèmes de culture dominés par l'élevage et le soja à des systèmes diversifiés, où la canne entre dans les rotations." "La déforestation est davantage liée aux coupes illégales et au régime de propriété foncière", ajoute M. Jank. Le gouvernement brésilien conteste également les critiques.

Les dommages sur la forêt du Sud-Est asiatique ont commencé. Les forêts primaires d'Indonésie et de Malaisie partent en fumée pour laisser la place à des plantations de palmier à huile. Or les cours sont dopés par la demande européenne liée au développement des biocarburants tirés du colza, dont l'huile de palme est un substitut. La perte de biodiversité est immense, et de précieux puits de carbone sont supprimés.

L'environnement des pays riches pourrait également souffrir. "Aux Etats-Unis, les cultures de maïs pour l'éthanol progressent vers l'ouest, grâce à l'utilisation d'eau prélevée sur un aquifère fossile, relève Ronald Steenblik, directeur de recherche à l'institut américain Global Subsidies Initiative. Les engrais, les pesticides, l'érosion progressent avec elles. C'est une politique folle, chère, et mauvaise pour l'environnement."

En Europe, l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) a dressé la liste des précautions indispensables pour concilier cultures énergétiques et protection de l'environnement (maintien de zones en jachère, conversion de 30 % des terres en agriculture biologique). La Commission européenne a lancé, le 30 avril, une consultation publique sur les moyens de garantir la "viabilité environnementale" des biocarburants, afin de préparer une proposition de directive-cadre sur les énergies renouvelables. Elle le fait seulement après avoir fixé un objectif chiffré contraignant.

L'émergence de biocarburants de deuxième génération, à la fois plus productifs et respectueux de l'environnement, est souvent avancée comme réponse à ces inquiétudes. Mais elle ne pourra aboutir avant une ou deux décennies. Dans l'intervalle, les dégâts sur la biodiversité pourraient être importants, et ils ne seront pas réparables.

Gaëlle Dupont

canardos
 
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Message par canardos » 06 Juin 2007, 14:47

a écrit :

[center]Les biocarburants contestés[/center]

LE MONDE POUR MATINPLUS | 05.06.07 |

Depuis la mise en place d'un plan de développement des biocarburants par la France, en 2005, les agriculteurs de l'Hexagone ne jurent plus que par ce nouveau débouché. Son essor a, pour la profession, un avantage de taille : dégager un horizon obscurci par les perspectives de diminution des subventions européennes à l'agriculture. Au risque, parfois, de rendre les responsables agricoles sourds aux débats suscités par les biocarburants en matière de coût, de manque de compétitivité (comparé à la canne à sucre brésilienne), de concurrence avec la production alimentaire, de risques pour l'environnement...

Les biocarburants font désormais l'objet d'un débat très vif, au point que les écologistes ne parlent plus que d'"agrocarburants", le préfixe "bio" pouvant être confondu avec celui de l'agriculture biologique, laissant penser que les carburants d'origine végétale protègent l'environnement, ce qui est de plus en plus contesté. L'Europe a procédé à une consultations sur le thème de la "viabilité environnementale" des biocarburants. Selon l'Agence européenne de l'environnement, plusieurs précautions doivent accompagner leur développement, comme le maintien de 3 % des terres en jachère, la conversion de 30 % des surfaces à une agriculture respectueuse de l'environnement d'ici à 2030, ou l'adaptation des variétés afin de diminuer l'érosion des sols et l'apport de produits chimiques.

Jusqu'à une date récente, les promoteurs des biocarburants n'avaient pour adversaires que les grands groupes pétroliers, inquiets pour leur monopole de fournisseurs de carburants. Les transports, qui représentent globalement 26 % des émissions de gaz à effet de serre, dépendent à 98 % des combustibles fossiles.

Les agriculteurs ont malgré tout réussi à convaincre les pouvoirs publics de l'intérêt des biocarburants. La France s'est fixé des objectifs d'incorporation de carburants végétaux, dans le gazole (diesel) ou l'essence, de 10 % d'ici à 2015, un chiffre plus élevé que la cible retenue à l'échelle européenne (5,75 % en 2010). Il en existe deux types : le biodiesel, fabriqué à partir d'oléagineux (tournesol, colza, soja, palme, arachide) et l'éthanol, qui provient de la canne à sucre, de la betterave à sucre ou du maïs.

