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[center]Tuberculose : quand le bacille joue à cache-cache[/center]
NOUVELOBS.COM | 26.12.2006 |
La tuberculose est une maladie infectieuse qui tue chaque année près de deux millions de personnes dans le monde tandis que dix millions de nouveaux cas apparaissent. Depuis une vingtaine d’année cette maladie connaît une recrudescence liée à l’apparition de souches résistantes aux traitements, favorisée par la dégradation des conditions sanitaires dans les pays les plus pauvres ainsi que par certaines maladies comme le SIDA ou d’autres immunodéficiences.
Le germe responsable de la maladie, le bacille de koch (Mycobacterium tuberculosis), possède également des propriétés intrinsèques expliquant cette résistance. Ainsi, une équipe de l’Institut Pasteur vient démontrer qu’il a la capacité de se réfugier dans les cellules graisseuses de l’organisme, échappant de la sorte à toute attaque même aux antibiotiques les plus puissants. Plus grave, même en dormance il conserve ses propriétés pathogènes et peut se réveiller de nombreuses années plus tard déclenchant l’apparition de la maladie.
Les chercheurs ont montré dans un premier temps, sur des cultures de cellules et de tissus, le rôle réservoir des cellules adipeuses pour Mycobacterium tuberculosis, et sa résistance par ce biais à l’isoniazide, l’antibiotique le plus utilisé dans le monde pour le traitement de la maladie. Ils ont ensuite vérifié la présence du pathogène dans des cellules adipeuses chez l’homme. Pour cela, ils ont recherché des traces du patrimoine génétique du bacille sur des prélèvements de personnes considérées comme indemnes de la tuberculose. Les analyses ont été faites chez des personnes décédées au Mexique, où la tuberculose est endémique, et à Paris, dans des quartiers où la tuberculose est peu présente. La présence de la bactérie dans divers tissus adipeux a été démontrée chez près d’un quart de ces personnes qui étaient considérées comme saines pour cette maladie, que ce soit au Mexique ou en France.
L’ensemble de ces résultats prouve que le bacille responsable de la tuberculose est capable de rester à l’abri dans le tissu adipeux d’un organisme, là où personne ne peut soupçonner sa présence.
Ces travaux permettent de comprendre comment, de nombreuses années après avoir subi un test tuberculinique positif, des personnes ne présentant plus aucune trace du microbe dans les poumons sont susceptibles de re-déclencher une tuberculose. Ils suggèrent aussi que le traitement à l’isoniazide qui est prescrit à titre préventif, par exemple pour l’entourage des malades, pourrait dans certains cas ne pas suffire à protéger de la maladie. Ce point est particulièrement important pour les personnes immunodéprimées ou atteintes du sida pour lesquelles une double infection avec le bacille de la tuberculose a des conséquences dramatiques.
Enfin, cette découverte s’avère précieuse pour les médecins et pharmaciens qui sont en train de développer de nouvelles thérapies. Pour obtenir des médicaments réellement efficaces, ils savent désormais qu’ils doivent développer des molécules capables de pénétrer au cœur de l’organisme, dans les cellules adipeuses, pour éliminer le germe.
Joël IGNASSE
Sciences et avenir.com
26/12/2006