Pour les pays européens, la production de biocarburants, outre le nouveau débouché offert aux agriculteurs, présente un autre avantage : une moindre dépendance à l'égard du pétrole. Sur le plan environnemental, ils sont censés favoriser la diminution des émissions de gaz à effet de serre : l'absorption du gaz carbonique (CO2) par la plante, pendant sa pousse, compenserait l'émission du même CO2 par la combustion des biocarburants. En fait, le bilan global varie selon les plantes, les régions du monde et les méthodes de culture, et doit prendre en compte les émissions "du champ à la roue", en comptabilisant les émissions liées à l'utilisation d'engrais, au transport, à la transformation des produits...

Les écologistes dénoncent aussi l'impact sur la biodiversité. Aujourd'hui, les biocarburants ne représentent que 1 % de la consommation mondiale des transports routiers. Mais les effets de leur développement se font déjà fortement sentir. Sur les cours du maïs ou du soja, dopés par la demande, et sur les surfaces cultivables disponibles. "Il faudrait deux planètes pour remplir les estomacs, remplir les réservoirs, et préserver l'avenir de la biodiversité", résume Michel Griffon, responsable du département agriculture et développement durable de l'Agence nationale de la recherche.

En Asie du Sud-Est, des forêts tropicales humides sont détruites pour laisser à la place à des plantations de palmiers à huile, faisant disparaître de précieux "puits de carbone". Au Brésil, les plantations de soja gagnent du terrain sur la forêt amazonienne, "poumon" de la planète. Aux Etats-Unis, les cultures de maïs destinées à la fabrication d'éthanol nécessitent l'exploitation de nappes d'eau fossiles. En Europe, les biocarburants sont cultivés sur des zones autrefois laissées en jachère, utiles au maintien de la biodiversité. Enfin, la culture de ces plantes nécessite l'utilisation d'engrais et de pesticides polluants. Des organisations écologistes européennes réclament aujourd'hui un moratoire, en attendant le développement de biocarburants de deuxième génération, plus performants et respectueux de l'environnement. Mais l'agro-industrie pourra-t-elle attendre une ou deux décennies ?

Gaëlle Dupont



a écrit :

[center]2 millions d'hectares en 2010[/center]

LEMONDE.FR | 05.06.07 |

En 2006, sur 13 millions d'hectares cultivés en France, 750 000 étaient déjà consacrés aux cultures énergétiques. Un chiffre qui devrait passer à 2 millions dans les trois ans. Partout dans le monde, le développement des biocarburants est sujet à un lobbying appuyé de l'" agroindustrie " auprès des pouvoirs publics, pour qu'ils soutiennent, notamment fiscalement, la naissance de l'activité. Outre un bénéfice en terme d'image, puisque ces carburants permettent, en théorie, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, les biocarburants offrent aux agriculteurs la perspective d'un meilleur revenu.

D'une part, leur développement a déjà un impact positif – du moins pour les producteurs – sur les prix mondiaux des matières premières agricoles. Ils permettent d'autre part de créer de toute pièce un secteur d'activité sur lequel les agriculteurs comptent garder la main, de la production à la transformation. Une façon de conserver la valeur ajoutée au sein de la profession. Ainsi, la plupart des usines en activité ou en construction sont la propriété d'acteurs agricoles (coopératives, négociants, filières).

Exemple précurseur : Diester Industrie, qui appartient à la filière des oléo-protéagineux (colza, tournesol…). Créée en 1993, l'entreprise a décroché huit sites sur les 19 autorisations octroyées par la France pour la production de biodiesel, et devrait être partie prenante dans deux autres. Sur les 3,6 millions de tonnes qui devraient être produites d'ici 2010, plus de 2,3 millions le seront pas Diester Industrie.

L'envol du bioéthanol (à base de blé, de maïs ou de betterave), est plus timide, mais la filière est moins structurée. Plus de 1 million de tonnes seront produites d'ici 2010, réparties sur onze sites. Cette fois encore, les agriculteurs dominent le secteur, avec des acteurs comme les coopératives Tereos, Champagne-Céréales ou Cristal Union.


Laetitia Clavreul


canardos
 
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Message par canardos » 18 Juin 2007, 14:26

a écrit :

[center]Bientôt en France, des cultures énergétiques venues d'ailleurs[/center]


Marc MENNESSIER. Le Figaro,  publié le 18 juin 2007

Rustiques et peu gourmandes, le miscanthus et le switchgrass sont des graminées exotiques entièrement dédiées à la production de biocarburants.


CE SONT de très grandes herbes originaires de Chine et d'Amérique. Cantonnées pour l'instant aux jardins et espaces verts où elles servent de plantes d'ornement, le miscanthus et le switchgrass pourraient devenir demain des cultures énergétiques, dites de deuxième génération, dédiées à la fabrication de carburant automobile ou de combustibles pour chaudières ou microcentrales électriques.


La semaine dernière ces graminées exotiques occupaient la vedette lors des Culturales, le salon professionnel organisé tous les deux ans par Arvalis, l'institut technique de la filière céréalière, qui a réuni 15 000 agriculteurs et professionnels du secteur.


Par rapport aux cultures actuelles dont on n'exploite que la graine (blé, maïs, colza) ou la racine (betterave sucrière) pour fabriquer du bioéthanol (de l'alcool, en fait), incorporé à l'essence jusqu'à 85 %, ou du diester destiné aux moteurs Diesel, les cultures de seconde génération sont utilisées « plante entière ». Feuilles, tiges, graines : tout est bon pour produire de l'éthanol ou du BTL (Biomass to liquid), un substitut du gazole encore à l'étude, obtenu par un traitement thermochimique très proche du raffinage pétrolier. En outre, le miscanthus et le switchgrass sont des cultures énergétiques « dédiées » sans débouchés alimentaires.


« Depuis l'an dernier, nous avons lancé une expérimentation de ces cultures en France pour étudier leur comportement dans nos conditions de sol et de climat et définir des itinéraires techniques que ce soit sur le plan de la fertilisation, du désherbage ou encore du travail du sol », explique Afsaneh Lellahi, responsable des débouchés non alimentaires à Arvalis qui précise que ces travaux n'aboutiront « pas avant 2015. »


Déjà implantée en Grande-Bretagne


Miscanthus sinensis, de son vrai nom, est une plante à rhizome capable de produire plus de 15 tonnes de matière sèche à l'hectare (MS/ha), notamment en Grande-Bretagne où quelques milliers d'hectares ont été implantés pour alimenter une filière de biocombustible. Mais il reste cependant à vérifier que ces rendements élevés peuvent être atteints en France où le climat est globalement plus sec qu'outre-Manche.


Il s'agit d'une plante pérenne, en place pour 15 ans en moyenne, mais qui n'entre en production qu'au bout de la troisième année et dont le coût d'implantation est astronomique, de l'ordre de 3 500 euros par hectare ! De plus en fin de culture, il faut creuser de véritables tranchées pour venir à bout des racines ce qui occasionne de nouveaux frais...


À l'inverse, le miscanthus a l'avantage d'être extrêmement rustique. « Au bout des trois ans, il n'est plus nécessaire de désherber et il n'y a pas de parasite connu à ce jour. Quant aux fertilisants, il en faut très peu voire pas du tout au départ pour éviter de favoriser les mauvaises herbes », souligne Mme Lellahi.


Entre en production dès la première année


Moins productif, avec des rendements compris entre 10 et 15 t de MS/ha, le switchgrass, ou panic érigé (Panicum virgatum), a l'avantage d'entrer en production dès la première année et de se cultiver comme une céréale classique que l'on ne sèmerait toutefois que tous les 10 ou 15 ans. Techniquement, l'adoption de cette culture semble donc a priori plus facile pour les producteurs français, avec une mise de fonds, et donc un risque financier infiniment moindre au départ qu'avec le miscanthus. Très robuste lui aussi, le panic érigé a des besoins nutritifs limités et ne souffre d'aucun parasite. La faculté germinative de ses graines étant très faible, il convient néanmoins de prévoir un désherbage la première année, voire d'éventuels apports d'eau.


Sans préjuger de leur avenir sous nos latitudes, la frugalité de ces deux plantes est incontestablement leur principal atout quand on sait que la fertilisation représente, en moyenne, 56 % de l'énergie consommée pendant le cycle de production du blé, contre 36 % pour les opérations culturales (gazole) et 8 % pour la fabrication des semences et des produits phytosanitaires. Le fait de se passer d'engrais azotés, synthétisés à partir de pétrole, améliorerait donc sensiblement le bilan énergétique de la filière biocarburant.


Aujourd'hui, le rapport entre l'énergie nécessaire pour cultiver une céréale et l'énergie stockée dans la plante entière est de 1 à 13. Il est de 1 à 2 si l'on prend l'énergie contenue dans un litre de bioéthanol. Mais comme le souligne, Afsaneh Lellahi : « Nous disposons de grosses marges de progrès tant sur la partie agricole que sur la partie process industriel. »

canardos
 
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